PDEDMA Ariège : le débat public s'engage...
En Ariège, la révision du plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés (PDEDMA) est en cours. C'est désormais le temps de la concertation et du débat public, sachant qu'à la fin de l'année, les maires et les conseillers généraux devront avoir choisi la prochaine organisation de traitement des déchets ménagers et assimilés. Parmi les solutions, trois technologies sont proposées : l'incinération avec valorisation énergétique, le prétraitement mécanobiologique avec une unité de compostage, l'enfouissement en casier avec accélération de la fermentation et valorisation énégergétique du biogaz...
Actuellement le cet de Manses accueille 50 000 tonnes de déchets ménagers/an et ceci depuis une dizaine d'années. Avec la révision du PDEDMA la question d'un nouveau mode de traitement se pose. Dans ce cadre, le Conseil Général de l'Ariège et le comité de pilotage étudient trois solutions :
L’incinération avec valorisation énergétique (UIOM) ;
Le prétraitement mécanobiologique avec usine de compostage, valorisation agricole du compost (PTMB) et enfouissement des refus ;
Le bio réacteur réversible produisant du méthane par enfouissement en casier, fermentation accélérée avec valorisation énergétique du biogaz produit (BRR).
Selon notre confrère Ariègenews, une réunion publique sur le thème de l'incinération vient d'être organisée par Simone Verdier, maire de Manses, Nicole Quillien, maire de Mirepoix, Jean-Jacques Michau, président de la communauté de communes et Jean Cazanave, conseiller général du canton de Mirepoix . Avaient aussi fait le déplacement, Fernand Roig, Président du Sydetom66 (Syndicat de traitement des ordures ménagères des Pyrénées orientales) qui exploite une usine d’incinération ultra moderne et Jean-François Narbonne, Professeur chercheur en toxicologie à l’Université de Bordeaux I, expert en contrôle de l’impact des incinérateurs sur l’environnement et la santé publique.
« Des trois solutions étudiées, commente le maire de Manses, notre territoire préfère l’incinération parce qu’elle est la mieux connue, la plus contrôlée et la plus fiable de toutes les filières actuelles d’élimination des déchets, parce qu’elle est productrice d’énergie et qu’elle mettra un terme aux nuisances provoquées par la décharge (odeurs, goélands, salubrité publique…).
L’élimination des déchets est une question qui nous engage pour les générations futures. C’est pourquoi nous organisons une réunion d’information et de débat sur l’incinération, ses avantages et ses inconvénients comparés aux autres solutions… nous ouvrons la réflexion en invitant les maires de tout le département et plus généralement tous les ariégeois qui souhaiteraient s’exprimer»
« Il y aura certainement polémique, nous défendons les intérêts du territoire qui coïncident avec la filière de l’incinération. L’avis des conseillers généraux n’est pas encore formé, le président Bonrepaux n’a pas d’idées préconçues. On assiste ce soir au démarrage du débat public» précise jean Cazenave
Fernand Roig, commente le choix de l'uiom à Calce : « La nouvelle UTVE ne rejette pas de gaz, c’est la plus performante d’Europe … en 2000 quand nous avons décidé d’opter pour un incinérateur, nous nous sommes heurtés à l’image qu’avait laissé la dioxine dans les années 80… Dans cette usine nouvelle génération les fumées sont traitées avec du charbon actif et du lait de chaux… depuis sa mise en service nous réalisons des analyses (avec un laboratoire indépendant) tous les ans pour rassurer les viticulteurs qui cultivent leurs vignes au pied de l’usine…
Aucune dégradation n’a été enregistrée… les mâchefers à la sortie de l’usine sont utilisés en sous-couche routière. De plus cette usine d’incinération a une forte valorisation énergétique, elle produit 21,6 mégawatts (soit la rentabilité de 57 éoliennes), elle représente 7 millions d’euros de recette électrique. A la sortie de la turbine, la vapeur d’eau est à 60°, actuellement elle est refroidie mais nous avons un projet avec la communauté de communes de Perpignan-Méditerranée qui permettrait d’utiliser cette chaleur perdue pour chauffer des serres hors-sol.
Nous sommes persuadés que l’incinération constitue à l’heure actuelle le meilleur système de traitement mais il ne doit pas être considéré seul, il faut aller au-delà en insistant sur le tri et le compostage pour les déchets verts.
Notre centre de tri recevait 4000 tonnes de déchets en 2003, en 2007 nous sommes passés à 23.000 tonnes… La politique du tri c’est l’avenir de l’humanité. Nous avons distribué un composteur individuel par foyer, soit 150.000 euros subventionnés par l’ADEME»
Jean-François Narbonne, Professeur-chercheur en toxicologie à l’Université de Bordeaux I, expert en contrôle de l’impact des incinérateurs sur l’environnement et la santé publique, qui dénonce la pollution des anciens incinérateurs, déclare qu'il n'y a pas de solution unique et qu'il faut prendre en compte les caractéristiques locales. «Si l’on peut discuter de la place de l’incinération dans les filières de traitement des déchets ménagers aujourd’hui, il s’agit d’arguments techniques et non plus d’arguments de santé publique» aurait-il ajouté.