Plastique : le bisphénol A dans la tourmente...
Le Sénat a amendé hier la proposition de loi sénatoriale "tendant à interdire le bisphénol A (BPA) dans les plastiques alimentaires" : ce texte tend désormais "à suspendre la commercialisation de biberons produits à base de BPA". Les sénateurs ont donc limité le champ d’application de la proposition de loi aux seuls biberons et écarté l’option d’une interdiction pour retenir celle d’une suspension, au nom du principe de précaution...
Dans un communiqué, PlasticsEurope (l'Association européenne des producteurs de matières plastiques), et Elipso (le Syndicat professionnel des emballages plastiques et souples) n'ont pas tardé à réagir : selon eux, "cette décision souligne l’embarras du législateur face à une proposition d'interdiction qui apparaît aujourd’hui inadaptée en l’état des connaissances scientifiques, ne prenant pas en compte la question des substituts éventuels et déconnectée du calendrier de travail des agences sanitaires française, européenne et internationales".
En effet, l’Afssa (l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) a diffusé il y a quelques jours un communiqué rappelant que "le bisphénol A est utilisé depuis plus de 40 ans, dans de très nombreuses applications dont les matériaux au contact des aliments et de l’eau. Des évaluations de risques menées par les agences sanitaires (en particulier la FDA aux Etats-Unis, l'Efsa en Europe en 2008, ou Santé canada) ont conclu, sur la base des données scientifiques disponibles, à l’absence de risque pour le consommateur dans les conditions d’emploi".
PlasticsEurope et Elipso indiquent prendre acte de la décision du Sénat de ne pas interdire "le BPA dans les plastiques alimentaires", mais estiment que la suspension de la commercialisation des biberons n’est qu’une fausse solution qui alimentera les angoisses des consommateurs. Ils rappellent également que l’Afssa a récemment recommandé "de définir rapidement une méthodologie adaptée à la détection d’une toxicité potentielle, chez l’homme et à basse dose, du BPA mais aussi des produits de substitution et plus largement des perturbateurs endocriniens".
Pour la mise au point de cette méthodologie, l’Afssa a souhaité travailler avec d’autres agences de sécurité sanitaire au niveau européen et proposait de faire un point d’étape "d’ici la fin de l’année". L'Efsa (l'Autorité européenne de sécurité des aliments) a également lancé des travaux et prévoit un point d’étape en mai prochain. "PlasticsEurope et Elipso souhaitent donc que tous ces travaux puissent continuer de progresser dans la sérénité et permettent ainsi de répondre aux interrogations des consommateurs", concluent les 2 organismes.
Le bisphénol A (BPA) est un produit chimique utilisé depuis de nombreuses années comme monomère pour la fabrication par polymérisation de plastiques de type polycarbonate et de revêtements à base de résine époxydique. Les polycarbonates, des plastiques rigides et transparents, sont utilisés dans de nombreux récipients alimentaires, tels que les bonbonnes d'eau réutilisables, les biberons, la vaisselle (assiettes et tasses) et les récipients de conservation. Le BPA est également présent dans les résines époxydiques utilisées comme revêtement intérieur des canettes et des boîtes de conserves. Les résines époxydiques sont également utilisées dans les réseaux d'adduction d'eau potable (revêtements de cuves et de canalisations). Comme dans d'autres pays (Etats-Unis, Japon), le BPA est autorisé dans l'Union européenne pour son utilisation dans les matériaux en contact avec les aliments. |
Cet article est à lire en complément de notre précédente dépêche : Bisphénol A : l'industrie du plastique réagit.