Pneus usagés : un cimetière a disparu
Après 10 ans environ de rebondissements multiples, miracle : en moins d’une semaine, 550 tonnes de pneus ont disparu du paysage, de quoi redonner le peps au maire de la commune de Roye (Haute Saône) qui redémarre sur les chapeaux de roue… Recycalor, qui était sur le coup finalise ainsi son 7ème chantier...
Jean Rota, maire de la petite commune de Roye (1 200 habitants) a retrouvé le sourire. Après douze années de tractations, d’attentes et de rebondissements en tout genre, il peut classer le dossier « stockage pneus », et le mettre en archives.
« Et j’espère ne plus avoir à le ressortir. Cela représente quand même douze années de procédure et de casse-tête », plaide-t-il.
En effet, depuis peu, il ne reste plus rien ou presque des 550 tonnes de pneus usagés qui jalonnaient le terrain de la Société de construction métallique (SCM) de Roye. Il n’aura fallu que six jours à la SARL Henry Gilles (basée à Toul en Lorraine) et spécialisée dans la récupération et le broyage des pneus, pour faire table rase d’une décennie d’inquiétude et de tractation en tout genre.
Le casse-tête débute en 1995, lorsqu’un particulier commence à récupérer des pneus usagés afin de les exporter en Afrique. Pour organiser le stockage, il loue le terrain d’une entreprise de métallurgie située en bordure du village.
Un an plus tard, l’homme décède : l’association EcoSaône reprend l’activité de collecte dans le but de les recycler. Le temps passe et les pneus continuent de s’entasser.
« On avait senti le coup venir. À l’époque, j’ai contacté la préfecture pour savoir s’il ne fallait pas une autorisation pour stocker des pneus mais on m’a répondu qu’il n’y en avait pas encore assez pour ça. On ne pouvait rien faire », explique Jean Rota, héritier du dossier dès lors qu’il a été élu maire en1997.
Optimiste, une année passe et il pense toucher au but lorsqu’il obtient enfin une subvention afin d’éliminer ces pneus dans le four de la cimenterie de Champagnole.
Coup de malchance, l’entreprise chargée de les broyer avant le transport fait faillite : le projet capote.
Il faudra attendre 2006 et l’arrivée d’un nouveau responsable à la Drire pour relancer la machine : deux propriétaires de pneus sont retrouvés et 30,5 tonnes de pneus sont retirées de la masse. Une goutte d’eau dans l’océan me direz-vous. Mais c’est encourageant.
« Pneus de voitures, de tracteurs, d’engins de chantier et même des pneus d’avions, il y avait de tout. C’était devenu la décharge du coin. Certains venaient y déposer leurs pneus usagés même si c’était interdit. Les gens avaient pris l’habitude de voir ce tas de pneus. Il faisait partie du paysage. Pour nous, ça représentait surtout un vrai danger, notamment en cas d’incendie », décrit le maire.
2008 : entrée en scène de l’association Recyvalor (créée pour évacuer et revaloriser les stocks dits « orphelins ») pour que les choses s’accélèrent.
Roye est le 7 ème site sur la liste.
« Le décret a été signé le mois dernier. L’entreprise retenue avait un mois, entre le 1 er et le 31 juillet pour venir récupérer les pneus », rapporte Jean Rota.
Il ne faudra même pas une semaine aux hommes de la société Henry Gilles pour faire place nette. Une quarantaine de semi-remorques chargés en continu à l’aide d’une pelleteuse et six jours de travail à raison de 10 h par jour, ont été nécessaires pour venir à bout des 76 600 pneus.
Le caoutchouc ainsi récupéré sera ensuite valorisé comme matière première pour la production de nouveaux pneus, dans les travaux publics, sous forme de mobilier urbain ou encore comme combustible. Doté d’un budget de 7 millions d’euros, Recyvalor est le fruit d’un accord interprofessionnel entre les principaux acteurs du secteur pneumatique visant à valoriser les 80 000 tonnes de pneus usagés recensés sur 61 sites en France sur une période de 6 à 8 ans.
Coût total de l’opération : 80 000 euros dont 5000 € de participation pour la commune.
Bon débarras !!!