Point Vert : la guerre au picto est déclarée

Le 07/10/2008 à 16:28  

Point Vert : la guerre au picto est déclarée

Point Vert : nouvelle signalétique D’un côté Eco-Emballages qui vient dans un communiqué en date du 30 septembre de mettre en oeuvre une nouvelle démarche sensée être plus claire à l’égard des consommateurs ; de l’autre, des associations qui tirent à boulet rouge sur le Point Vert parce qu’il ne fait que vanter les mérites ( ???°) des entreprises qui se contentent de satisfaire une législation qui date, puisqu’elle a plus de 15 ans…

Si dans un premier temps, il est vrai qu’il y avait celles qui payaient et celles qui ne payaient pas encore, il y a belle lurette que la quasi-totalité des entreprises productrices d’emballages acquittent leur contribution obligatoire à Eco Emballages. D’aucun trouvent d’ailleurs « petit » qu’elles affichent leur respect des lois sur l’étiquetage, comme si c’était en option que d’avoir à respecter les normes réglementaires…

Bref : pour l’heure, il s’agit d’éclairer les consommateurs « qui n’en peuvent plus de ne rien comprendre ». Le Point Vert, pour nombre d’entre eux, signifie que l’emballage est recyclable ou pire, qu’il est effectivement recyclé. C’est là que le bât blesse : bon nombre d’emballages cotisent au système Point Vert et ne sont pour autant recyclés parce que pas nécessairement faciles à recycler en l’état actuel des techniques disponibles…

Eco-Emballages a donc opté pour un changement annoncé dans un communiqué de presse du 30 septembre (voir notre dépêche) et la promesse faite que la signalétique du Point Vert sur les emballages serait dorénavant plus précise et permettrait de lever l'ambiguïté de ce fameux symbole. Sauf que là encore, la méthode fait grincer les dents : on reproche à l’éco-organisme d’avoir fait cavalier seul (comprenez avant les conclusions et en dehors des travaux du groupe du travail sur l'harmonisation de la signalétique et des consignes de tri qui se réunissait pour la première fois le même jour…).

Il n’en fallait pas davantage pour que fuse la critique ayant pour thème « de l'art de tromper le consommateur »…

Le Cniid et Agir Pour l'Environnement dénoncent donc ce nouveau dispositif proposé par Eco emballages puisqu'il « ne donne aucune indication sur le geste de tri : seule une adresse de leur site internet figure à côté du point vert et de la mention "à trier ou pas?": quel éclairage ! Le consommateur est invité à se rendre sur leur site pour découvrir si l'emballage doit être trié ou non ». De plus, « l'éco-organisme n'a même pas attendu les conclusions du groupe en court-circuitant sciemment le processus du Grenelle, pendant lequel le projet du nouveau Point vert avait été vivement critiqué par les parties prenantes »!!! Hélène Bourges, chargée de la campagne Alternatives au Cniid précise «qu' en plus d'exclure les personnes n'ayant pas accès à Internet, cette mesure ne répond pas au besoin des citoyens au quotidien : les français ne vont pas s'asseoir tous les jours un quart d'heure devant leur ordinateur avec leurs déchets à portée de main pour vérifier la destination de chacun d'entre eux. Eco-emballages maintient les citoyens dans le flou et n'apporte aucune information utile sur le tri ».

Clara Osatdchy, coordinatrice des campagnes d'Agir pour l'Environnement souligne de son côté « que cette fausse rénovation du point vert s'apparente plus à une énième campagne de communication de l'écoorganisme qu'à une volonté d'informer le consommateur ».

Les deux associations s'interrogent donc aujourd'hui sur la pertinence de maintenir un groupe de travail sur l'harmonisation de la signalétique et des consignes de tri puisque certains acteurs font fi des réflexions collégiales.

Le nouveau Point vert est présenté alors même qu'un rapport confidentiel du cabinet KPMG(1) met en avant les dérives financières d' Eco-emballages, qui rappelons-le est une société privée agréée par les pouvoirs publics.

Dans ce contexte, le Cniid et Agir pour l'Environnement demandent une condamnation ferme du ministère en charge de l'environnement et exigent une structure de régulation vraiment indépendante : "c’est le fonctionnement même d'Eco-emballages qui doit être remis en cause : l'Etat osera-t-il aller à l'encontre de ce puissant secteur industriel ?"...

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(1)
Pour compléter cette information, vous pourrez lire l'article « Comment Eco-emballages a économisé plus de 160 millions d'euros sur le dos des collectivités », magazine Environnement et technique octobre 2008.