Presses à balles : le Micmac n’est pas de mise…
La famille Scotuzzi débute son histoire industrielle dans le métal, il y a cinq générations. : Angelo, le créateur a transmis à Giacomo, lequel a cédé le fauteuil à Libero, qui a développé l’entreprise et construit les premières machines agricoles (avec, ce qui était nouveau à l’époque, assistance et réparations possibles du matériel vendu).
Une histoire de familles
Au cours des années 60, Amos, Angelo, Giacomo et Giuseppe Scotuzzi transfèrent l’activité à Milan et fondent la société M.A.C. Trois ans plus tard, l’entreprise construit la première presse à balles et un broyeur jugé innovant à l’époque, spécifiquement pour le papier.
Le temps passe, la récupération s’industrialise pour devenir le recyclage. Un excellent mobile pour que la famille ajoute une corde à son arc…
En 1971, l’entreprise réalise la première presse à balles automatique et présente cette machine à la foire de Milan ; trois ans plus tard, le succès l’oblige à s’installer dans un bâtiment de 3 000 m². 1986 : le recyclage et le traitement des déchets explosent, se modernisent et s’industrialisent ; M.A.C devient MacPresse et s’installe sur un terrain de 170 000 m², disposant désormais de 17 000 m² de bâtis couverts. Elle vend dans 35 pays… la France compte parmi ceux-ci : en 1990, la société italienne confie le marché français à Georges Gachet, dirigeant de la société CMDP, laquelle a formé des hommes de confiance connaissant la technique sur le bout des doigts et intégré le fils, Brice.
Les années passent, encore. Georges prend de l’âge et cède son entreprise début février 2011, tout en s’assurant que ses proches, son fils Brice et sa belle-fille Stéphanie, associés au devenir de l'entreprise, gardent leur emploi au sein de la société, tandis que les équipes techniques sont soudées et parfaitement rodées. MacPresse accepte bien volontiers de poursuivre la collaboration avec la CMDP et son nouveau propriétaire.
Les problèmes ne tardent pas à pointer au portillon : « nous avons déploré un mauvais service avec les clients lesquels se plaignaient régulièrement, des retards de paiement et des menaces de dépôt de bilan », raconte Angelo Scotuzzi. « Malgré des demandes de reprise en mains et une aide technique fournie par notre entreprise, rien n’a évolué de façon satisfaisante, ce qui a abouti à une rupture du contrat pour absence de service après ventes et non paiement des factures qui nous étaient dues de par les ventes de machines, lesquelles accusaient un retard d’un an pour les plus anciennes. Le 13 janvier 2012, nous avons retiré le droit à la CMDP de vendre notre matériel et le 1er février, la rupture était effective », ajoute, avec regret, le dirigeant italien qui indique avoir perdu plusieurs centaines de milliers d’euros en un an à peine.
En mars 2012, la CMDP déposait le bilan ; des recours judiciaires, encore en cours, sont mis en oeuvre par le repreneur de la CMDP à l'encontre du fournisseur italien, et inversement. Mais MacPresse, qui ne veut pas perdre le marché français en raison de ces démêlés, réorganise, indépendamment de ces soucis de procédures, sa politique commerciale.
Pas question de Gachet le marché français
Le 30 mai de la même année, naissait Mac Environnement ; la jeune société est dirigée par Stéphanie Gachet qui détient 70% des parts. Vincent Del Fiol (qui affiche à son compteur 21 ans d’ancienneté aux côtés de Georges Gachet), Laurent Catherine et Guillaume Recounergue, des ex-techniciens eux aussi formés au sein de la CMDP, détenant 10% chacun.
L’entreprise est composée de 8 anciens collaborateurs de la CMDP et d’un apprenti. « Nous sommes responsables de la manutention, du montage et du SAV MacPresse en France, au Luxembourg et en Belgique et assurons la correspondance commerciale pour MacPresse », nous explique Brice Gachet qui opère au sein de la structure en qualité de directeur commercial.
« D’entrée, nous avons récupéré les problèmes liés à une situation commerciale très délicate, notamment du fait des contrats en cours d’exécution, les acomptes sur les ventes ayant été versés à la CMDP », ajoute notre interlocuteur. « Nous avons néanmoins livré les machines afin de satisfaire une clientèle française le plus souvent ancienne qui n’était en rien responsable d’une situation dégradée et avons misé sur la restauration de la qualité des relations commerciales de notre maison avec ces entreprises», nous confirme Barbara Scotuzzi. « Cela n’a pas de prix ; il était inimaginable que notre image puisse être ternie en France», complète avec conviction son père, Angelo Scotuzzi.
Et c’est ainsi que les machines achetées par Sita (Limeil-Brévannes), Ros Roca (Semardel) ont pu être installées, tandis que la maintenance a été assurée chez Veolia (à Voreppe et Reims), chez Roughol Recyclage (Chalons en Champagne), à la grande satisfaction des parties en présence.
Depuis lors, l’entreprise a installé une presse 110 XL de 170 tonnes de poussée (pouvant mettre jusqu’à 3000 tonnes de matières en balles par mois) chez Guy Dauphin Environnement à Noisy le Sec, mais aussi un tapis d’alimentation chez Emco Nice (Veolia), de même que des machines sur le site de Veolia à Bègles. « Nous avons livré à la société CDIF une MAC 111/1, l’une des machines les plus rapides conçues par MacPresse, qui dispose d’une capacité de 4 200 tonnes/mois. Outre la vente, on nous a confié la remise en état du broyeur »…
« Un tapis d’alimentation et une presse 108/1 ont été mis en place sur la ligne de tri des emballages du centre de Montauty Saint-Sulpice (dans le Tarn) exploité par Coved. La commande de cette presse, qui dispose d’une capacité de 2 300 tonnes par mois, a été confirmée le 20 octobre ; livrée par trois camions le 19 novembre, puis rapidement montée, elle réalisait ses premières balles le 28 novembre, tandis que sa mise en route industrielle avait lieu, le lendemain », se réjouit Brice Gachet. « Grâce à cette belle coordination entre MacPresse et Mac Environnement, nous avons marqué des points chez Coved ».
« Si nous avons bel et bien vécu une période un peu chaotique, ce qui, en période de crise aurait pu être gravement dommageable pour notre entreprise, on peut certifier que la confiance a aujourd’hui été réinstallée en France grâce aux efforts de chacun, ce qui ne peut que satisfaire l’ensemble des partenaires concernés », conclut, ravi, le patriarche italien.