Plages sans déchet plastique : Brune Poirson se jette à l'eau

La secrétaire d'Etat à la Transition écologique s'est rendue ce jour sur la plage des Sablettes à la Seyne-sur-mer (Var), avec pour objectif d'observer les bonnes pratiques mises en œuvre par la commune, mais également dévoiler une charte accordée aux villes qui s'engagent à lutter contre la pollution aux plastiques sur le sable.
Le document a été présenté aujourd'hui : une charte, élaborée avec l’Association Nationale des Elus du Littoral (ANEL) pour lutter contre les déchets plastiques sur les plages, qui comprend quinze engagements, alors que le gouvernement s'est fixé comme objectif zéro plastique rejeté en mer d'ici 2025 (un objectif particulièrement ambitieux si l'on se réfère par exemple, au rapport du WWF qui précise que la France aurait rejeté environ 11 200 tonnes de plastique rien qu'en Méditerranée en 2016 (voir notre dépêche).




« La lutte contre la pollution plastique est une priorité de notre action que nous menons sur tous les fronts. Au niveau européen d’abord en ayant renforcé les directives qui ont été adoptées sur le sujet. Au niveau national ensuite grâce à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire qui sera débattue à la rentrée au Parlement ou encore avec le Pacte national sur les emballages plastiques pour lutter contre le suremballage. Enfin, le niveau local est primordial. De nombreuses collectivités sont déjà très engagées et l’objectif de cette charte est de les valoriser, de les regrouper et de pousser celles qui le souhaitent à en faire de même. C’est une demande forte des Français », a rappelé Brune Poirson.

La démarche est louable, personne n'en disconviendra. Mais que pourront faire les élus si ce n'est gérer maladroitement un flux sans cesse grandissant de déchets faute de sens civique suffisamment développé chez bon nombre de plagistes... ces amateurs de sable fin étant par ailleurs dépendant des emballages qui sont imposés lorsqu'ils font leurs amplettes pour manger au plus près du bord de mer.
Une structure telle que Vacances Propres (récemment rebaptisée "Gestes Propres"), financée par des poids lourds de la vente de produits emballés par du plastique, des représentants des producteurs de plastique, et l'éco-organisme historique que sont Citeo, Ball, Coca-Cola European Partners, Cristaline, Danone Eaux France, Elipso, Haribo, Heineken, InterEmballage, Nestlé Waters, Procter & Gamble et le Syndicat Français des Conserveries de Poissons, et dont sont membres un millier de collectivités locales, s'est attelée au problème. Il y bien des années, elle s'est donnée pour mission de cibler le jeteur en l'invitant à des gestes plus citoyens, multipliant les affichages, poubelles spécifiques et autres campagnes de sensibilisation, en partenariat avec ces collectivités locales. Des années plus tard, force est de constater que les déchets continuent d'abonder (le ratissage des plages au quotidien montre la diversité de ce qui est ramassé, à savoir des déchets qui n'ont rien de biodégradables pour l'essentiel), même si de nombreuses personnes font le déplacement jusqu'à la poubelle à l'éffigie de l'association... 520 000 tonnes de déchets sauvages jetés en 2018 en France, relève cette association.
Inviter à signer une charte pour des plages sans plastique, sans réduire la quantité de plastiques mise sur le marché, ressemble à une situation bancale : l’heure n’est peut être plus à une gestion maladroite des conséquences du tout plastique, en culpabilisant toujours les mêmes et à tout prix. L’économie circulaire promue par notre gouvernement ne peut se réduire à ramasser les déchets en plastique, et à signer des chartes non contraignantes avec les élus locaux le plus souvent démunis.
