Pour le meilleur et pour le pire…

Le 22/04/2010 à 17:28  
Pour le meilleur et pour le pire…
Onyx, ferry finlandais Suite des aventures rocambolesques de nos petits bateaux… qui affichent  leur pesant de cacahuètes en ferrailles et métaux . Deux cas valent le détour… Onyx, le pire, et ses pérégrinations entre l’automne 2009 et le printemps 2010 ; Tor Anglia, le meilleur...

 Symbole de l’aveuglement volontaire de l’Union Européenne, le ferry Onyx, parti de Vaasa (Finlande), immobilisé à Brest (France), réfugié à Lisbonne (Portugal), touriste en Méditerranée à Malte et Chypre qui, après avoir franchi le canal de Suez, vogue actuellement dans l’Océan Indien. Il est attendu incessamment par les chantiers de démolition où son propriétaire indien a envoyé le reste de sa flotte.
Les pays membres de l’UE semblent faire semblant de croire à la poursuite d’exploitation de navires hors d’âge et d’usage et les laissent partir à la démolition en Asie. Rares sont les armateurs européens qui assument leurs responsabilités en ce qui concerne la démolition de leurs vieux navires.

A contre courant, le Tor Anglia... L’armateur danois DFDS vient à contre-courant de vendre son roulier Tor Anglia pour démolition à un chantier chinois en ajoutant au contrat une clause selon laquelle il se réservait le droit d’agréer le chantier. Une partie des polluants a été extraite du navire avant son départ et les eaux de cale seront pompées puis renvoyées pour traitement en Europe.
D'ailleurs, à l’appel de Robin des Bois, un engagement dans ce sens a été pris par le Grenelle de la Mer en France : « Soutenir que l’Union Européenne requière la preuve que le pays de démantèlement dispose des capacités adéquates de traitement ou de stockage des déchets dangereux ou bien qu’elle impose à titre transitoire le retour en Europe des déchets dangereux dans le cadre de la Convention de Bâle ».

 C’est avec constance que les vieux ferries et navires à passagers construits en Europe alimentent les chantiers asiatiques et particulièrement indiens en matériaux toxiques. Le flux est persistant de ces vieux navires originaires d’Allemagne, du Danemark, de France, d’Italie ou du Royaume-Uni. Ils sont un temps utilisés pour le transport à risques de pèlerins vers la Mecque comme le Mogador ex-Pride of Cherbourg ou envoyés à la casse directement parleur armateur européen comme le navire de croisière grec Ivory rebaptisé Winner 5.
 

Victory ships Et un raté aux Etats-Unis... Aux Etats-Unis, l’Administration Maritime continue le déstockage de ses vieux navires. Les deux derniers Victory ships de la flotte de réserve de Californie ainsi qu’un vieux pétrolier ravitailleur construit en 1943 ont fait l’objet de contrats de démolition. Un accord a été trouvé entre le gouvernement fédéral, les autorités régionales de la baie de San Francisco et les ONG pour éliminer les sources de pollution dues au stationnement de cette vieille flotte dans Suisun Bay. L’administration s’est engagée à assurer la maintenance et le nettoyage des navires. Les ponts des navires doivent être débarrassés des écailles de peinture sous 4 mois, les coques nettoyées d’ici à deux ans, les 28 navires en plus mauvais état (il en reste 52) envoyés à la démolition avant le 30 septembre 2012 et les autres navires en attente avant le30 septembre 2017. Tous ces vétérans subiront un nettoyage préalable de leur coque avant de partir pour les chantiers de démolition du Texas via le canal de Panama.
"Mais à l’opposé d’un recyclage qui affiche son respect de l’environnement et des lois fédérales ou d’Etat, l’US MARAD renoue avec la vieille et économique méthode de l’immersion des déchets. On se souvient que le lendemain du retour du Clemenceau à Brest en mai 2006, la marine américaine coulait le porte-avion Oriskany sans s’attirer de reproches de la part des écologistes. Cette pratique contraire à la législation internationale a été depuis à peu près délaissée. L’administration Américaine la réactive : elle vient de faire « don » aux Iles Cayman d’une autre antiquité construite en 1945, le navire d’assistance aux sous-marins Kittiwake. Le Kittiwake sera coulé le 4 juillet prochain et deviendra un récif artificiel pour site de plongée exotique après un toilettage sommaire et le découpage d’ouvertures pour permettre aux plongeurs de visiter agréablement le navire ; il rejoindra la frégate cubaine d’origine russe 356, rebaptisée Captain Keith Tibbets avant son immersion en 1996. Ce « don » permet aux Etats-Unis d’économiser 170.000 $, le coût de la démolition navale dans un chantier américain, au tarif de 96 $ la tonne demandé pour le démantèlement de l’Escape, un autre navire d’assistance, en août 2009", explique l'association Robin des Bois, toujours dans le sillage des vielles coques…