Peugeot et environnement : je t'aime, moi non plus...
Faisant suite à une série d'initiatives, 14 des plus importants fournisseurs de PSA Peugeot-Citroën, représentant le quart du total des achats du groupe en 2006 (soit 7,5 milliards d'euros), se sont engagés à respecter le référentiel du groupe en matière d'exigences sociales et environnementales. Intentions louables, mais qui contrastent fortement avec la présentation au public la semaine passée des deux premiers 4x4 produits par le Groupe automobile français. En effet, chacun sait que ce type de véhicule est néfaste pour l'environnement en participant au dérèglement climatique...
Dans un communiqué, PSA Peugeot-Citroën annonce vouloir faire du respect des exigences sociales et environnementales une valeur essentielle de sa politique d’achats, au même titre que la qualité, les délais et les coûts. Pour le Groupe, l'engagement de ces fournisseurs représente "une étape importante dans la démarche de progrès continu en matière de développement durable engagée depuis 2003. Elle démontre la volonté commune de l'entreprise et de ses fournisseurs de faire respecter, partout dans le monde, des bonnes pratiques sociales et environnementales."
Dans la pratique, tous les fournisseurs actuels (près de 9 000) et futurs devront également s’assurer du respect de cette démarche auprès de leurs propres fournisseurs, selon le principe de l’entreprise étendue. Ce déploiement devra être finalisé d’ici la fin de l’année 2007.
Hasard de l'actualité, cette annonce fait suite à une nouvelle moins réjouissante et bien moins glorieuse pour le Groupe automobile français : la semaine dernière, les association "Agir pour l'environnement" et le "Réseau Action Climat" ont remis à PSA Peugeot-Citroën le prix Tuvalu du dérèglement climatique, en réaction à la sortie des deux premiers 4x4 français : le 4007 et le C-Crosser. Oups...
Ce prix est-il mérité ? Il semblerait bien que oui. En effet, alors que la Commission européenne prévoit un cadre législatif fixant un seuil de 130 g de CO2/km en moyenne à atteindre d’ici 2012 pour les véhicules particuliers neufs, Peugeot et Citroën, a contrario, profiteraient de l’actuelle absence de réglementations contraignantes pour présenter au public des voitures rejetant plus de 250 g de CO2/km, climatisation incluse.
Dans une lettre ouverte à l’attention de Christian Streiff, Président du directoire de PSA, les associations ne mâchent pas leurs mots et fustigent le lancement de ces véhicules climaticides : "La présentation publique de ce 4x4 est d’autant plus regrettable que ce panurgisme industriel laisse à penser que votre responsabilité climatique pèse moins que votre cash flow. Cette nonchalance est un signal particulièrement malvenu à l’heure où la communauté scientifique ne cesse de s’alarmer des conséquences délétères du dérèglement climatique."
Pour le Groupe automobile, il reste donc beaucoup de chemin à faire, et surtout à prendre des décisions moins contradictoires, afin de pouvoir se prévaloir d'être une entreprise vraiment soucieuse de l'environnement.
Pour rappel, Tuvalu est le nom d'une île située à quelques centaines de kilomètres à l'Est de l'Australie, et qui devrait souffrir dans les prochaines années de la montée des eaux due au dérèglement climatique.