Végétaliser ses productions ne veut pas dire végéter, bien au contraire... Nouvel an, nouvel élan pour la marque d’eau minérale Vittel qui annonce 30% de matière d’origine végétale dans ses bouteilles d’1 l, de 50 cl et de 33 cl… Pas de place pour la matière recyclée dans son schéma de diversification de l’approvisionnement des matières premières destinées à la fabrication de ses bouteilles en PET. Dommage…
L’idée est de limiter sa dépendance au pétrole dont les cours, on le sait, sont parfois erratiques. Bonn idée à n’en point douter puisqu’on nous annonce, de surcroît que la fin du tout pétrole se devra être pour bientôt…
Alors, comme d’habitude, il en est qui prendront le train à l’heure et d’autres qui le louperont…
Cela fera 20 ans cette année que Vittel produit ses bouteilles en PET. Pour produire le Poly Ethylène Téréphtalate, deux composants sont nécessaires : l’acide téréphtalique (70% de la molécule) et le mono éthylène glycol (30% de la molécule).
Aujourd’hui, il est tout à fait possible d’obtenir ce dernier composant à partir de résidus issus de la transformation de la canne à sucre, en remplacement du pétrole : la mélasse, laquelle est un sous produit de la filière existante de sucre de canne qui, transformée en éthanol, est déjà, utilisée pour la fabrication de spiritueux ou de carburant.
Sa production ne nécessite donc pas l’utilisation de terres cultivables supplémentaires, n’engendre pas de déforestation et n’entre pas en compétition avec les cultures alimentaires.
Dans le cas qui nous occupe, Vittel s’approvisionne chez Indian Glycols qui opère en Inde à partir de la mélasse locale : désormais la bouteille ne sera ni tout à fait la même ni tout à fait une autre…
Le bonus est, mais on vous l’a déjà dit, que le PET avec ou sans matière végétale, reste recyclable : la bouteille vidé pourra donc rejoindre le lors des déchets et suivre le même processus de tri et de recyclage que la bouteille PET classique.
A défaut d’utiliser du r-PET, dont il paraîtrait que nous n’en aurions pas assez pour satisfaire la demande, on pourrait, pourquoi pas, imaginer de voir un jour une unité de production de cette matière, installée sur des territoires français, voire européens, producteurs de mélasse comme tout producteur de canne à sucre…
Il existe en effet, une technique permettant de fabriquer une bouteille à partir d’une bouteille. Cela a été rendu possible grâce à une adaptation récente de l’outil industriel qui permet d’intégrer du PET recyclé dans des emballages aptes au contact alimentaire.
Aussi, depuis 2006, il est tout à fait possible d’intégrer du PET recyclé dans des emballages au contact des aliments et des liquides (sous réserve que le process soit autorisé par l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). L’outil industriel français a ainsi connu le développement de la filière PET recyclé apte au contact alimentaire, avec notamment l’implantation de sites produisant des bouteilles à partir de matières recyclées (bottle to bottle).
A l’heure actuelle, certaines bouteilles mises sur le marché intègrent environ 25% de PET recyclé, grâce au procédé bottle to bottle.
Cette application connaît une forte hausse depuis quelques années (+ 8,3% entre 2008 et 2009) et elle devrait encore se développer dans les années à venir : d’une part en augmentant la quantité de PET recyclé dans les bouteilles (jusqu’à 50%), d’autre part en produisant plus de bouteilles contenant du PET recyclé (augmentation des capacités actuelles et implantation de nouvelles usines).
Pour l’heure, on notera que Vittel qui appartient à Nestlé Watters cofinance la chaire d’enseignement et de recherche de l’Ecole des Mines de Paris, consacrée aux bioplastiques pour étudier de manière globale les potentialités des matériaux issus des matières renouvelables et créer à terme, une bouteille sans pétrole du tout…