Ils ont une « espérance » de vie de 20 à 30 ans... Autant dire que la première génération est HS... Mais on se penche, en France comme en Allemagne, sur leur recyclage effectif... Car il y a matière! En 2008, 3 800 tonnes ont été remplacées au sein de l'Union européenne. Tous les deux ans, la donne est doublée... Si le taux de croissance devait se maintenir au niveau actuel, ce seront 300 000 tonnes de matériaux qui devraient passer à la moulinette du recyclage d'ici 20 ans... L'Allemagne en est le plus gros producteur à ce jour, ce qui fait dire notamment à Grégory Spanoudekis, Président des opérations européennes de Canadian Solar, spécialiste mondial de l’énergie solaire , qu'elle a une responsabilité particulière au titre du recyclage de ces modules... Ce qui ne veut pas dire que la France soit à la bourre. Point du tout ! Le Ceres est là pour en attester : même qu'il développe de bien belles idées... avec l'intention de les exporter...
Si les modules renferment des matières essentielles comme l’aluminium ou le silicium des cellules, d’autres tels que le tellure de cadmium ne sont pas inoffensives, loin s'en faut !
« Les premiers panneaux photovoltaïques sont arrivés en fin de vie en Allemagne alors qu’en France, cela devrait être progressivement le cas dans les années à venir. Il est donc primordial de commencer à parler du recyclage de ces installations. Premièrement, les détenteurs de panneaux photovoltaïques sont des clients très soucieux de l’environnement. Un scandale des déchets pourrait avoir des répercussions désastreuses pour l’ensemble de la filière. Ensuite, le retraitement des déchets solaires offre la possibilité de récupérer des matériaux précieux. Cela signifie aussi que le recyclage et la possibilité d’une séparation pure des matériaux doivent être pris en compte dès la production.
En Europe, l’Allemagne, a une responsabilité importante car - et cela n’est pas négligeable – elle est l’un plus gros producteurs de photovoltaïque au sein de l’UE », exprime Grégory Spanoudekis.
Le souci est que pour l'instant du moins, aucune réglementation n'impose le recyclage...
« L’objet de la discussion en cours sur le recyclage des panneaux photovoltaïques porte essentiellement sur les cellules solaires à couche mince qui utilisent des semi-conducteurs à base de tellure de cadmium. Les métaux lourds en question sont soupçonnés de provoquer des cancers », poursuit le président.
Or, si on observe la ligne indiquée par RoHS, « Restriction de l’utilisation de certaines substances dans les équipements électriques et électroniques », « le cadmium présent dans les appareils électriques n’est pas autorisé. La règle précise quelles sont les matières dangereuses qui ne doivent plus être utilisées pour fabriquer les appareils électroniques et cible les composants problématiques à interdire dans le cadre de la diffusion massive des déchets électroniques. Dans ce contexte nouveau, le cadmium et ses dérivés tout comme le plomb et le mercure sont interdits ».
Cela étant, pour l'instant du moins, les modules photovoltaïques ne font pour l’instant pas partie des appareils visés par la directive RoHS -, tandis que la révision de la directive réalisée le 21 juillet 2011 n’a toujours pas pris en compte les panneaux photovoltaïques dans sa liste d’équipements. Ceci bien sûr pour ne pas pénaliser le développement de la filière. Il est prévu en effet d'insérer les panneaux photovoltaïques dans la liste de la directive, en 2018.
« En Allemagne, il existe des lois sur le recyclage des modules usagés (il s'agit des textes sur les appareils électroniques (ElektroG), entrées en vigueur en mars 2005) : elles concernent les petites cellules PV intégrées aux appareils électroniques. Cependant dans le décret, aucun recyclage, sans coût supplémentaire pour le propriétaire, n’est prévu étant donné que la plupart des installations sont fixes et ne tombent donc pas dans le domaine d’application de la loi », a confirmé le Dr Andreas Horn, directeur Photovoltaïque au service Green City Energy de Munich.
Et d'ajouter que « pour cette raison, les petits modules ont été jusqu’à présent traités comme du verre ou des gravats, ce qui d’un point de vue écologique est grave. Depuis l’introduction du système TASI de collecte et de traitement des déchets urbains en 2005, les déchets doivent être collectés et traités »...
Qu'est ce à dire ???
« Les propriétaires et les entrepreneurs spécialisés en parc solaire doivent théoriquement financer eux-mêmes l’incinération des matières plastiques des modules solaires à base de silicium. La collecte dans les règles de l’art des modules à couche mince qui contiennent des éléments tels que le tellure ou l’indium, ou des composés tels que le cadmium est d'autant plus importante », souligne Grégory Spanoudekis...
Bien avant qu'on en parle comme d'un problème à résoudre, la recherche et l’industrie se sont évidemment penchées sur la question du recyclage. Il est clair que même s'il n'existe aucune obligation légale de recycler ces produits, les constructeurs reprennent les modules défectueux dans le cadre ou non des périodes de garantie : autant de produits qu'il faut bien traiter d'une manière ou d'une autre. C'est d'ailleurs ainsi que certaines entreprises ont « développé des systèmes de recyclage sans frais pour les détenteurs d’installation. Le démontage et le retraitement des modules sont contrôlés par une entreprise experte, et pris en charge par une entreprise de recyclage ».
Fondée en juillet 2007, l’organisation Européenne PV Cycle a créé un programme de reprise volontaire et de recyclage des modules solaires. Elle définit notamment les conditions préalables au succès d’un système de recyclage, telles que le recensement centralisé des quantités à recycler et l’obligation de collecte et de transport des modules usagés.
D’après les indications de PV Cycle, il existe en Allemagne deux procédés : un procédé de recyclage qui est utilisé pour les modules solaires cristallins, et un plus évolué, optimal pour les modules au tellure de cadmium. Les procédés plus évolués sont encore en développement. Les deux procédés industriels visent à séparer le verre du silicone et du tellure de cadmium. Ainsi traité, les matières premières peuvent être ultérieurement recyclées dans d’importantes installations industrielles. Les deux procédés remplissent les exigences en matière de recyclage de haute qualité. Les statistiques indiquent que les coûts par tonne de déchets PV devraient baisser de 10 euros par tonne d’ici 2020.
Canadian Solar, membre de PV Cycle, voit dans cette structure « une plate-forme idéale pour établir des standards au sein du secteur et pour en même temps travailler en commun avec des entreprises globales. Nous recherchons ensemble la voie la plus efficace pour recycler les modules solaires à base de silicium et en fin de vie. Les procédés sont pour le moment encore coûteux ».
Et de conclure en affirmant qu'il faudra attendre encore pour que les produits Canadian Solar, en service actuellement, deviennent des exemples en matière de recyclage. Mais nous sommes confiants et pensons être en mesure de développer une technologie qui assurera un coût de recyclage abordable »...
En France, nous disposons du Ceres, Centre européen pour le recyclage de l'énergie solaire, association loi 1901 à but non lucratif lancée par Jean-Pierre Palier, un ancien dirigeant d'une entreprise d'assemblage de modules basée en Chine. Cette structure entend bien s'imposer en qualité d'organisatrice du recyclage des panneaux photovoltaïques, chez nous mais également au niveau européen. Responsable des affaires publiques du Ceres, Nicolas Defrenne livre volontiers des informations sur la politique menée par cette petite structure qui monte... et qui ne veut pas être à la traîne...
Pour lui, la première des choses à mettre en place, c'est « un réseau national de collecte, tout simplement en ajoutant une benne dédiée aux panneaux photovoltaïques dans les déchetteries existantes. Car le véritable problème, c'est le traitement des petites quantités. A la suite de quoi, ces déchets rassemblés seraient acheminés vers une ligne de recyclage. La localisation de cette dernière n'est pas encore certaine, mais elle devrait être rapidement opérationnelle et capable de traiter, en 2014, 2000 tonnes de panneaux par an, autrement dit l'équivalent d'une puissance de 20 MW ».
Il faut savoir qu'actuellement, le recyclage des panneaux, nécessite le brûlage de l'Ethylène vinyl acétate (EVA), utilisé pour coller le silicium. « Nous travaillons à la mise en place d'un processus moins énergivore et plus propre. Notre recherche porte sur une méthode qui, une fois les panneaux broyés, permet d'utiliser la « chimie verte » pour séparer les différents éléments constitutifs du panneau ».
Pour optimiser le recyclage de ces panneaux, il serait bon que les installateurs anticipent et commencent dès maintenant à prévoir les pépettes nécessaires pour pouvoir assurer la reprise demain des panneaux qu'ils auront installés... On le sait... mais mieux rappeler en effet que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt !
Cela étant, précise Nicolas Defrenne, pour le cas des «entreprises qui auraient des difficultés financières pour ce faire, on ferait jouer le fonds de garantie que nous ne manquerons pas de mettre en place ; il serait financé par les installateurs et leur serait destiné».
Alors... Pourrait-on envisager une collaboration étroite, voire un rapprochement avec PV Cycle ?
Oui mais non... « PV cycle a été créé par et pour l'entreprise allemande Solar World. Le Ceres est indépendant. Et contrairement à PV Cycle, nous ne souhaitons pas faire payer les fabricants au vu des volumes, mais pratiquer des cotisations fixes aux adhérents du centre. Ceci parce que la revente des matières premières recyclées ,comme l'aluminium, le verre, l'argent, le cuivre financera bel et bien notre activité ». Dans la mesure où les membres du Ceres voient loin, ils regardent comment développer leur action au niveau européen...