PREDEC : un fossé se creuse...
Petit pavé dans la mare... Un manifeste n’engage pas une profession : tel est le message que tient à faire passer l’Uned, syndicat dans le traitement des déchets inertes du BTP, qui réfute la représentativité des dix signataires franciliens du manifeste de soutien au PREDEC (plan régional de prévention et de gestion des déchets issus des chantiers du bâtiment et des travaux publics), ce qui ne va sans doute pas plaire à tout le monde...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le manifeste signé par les dix acteurs de la filière gestion des déchets du BTP ne laisse pas indifférent (voir PREDEC : les acteurs de la filière (se) manifestent); il génère quelques remous du moins du côté de l'Uned et donc de l'Unicem (dont elle est une branche): pour ces deux formations professionnelles, les signataires du manifeste, favorables à l’application du Plan régional de prévention et de gestion des déchets issus des chantiers du bâtiment et des travaux publics, avaient avaient l’ambition de rallier la majorité des acteurs de leur secteur pour faire pression sur le Conseil Régional d’Ile-de-France et les pouvoirs publics, sauf que leur manifeste n’a pas convaincu l’ensemble de la filière des Travaux Publics.
L’Uned qui regroupe des entreprises intervenant dans la gestion des déchets du BTP (surtout inertes) mais aussi ménagers ou dangereux, tout comme l'Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction (Unicem) Ile de France, tiennent à marteler qu'elles « se sont particulièrement impliquées dans les travaux d’élaboration du Predec avec la volonté de parvenir à un plan équilibré offrant aux professionnels un réseau optimisé de sites de gestion, de valorisation et de recyclage des déchets du BTP, favorisant ainsi le passage à l’économie circulaire. Les entreprises membres de l’Uned, spécialistes du tri, du recyclage et du stockage des déchets mais aussi expertes de la valorisation des matériaux à l’échelle locale sont en effet soucieuses de valoriser et de sécuriser de façon pérenne les flux des déchets du BTP. Or dans sa version finale, le Predec instaure un moratoire de trois ans empêchant toutes nouvelles capacités de stockage des déchets inertes dans des ISDI de la Seine-et-Marne. A l’issue de ce délai de trois ans, il est, par ailleurs, prévu un plafond de quatre millions de tonnes par an de déchets inertes éliminés dans ce département couvrant la durée restante du plan ».
Au demeurant L'Union nationale des Exploitants du Déchet s’étonne que les dix signataires du manifeste indiquent « ne pas vouloir se prononcer sur l’applicabilité du moratoire » décidé par le Conseil Régional d’Ile-de-France alors que ce moratoire de trois ans n’apporte aucune solution satisfaisante et réaliste. Allant plus avant, l'Uned note même, qu'il repose sur un constat erroné de déséquilibrage territorial et n’est accompagné d’aucune mesure d’incitation pour créer de nouvelles installations pourtant nécessaires sur de nouveaux territoires.
Le moratoire a suscité une vive inquiétude de la part des adhérents du syndicat qui ont attiré l’attention du Conseil Régional d’Ile de France sur les risques que pourrait engendrer un tel dispositif et notamment son caractère contre-productif en matière environnementale avec le risque très important de voir se multiplier des sites non autorisés. C’est la raison pour laquelle, soutenu dans sa démarche par trois syndicats professionnels (le syndicat des recycleurs du BTP, la Fédération Régionale des Travaux Publics Ile-de-France, et l'Unicem Ile-de-France), il a déposé un recours contentieux contre ce moratoire, auprès du tribunal administratif de Paris, après un recours gracieux rejeté.
Et pour conclure, l’Uned précise qu'informée « par la presse, elle prend acte de la décision du Préfet de Région, Monsieur Jean-François Carenco, d’obtenir l’annulation du PREDEC ».