Pesticides : l'Europe trouve un compromis
Les négociateurs du Parlement européen (PE) sont parvenus dans la nuit de mercredi à jeudi à un compromis avec le Conseil sur la future législation européenne sur les pesticides. Le Parlement votera sur ce texte en plénière en janvier prochain à Strasbourg, avant que le Conseil ne l'adopte formellement...
Le compromis trouvé porte sur deux textes législatifs : le règlement sur la production et l'autorisation des pesticides et la directive relative à l'utilisation durable de ces produits.
Voici les éléments clés du règlement sur la production et l'autorisation des produits phytosanitaires, tel qu'approuvé :
Une liste positive de "substances actives" (les ingrédients chimiques des pesticides) sera établie à l'échelle de l'UE. Les pesticides seront ensuite autorisés au niveau national sur la base de cette liste.
Certaines substances hautement toxiques (notamment celles qui sont génotoxiques, carcinogènes ou toxiques pour la reproduction, seront interdites à moins que leurs effets soient négligeables en pratique.
Les substances ayant des effets neurotoxiques pendant la croissance, immunotoxiques ou perturbatrices du système endocrinien, seront interdites si elles sont considérées comme posant un risque significatif.
Si une substance est nécessaire pour combattre une menace sérieuse à la santé des plantes, elle pourra être approuvée pour une période de 5 ans même si elle ne remplit pas les critères de sécurité.
Les produits contenant des substances dangereuses ("dont on envisage la substitution") devront être remplacés si des alternatives plus sûres existent. Les députés ont obtenu un délai plus court pour leur remplacement, soit 3 ans au lieu de 5.
Les Etats membres pourront autoriser des produits phytosanitaires au niveau national ou via la reconnaissance mutuelle. L'UE sera divisée en 3 zones (nord, centre et sud), la reconnaissance mutuelle étant la règle de base dans chacune de ces zones. Toutefois, sous la pression des députés, les Etats membres pourront être autorisés à interdire un produit sur leur territoire, notamment pour des circonstances environnementales ou agricoles spécifiques.
Enfin, la nouvelle réglementation remplacera progressivement la législation européenne actuelle. Les pesticides mis sur le marché selon les règles en vigueur pourront continuer à être utilisés jusqu'à l'expiration de la validité de leur autorisation en cours. Il n'y aura donc pas de retrait soudain et massif de produits qui sont sur le marché.
Hiltrud Breyer (Verts/ALE, DE) est rapporteur du Parlement sur ce règlement.
Voici les éléments clés de la directive sur l'utilisation durable des pesticides, telle qu'approuvée:
Les Etats membres devront adopter des Plans nationaux d'action avec des objectifs quantitatifs, des mesures et des calendriers en vue de "réduire les risques et conséquences de l'utilisation des pesticides" pour la santé humaine et l'environnement ainsi que des mesures destinées à promouvoir une gestion intégrée de la lutte contre les parasites et des méthodes alternatives de contrôle. De plus, des calendriers et des objectifs pour une utilisation réduite seront fixés sur la base d'indicateurs. Les députés, soucieux de faciliter la conclusion d'un compromis avec le Conseil, ont renoncé à demander un objectif de réduction de 50%.
La pulvérisation aérienne des cultures sera interdite de manière générale, moyennant des dérogations soumises à l'approbation des autorités. Les demandes de recours à une pulvérisation aérienne devront être présentées en temps voulu aux autorités. Si ces dernières ne répondent pas dans un délai fixé à une demande soumise conformément à un plan d'application approuvé à l'avance, la demande sera réputée acceptée.
Les Etats membres devront veiller à ce que les mesures appropriées soient prises pour protéger l'environnement aquatique et les captages d'eau potables des conséquences des pesticides. Ces mesures incluront des zones tampons pour la protection des organismes aquatiques et des zones de protection des eaux de surface et des eaux souterraines utilisées pour l'approvisionnement en eau potable, zones où il sera interdit d'utiliser ou de stocker des pesticides.
Enfin, le Parlement et le Conseil se sont mis d'accord pour interdire l'utilisation de pesticides ou pour la maintenir à un niveau minimum dans des zones particulières utilisées par le grand public ou des groupes vulnérables tels que les parcs, les jardins publics, les terrains de sport, les cours de récréation, les enceintes scolaires et les terrains de jeux, ainsi qu'à proximité d’infrastructures de santé publique.
Christa Klaß (PPE-DE, DE), est le rapporteur du Parlement pour cette directive.
Cet article est à lire en complément de notre précédente dépêche : Pesticides : l'UE donne priorité à la sécurité.