Pollution : misère à ciel ouvert en Isère…

Le 20/12/2012 à 20:30  

Pollution : misère à ciel ouvert en Isère…

 Fin novembre, une trentaine de tonnes de batteries de voiture électrique/hybride Toyota Prius destinées au recyclage, ont brûlé dans le cadre d’un incendie, chez SNAM à Saint Quentin Fallavier, entreprise qui trie, stocke et prépare des batteries et piles. En l’absence des aménagements légalement exigés de rétention des eaux, les polluants de l’incendie sont partis avec les mousses d’extinction des pompiers vers les canaux du marais et de la Bourbre...

 Les associations sont sur le front et font par de leur inquiétude…
Selon elles, parmi « les polluants probables : métaux lourds, plomb, mercure, cuivre, dioxines, HAP et autres produits toxiques relâchés par les batteries ou résultant de la combustion de leurs coques en plastique et de leurs circuits électroniques.
Cet incendie était malheureusement entièrement prévisible, car ce type de batteries a une tendance connue à prendre feu, du fait de la présence de lithium. C’est pour cela que leur transport en marchandises en avion est interdit au niveau international, et ces batteries même à l’unité sont interdites en soute dans de nombreux pays. Le risque est d’autant plus important pour les batteries détériorées ou vieillissantes. D’ailleurs, il est important de noter qu’une dizaine de départs de feu avait déjà eu lieu dans les stockages du SNAM
».

Le non-droit environnemental
C’est sans doute pourquoi, lors de l’autorisation de l’extension et modernisation de ce site, l’Etat avait « imposé » par Arrêté Préfectoral en date du 10 mai 2011, la réalisation d’un bassin de rétention des eaux d’extinction en cas d’incendie. Cet Arrêté accordait un délai de 9 mois à l’entreprise pour faire ces travaux, délai plus que raisonnable pour des travaux relevant d’une intervention BTP qui ne devaient nécessiter que « quelques jours de travaux ».
 Mais plus de 9 mois après l’écoulement de ce délai accordé, les travaux n’étaient toujours pas engagés. Il semble une nouvelle fois (cf. dossier Moulin TP à Bourgoin Jallieu) que les services de l’Etat, en l’occurrence la DREAL, ne sont pas intervenus pour exiger le respect des obligations légales, ni Mise en Demeure, ni arrêt de l’exploitation. Le laisser-faire de l’Etat a entrainé encore une fois la pollution de la Bourbre et le largage de polluants qui vont s’accumuler dans la nappe phréatique.
 Les services juridiques de la FRAPNA Isère ont été alertés et une plainte est en cours de préparation contre l’entreprise SNAM, pour non-respect de l’Arrêté Préfectoral du 10 mai 2011 et pour pollution.

… contraire aux intérêts économiques du territoire
Si certains acteurs économiques et l’Etat semblent considérer qu’il n’est pas « réaliste » de demander aux entreprises de protéger l’environnement, dans le respect de la loi, en temps de crise économique, l’APIE souligne que le Nord Isère n’a pas vocation à devenir la poubelle de l’Europe, où les déchets seraient déposés au rabais. C’est totalement contraire à l’intérêt économique de notre territoire, car dans ce cas nous n’offrons aucune valeur ajoutée aux entreprises. Notre territoire devrait au contraire viser la qualité, en assurant des garanties de qualité environnementale.
L’APIE a aussi écrit à l’entreprise Toyota pour l’alerter à cette pollution, le producteur d’un déchet restant légalement responsable jusqu’à son élimination ou recyclage, et pour lui demander pourquoi elle confiait ses déchets à une entreprise « hors la loi ». Dans une logique d’anticipation de problèmes environnementaux potentiels, les structures associatives mobilisées déclarent qu'elles vont écrire également aux autres grands fabricants de voitures électriques pour les alerter, et pour leur demander quels dispositifs sont mis en oeuvre pour s’assurer de la sécurité, de la qualité environnementale et du respect de la réglementation sur leurs filières de recyclage batteries.