"Du réemploi des matériaux à la transformation des quartiers : recycler la ville ?" : tel était le thème du petit-déjeuner débat organisé le 10 mai dernier à Lille par l’Observatoire de la Ville, sous l’égide de la Fondation d’Entreprise Bouygues Immobilier. Cet événement, qui a mobilisé une centaine de participants, a permis de présenter différents travaux menés par des architectes, urbanistes et entreprises de la région…
Devenir une ville recyclable est un défi pour la ville elle-même, les urbanistes, les architectes, mais également pour ses habitants qui sont les premiers concernés par cette reconversion. "Il faut penser la forme urbaine autrement, pour inventer une ville qui puisse évoluer, se transformer et s’adapter aux changements de l’économie et de la société", indique Christian Devillers, architecte-urbaniste. Selon lui, 5 paramètres sont à analyser pour inventer la ville de demain : sa mixité (sociale, générationnelle, etc.), sa gouvernance, sa transformabilité, sa résilience et sa recyclabilité (réemploi ou recyclage des matériaux existants). Ces paramètres, qui sont liés, doivent être pris en compte à toutes les échelles : bâtiment, quartier et ville.
Comment penser la rénovation d’un bâtiment tout en sauvegardant ses énergies grises ? C’est à partir de cette réflexion que le collectif belge Rotor a lancé une filière de réemploi des matériaux de construction de seconde main en Belgique. Partant du constat qu’il existe dans le pays de nombreuses possibilités pour se procurer des matériaux de seconde main, Rotor a recensé les fournisseurs sur une plateforme afin de faciliter la rencontre entre acheteurs et revendeurs. Mais, pour que le réemploi fonctionne sur un projet neuf, "il faut homogénéiser les matériaux pour les réutiliser facilement", indique Maarten Gielen, co-fondateur de Rotor. "Nous nous sommes alors lancés dans la réécriture des codes techniques de matériaux afin de fluidifier ce marché de seconde main". Pour aller plus loin, Rotor propose l’enlèvement de tous les réutilisables d’un bâtiment avant sa démolition.
L’atelier Hart Berteloot initie également un projet de réemploi des matériaux, dans la métropole lilloise. "Nous menons une réflexion de réaménagement du site et des bâtiments de la ferme pédagogique de Roost Warendin (59). Notre intervention consiste à récupérer des matériaux et des déchets de chantiers de déconstruction dans la métropole lilloise pour réaliser les nouveaux bâtiments de la ferme. Ce recensement est une étape préalable avant de démarrer les plans et doit être intégré dès l’amont du projet", expliquent Heleen Hart et Mathieu Berteloot, architectes.