Pollution PCB : le feuilleton toxique continue !
Comme un air de déjà-vu et de déjà-entendu... Le préfet de Haute-Savoie vient d'interdire par arrêté préfectoral la pêche de l'omble chevalier à des fins de consommation et de commercialisation sur les lacs d’Annecy et Léman. La raison : la découverte, suite à des prélèvements sur des espèces de poissons emblématiques, de teneurs en PCB dans les chairs dépassant de 1,5 à 4 fois la norme européenne. Bon appétit bien sûr !...
Cette information n’est pas une surprise pour la fédération France Nature Environnement et sa fédération régionale, la Fédération Rhône Alpes de Protection de la Nature, qui suspectent depuis plusieurs années une contamination des sédiments des lacs alpins ; elles surveillent et alertent d'ailleurs depuis 20 ans sur ce problème. FNE et la FRAPNA ont demandé et obtenu que des fonds soient débloqués pour analyser les lacs alpins, notamment le lac du Bourget sur lequel un arrêté a également été prononcé à cet égard et où de très fortes concentrations de PCB ont été trouvées dans les sédiments. Il faut également étudier les pollutions éventuellement stockées dans les barrages amont pour établir une cartographie la plus complète possible. Les résultats actuels montrent, en effet, que le combat était nécessaire et qu'il ne doit pas s'arrêter.
Après les grands fleuves français (voir nos article : Contamination du Rhône aux PCBs : un Tchernobyl à la française ! et PCB : le salopard refait parler de lui...), ce sont aujourd’hui les lacs d’altitude, symboles de pureté, qui sont malades. Depuis le début de ce dossier, la pollution semble s’étendre par capillarité sans que les pouvoirs publics n’adoptent de réaction proportionnelle aux enjeux sanitaires et environnementaux. Les avancées sont certes réelles mais nettement insuffisantes, et le cas des lacs alpins, frappant par sa symbolique, risque de n’être qu’un précédent. Il est urgent que les ministères de l’agriculture et de la santé directement concernés prennent enfin la mesure du problème.
Cet exemple illustre bien le caractère transfrontalier des pollutions. Une partie des polluants étant transportée par voie aérienne, la contamination de l’ensemble des écosystèmes est facilitée, y compris pour les plus isolés. FNE souhaite donc renforcer les échanges d’informations et les programmes de recherche entre la Suisse et la France, tant sur le Rhône que sur le Rhin (voir notre article).
En complément de cet article, nous vous renvoyons à la lecture de notre exposé : PCB : un traitement spécifique… par dessus la jambe ?!.