Pollution : le classement de la honte

Le 20/09/2007 à 18:39  

Pollution : le classement de la honte

Site de Sumgayit en Azerbaijan Afin de nous alerter sur l'importance du problème de la pollution au sein des pays en voie de développement, l'organisation écologique américaine Blacksmith en collaboration avec Green Cross Suisse, vient de publier son classement annuel des dix sites les plus pollués sur la planète. En 2007, c'est en Chine, Russie, Inde, Zambie, Ukraine, Azerbaijan, Pérou que l'on a identifié les régions les plus polluées....

Voici la liste des dix sites les plus pollués au monde en 2007 selon l'institut Blacksmith : Sumgayit en Azerbaijan, Linfen et Tianying en Chine, Sukinda et Vapi en Inde, Oroya au Pérou, Dzerzhinsk et Norilsk en Russie, Tchernobyl en Ukraine, Kabwe en Zambie.


Plus précisément...

Sumgayit : ce sont 275 000 personnes qui ont été exposées pendant pluseurs décennies à une pollution d'origine pétrochimique ( produits chimiques, métaux lourds, émissions). Il s'agit d'un ancien complexe industriel soviétique qui abritait une quarantaine d'usines fabriquant des détergents, pesticides etc.. Cette région affichait l'un des taux de mortalité les plus élevés en URSS. Un programme de réhabilitation soutenu par les Nations Unies, la Banque mondiale est en cours depuis plusieurs années. Il ne reste que 20% des usines en activité, et la dépollution n'est pas achevée.

Linfen : 3 000 000 de personnes sont concernées par une pollution liée aux émissions industrielles ( monoxyde de carbone, arsenic, plomb, etc...). En fait, la province de Shanxy est le centre chinois du développement de l'industrie du charbon fournissant les 2/3 des besoins énergétiques de la population chinoise. De nombreuses mines, industries se sont développés sans aucun contrôle. Linfen a été identifiée comme l'une des villes les plus pollués au monde. D'ailleurs, la banque mondiale estime que 16 des 20 villes les plus polluées se situent en Chine. On constate un taux élevé de maladies respiratoires, cancers. Actuellement la ville de Linfen est en train de fermer la plupart des fonderies, et des cokeries. Elle met en place des mesures de sécurité pour les mineurs.

Tianying : 140 000 sont exposées à une pollution liée aux métaux lourds. Cette ville est l'un des principaux centres de production chinois de plomb. Le manque d'investissements, la pratique d'opérations illégales, ont causé plusieurs cas d'empoisonnements. On met aussi en avant la pratique d'opérations de recyclage, source de pollution des eaux. L'administration chinoise a ordonné la fermeture de nombreuses unités de production et d'affinage.

Sukinda : 2 600 000 personnes sont concernées. Il s'agit d'une pollution issue de l'exploitation minière à ciel ouvert ( chrome). Douze mines continuent leur exploitation sans une gestion environnementale stricte et ce sont 30 millions de tonnes de sous-produits qui ont été déversés dans les environs et notamment sur les rives du Brahmani. On considère que 60% de l'eau potable contient un taux deux fois supérieur aux standards internationaux de chrome. Si les industriels ont commencé à prendre des dispositions pour limiter leur contamination, il semble que le problème soit loin d'être résolu à cause de l'importance de la pollution et de son historique.
71,000


Vapi
: il s'agit d'une pollution chimique et métaux lourds qui provient des industries locales. C'est le manque d'installations de dépollutions et de systèmes de traitement des rejets qui explique que l'on constate des taux élevés de mercure, zinc, plomb... Une fois de plus l'eau est contaminée. Malgré l'intervention des industriels, les efforts des ONG, il reste un important travail de dépollution à effectuer.

Oroya : ville minière au Pérou, les émissions toxiques , la pollution de l'air a des conséquences sanitaires sur la population de 35 000 habitants. 95% des enfants ont un taux de plomb supérieur aux limites acceptables. Même si un plan de gestion environnemental a été mis en place, l'exploitant a demandé une extension d'activité de quatre années en 2004.

Dzerzhinsk : 300 000 habitants sont exposées à une pollution provenant de l'industrie de l'armement chimique pendant la période de la guerre froide. On estime à 300 000 tonnes les déchets chimiques qui ont été mal entreposés. L'eau a été contaminée. Cela serait selon le livre Guinness, la ville la plus polluée au monde. le taux de mortalité est de 1,7% plus élevé que la moyenne russe. Des efforts individuels ont été entrepris, mais aucune initiative globale concertée a été réalisée.

Norilsk : 134 000 personnes sont exposées aux conséquences de l'exploitation des mines de nickel et des activités liées aux métaux lourds. La pollution affecte la qualité de l'air qui a des répercussions sur la santé des habitants. On note, depuis 2006, d'importants efforts de la part de Norilsk Nickel pour réduire ses émissions toxiques.

Tchernobyl : On connaît bien les conséquences dramatique de l'accident du réacteur nucléaire. Un programme de mise en sécurite du site est toujours en cours. Il reste des effors considérables à faire notamment au niveau de la gestion des déchets radioactifs

Kabwe : deuxième ville en Zambie avec une population de 255 000 habitants, la pollution de l'eau est ancienne et est le résultat de stockages de plomb du à l'activité minière. La présence de plomb dans le sang des enfants est de 5 à 10 fois supérieure aux taux maximums indiqués par l'agence environnementale américaine.

A propos de Blacksmith

Depuis 2006, le Blacksmith Institute et Green Cross Suisse sont partenaires et travaillent ensemble à un projet d'élimination de la pollution des anciennes exploitations minières et métallurgiques à Rudnaya Pristan, Russie. En 2006, ce site se situait dans le Top Ten du classement.

Les critères de sélection du classement des sites pollués ont été élaborés par un groupe d'experts internationaux composé de chercheurs de la Johns Hopkins University, du Hunter College, de la Harvard University, de l'IIT Delhi, de l'University of Idaho, du Mt. Sinai Hospital et de collaborateurs renommés de sociétés internationales de protection de l'environnement, ainsi que de la Commission de consultation du Blacksmith Institute et de spécialistes de Green Cross Suisse.
Sur le plan de la méthodologie, cette année une importance accrue a été accordée à l'ampleur et à la toxicité des pollutions et sur le nombre de personnes en danger.