Politique : Delphine Batho a été virée

Le 05/07/2013 à 18:46  

Politique : Delphine Batho a été virée

Delphine Batho A-t-elle eu tort ou raison de s’exprimer ? A-t-elle eu tort ou raison de dire que les promesses de campagne dédiées à l’Ecologie risquaient d’être sérieusement amputées du fait d’une restriction budgétaire importante prévoyant une baisse des crédits alloués à son ministère et à ses opérateurs (l’Ademe notamment) dès 2014? En tout état de cause ses propos ont été entendus et traduits : on ne peut être au gouvernement et le critiquer publiquement. Un an après avoir été nommée à la tête du ministère, exit Delphine Batho, qui fut en son temps très proche de Ségolène Royale : virée… et remplacée par Philippe Martin, « fabiusien » convaincu...
 Décidément ! Les nanas ne durent pas, à l’Ecologie, sous le règne de Monsieur Hollande. Après Nicole Bricq, qu’on avait délicatement « déplacée » de l’environnement au Commerce Extérieur (voir notre article), histoire de faire plaisir à quelques lobbyistes d’importance, et ce, pour une prise de position courageuse de sa part (suspendre les permis d’exploration pétrolière, au large de la Guyane française), Delphine Batho (porte parole du candidat François Hollande pendant la campagne électorale) a été éjectée de son siège hier, après avoir clairement fait savoir qu’un budget 2014, rogné de -7% avec 1000 agents en moins pour fonctionner, est un mauvais budget.
Il faut dire que celui de 2013 avait déjà été tronqué d’importance…

 Madame Batho ne s’est pas privée de faire savoir aussi, que ces décisions sont parfaitement contradictoires avec les promesses de campagnes faites par François Hollande qui plaçait alors l’écologie à un autre niveau…Oui mais voilà : les promesses des hommes politiques ne sont que très rarement respectées à la lettre après qu’ils aient accédé au pouvoir… Et ce pour de nombreuses raisons : l’idée qu’on se fait des choses, que l’on promet de mettre sur pied et les réalités de terrain ne sont sans doute pas toujours compatibles… Les pressions lobbyistes, ne manquant pas non plus, dans les coulisses…

 Bref : courageuse ou suicidaire, Delphine Batho a été débarquée, au nom du principe formulé en son temps par Jean-Pierre Chevènement : «Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne».
Or, l’ancienne députée de Charente a fait le contraire en ruant dans les brancards et ce dans le cadre d’un entretien hier matin sur RTL, au cours duquel elle a laissé éclater sa colère face aux coupes subies par son ministère (particulièrement touché), jugées pePhilippe Martinu opportunes au moment où, a-t-elle lâché, «il y a une déception à l'égard du gouvernement».

En d'en rajouter, sans trop de diplomatie il est vrai, mais avec une franchise certaine!... La ministre a fait le portrait d'une France qui «doute», où «il y a une déception à l'égard du gouvernement», «un doute sur notre volonté de changement». La «question de l'écologie, de la transformation de notre modèle de développement économique est cruciale», a-t-elle poursuivi. «Dans le moment actuel, quand tout va mal, les Français ont besoin d'espoir, de perspectives d'avenir et donc, c'est un chantier très important dans ce quinquennat», a-t-elle ajouté, critiquant le rapport Eckert, rappelant son souhait et sa volonté de faire de la France la nation de l’excellence environnementale et de la transition énergétique, certifiant que ces domaines «ne devront pas être des variables d’ajustement», s’interrogeant aussi, sur l’effectivité de la fibre écolo de François Hollande et de son premier ministre Jean-Marc Ayrault. «Est-ce que l’écologie est bien une priorité ? Est-ce qu’on a la capacité de passer du discours aux actes?».
Voilà deux questions lourdes de sens, surtout avec le budget qui lui est alloué, lequel ne laisse aucune place à un investissement d’avenir…, avec une réponse immédiate et sans appel : l’éviction séance tenante ou presque.

 Delphine Batho quitte son siège avec à son actif quelques dossiers et chantiers d’importance : le débat national sur la transition énergétique, une refonte partielle de la politique de l’eau, le verdissement de la fiscalité, sans compter la prochaine la conférence environnementale ou la création de l’agence de la biodiversité…
Pas d’intérim pour autant, au ministère de l’Ecologie ; à croire qu’on attendait la « gaffe » pour virer la ministre. A 18h08, une annonce sèche, via un communiqué de l'Elysée : sur proposition du Premier ministre, le Président de la République a mis fin aux fonctions de Mme Delphine Batho.
Sur proposition de Jean-Marc Ayrault, François Hollande a en effet immédiatement nommé un proche de Laurent Fabius, Philippe Martin, un homme politique anti OGM, et vraiment pas favorable à l’extraction des gaz de schiste : 59 ans, député PS du Gers (après en avoir été le préfet), président du Conseil général du Gers et maire-adjoint de Valence-sur-Baïse, membre de la Commission du Développement Durable et de l'Aménagement du Territoire de l'Assemblée Nationale.

D'ores et déjà, François Grosdidier nous a indiqué son point de vue. « Valeur écologie ne peut que s’inquiéter du limogeage de Delphine Batho, tant sur la forme agressive que dans le peu d’intérêt qui est au final réservé à l’Ecologie par le Président de la République.
Inélégant et brutal, l’Histoire retiendra que cet "exemple" est facile, et que d’autres Ministres, Arnaud Montebourg ou Manuel Valls, beaucoup plus critiques à l’adresse du Gouvernement, sont toujours en place. Il y a bien deux poids, deux mesures et c’est l’écologie qui trinque !
», nous a déclaré le Président de Valeur Ecologie et Sénateur-maire de la Moselle.
« Le Gouvernement ne convainc pas, ce ne sont pas les 2 ministres EELV qui pourront faire oublier que ces dernières années, l’Ecologie n’a réellement pu progresser qu’avec la majorité de droite. La Charte de l’Environnement ou le Grenelle initié par Nicolas Sarkozy en sont des exemples forts. La vigilance doit demeurer. Le Gouvernement Ayrault depuis son arrivée n’a de cesse de brouiller les cartes et d’envoyer de mauvais signaux sur les grands dossiers environnementaux »…