Procès de l’Erika : le WWF dans la bataille judiciaire
Hier s'est ouvert le procès de l'Erika. Après plus de six ans d’instruction, le groupe Total et 18 autres prévenus (affréteur, armateur, sociétés de classification...) comparaissent en effet devant le tribunal de Paris et ce, jusqu’en juin prochain... Le WWF s'est porté partie civile dans le plus grand procès d’écologie ...
Le WWF-France est donc partie civile. Il est représenté par Maître Alexandre Faro. Il faut dire que les enjeux de ce procès ne manquent pas : déterminer les responsabilités du naufrage – y compris celle d’un des plus gros groupes pétroliers du monde, Total - chiffrer les dommages et mesurer le préjudice écologique. « Nous espérons que ce procès va permettre d’identifier les responsables et de les faire condamner à des peines exemplaires. Je pense que le pollueur doit devenir le payeur et que la notion de préjudice écologique doit être reconnue par le droit français. Notre soif insatiable de pétrole est aussi la principale cause de marée noire », explique Serge Orru, Directeur général du WWF.
Depuis hier et tous les jours pendant la durée du procès, Le WWF propose de suivre les audiences de l’Erika en retrouvant Maître Faro sur son blog : http://www.affaire-erika.org/blog ou en passant pas le site www.wwf.fr
Au-delà de l’Erika il est impératif de lutter contre le dégazage sauvage.
19 000 tonnes de fuel lourd dans la mer, 400 kilomètres de littoral pollué, 77 000 oiseaux mazoutés et un coût écologique estimé à 400 millions d’Euros…Le bilan de l’Erika est traumatisant, mais il faut ne doit pas faire oublier les marées invisibles qui polluent chaque année la Méditerranée. 700 000 à 1 million de tonnes de rejets d’hydrocarbures illégaux sont déversées dans la plus grande indifférence ou presque. En Méditerranée, la pollution est chronique et les enjeux sont permanents. Hélas, on constate que seules les catastrophes font bouger la réglementation. Pourtant, les causes et les solutions sont les mêmes qu’il s’agisse de pollutions chroniques ou accidentelles. « Pour que les pratiques changent, les dégazages sauvages doivent coûter vraiment chers aux armateurs, affréteurs et capitaines. Il faut également mettre en place les conditions pour qu’il soit plus intéressant pour eux de faire traiter leurs résidus de pétrole au port plutôt que de prendre le risque de les rejeter en mer. C’est à dire : renforcer les moyens de surveillance, en particulier satellitaires, alourdir encore les condamnations et surtout, équiper les ports de façon à éviter les pertes de temps pour les navires et garantir un traitement efficace des résidus en aval », indique Denis Ody, responsable du programme Océan et Cote du WWF-France.
Les marées noires les plus importantes*
Prestige/ 2002/ Cap du Finisterre/ bateau battant pavillon des Bahamas/ Pétrole transporté 77 000 T Erika/1999/Golfe de Gascogne-France/ bateau battant pavillon de Malte/pétrole transporté 31 000 T et 20 000 T déversées Haven/1991/Gênes Italie/bateau battant pavillon de Chypre/ Pétrole transporté 144 000 T et 133 000 tonnes déversées Exxon Valdez/1989/Détroit de Prince William – Alaska USA/ bateau battant pavillon des USA/Pétrole transporté 180 000 T et 40 000 T déversées. Atlantic Empress /1979/Tobago/bateau battant pavillon de Grèce/ Pétrole transporté et 276 000 tonnes déversées. Amoco Cadiz /1978/Bretagne Portsall/bateau battant pavillon du Libéria/ Pétrole transporté et 227 000 tonnes déversées Torrey Canyon/1967/Iles Scilly – GB/ bateau battant pavillon du Libéria/pétrole transporté et 120 000 tonnes déversées. |
* Source : Dictionnaires des risques, 2003, Armand Colin
La Grande Bleue représente seulement 1% des mers et des océans du monde, mais compte près d’un tiers du trafic mondial des pétroliers. Compte tenu de la fragilité de ses écosystèmes et de la densité de son trafic maritime, le WWF concentre ses moyens pour lutter contre la pollution en Méditerranée. C’est pourquoi, en marge de sa plainte dans le procès de l’Erika, le WWF va engager pendant deux ans un programme de lutte contre les dégazages sauvages.
« Il n’y a pas de fatalité aux dégazages sauvages ou à la tragédie des marées noires », conclut Serge Orru, du WWF-France.
Pour en savoir plus, lire le Rapport WWF « Dégazage en Méditerranée » sur http://www.wwf.fr/ / mission : Océans et côtes.