Pollution de la Loire : TOTALement irresponsable...
Les 4 et 5 octobre derniers, Total Raffinage Marketing (TRM) était convoqué devant le Tribunal correctionnel de Saint-Nazaire. L’exploitant de la raffinerie de Donges (44) comparaissait à la suite d’une rupture de canalisation corrodée ayant entrainée une pollution au fioul qui s’est étendue jusqu’à l’Ile de Ré. 22 associations environnementales, collectivités locales ou particuliers se sont constitués parties civiles dans cette affaire, réclamant des dommages et intérêts au titre du "préjudice moral" ou "écologique"...
Le 16 mars 2008, 1 500 m3 de fioul se sont échappés d’une canalisation de la raffinerie de Donges qui datait de 1964 et qui manifestement ne faisait pas l’objet de mesures de surveillance suffisantes (voir notre article : Pollution de la Loire : Total toujours et encore). Ce déversement d’hydrocarbures dans les milieux naturels estuariens a eu un impact considérable : tout l’écosystème a été atteint, aussi bien du fait du déversement en lui-même qu’à cause des opérations de nettoyage.
Raymond Léost, Responsable juridique de FNE (France Nature Environnement) déplore l’irresponsabilité de l'entreprise pétrolière : "La société Total ferait mieux d’investir dans la sécurité industrielle plutôt que dans la publicité 'verte' ! Le discours trompeur que tente de diffuser ce Groupe sur ses prétendus efforts entrepris pour la protection de l’environnement est à nouveau démenti d’une façon tragique pour l’environnement. Ce nouvel incident technique démontre que toutes les précautions n’avaient pas été prises et que Total n’avait aucunement tenu compte des erreurs passées et des précédentes pollutions dont il était à l’origine".
L’audience a confirmé les soupçons des parties civiles. Les experts ont témoigné de rejets de 1 500 m3 de fioul dans le milieu, alors que Total n’en déclare que 500... La raffinerie et le Groupe pétrolier ont continué de nier toute négligence ou dysfonctionnement, n'hésitant pas à parler "d’expérience" pour le rejet accidentel, et de "retour d’expérience" pour les travaux de réparation de la canalisation... Le Procureur, donnant raison aux parties civiles, a requis 300 000 euros d’amende. FNE a quant a elle demandé 50 000 euros en réparation du préjudice qu’elle estime avoir subi. "Les mesures de prévention ont été volontairement ignorées par l’industriel. Il s’agit pour nous d’insister sur l’application indispensable du principe pollueur-payeur", indique la Fédération. Le Tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a mis son jugement en délibéré au 17 janvier prochain.