Pays-Bas : les biodéchets, sous les feux de la rampe
Au cours de la période 1990/2000, la politique de traitement a tout d’abord été axée sur les biodéchets ménagers et les boues d’égout. D’autres catégories de biodéchets ont ensuite été prises en compte, en tant que sources potentielles d’énergie durable. L'objectif étant d'éviter leur infouissement à tout prix ; de fait, les tarifs liés à la mise en décharge sont calculés de façon à ce que le message soit parfaitement bien compris. Martin Van Nieuwenhove, conseiller en politique environnementale nous en raconte l’épopée au plat pays…
L'objectif de la politique de traitement des boues d’égout a consisté à réduire les quantités mises en décharges et à promouvoir les applications locales. Des mesures vigoureuses ont été adoptées dans ces deux domaines ; des normes très strictes ont été adoptées en matière de contenu en métaux lourds et en autres composants et l'incinération a été adoptée en tant que norme minimale de traitement pour les boues non conformes à la qualité requise pour la récupération à des fins de valorisation matière.
En ce qui concerne les biodéchets ménagers (déchets de jardin, et déchets organiques de cuisine), le principal objectif était la réduction du volume des déchets solides municipaux et partant, des quantités mises en décharge.
Avec une capacité totale de 1,7 million de tonnes par an, le compostage demeure le procédé de traitement des biodéchets ménagers le plus courant (essentiellement en raison des faibles risques techniques). Il existe actuellement quelques petites installations de traitement anaérobiques d’une capacité totale de seulement 90 000 tonnes par an. Environ 75% du compost sont absorbés par le secteur agricole (y compris les cultures sous serre), 15% sont vendus en tant que fertilisants de jardin et 10% sont utilisés pour les espaces verts publics.
Un dispositif obligatoire de collecte séparée des biodéchets ménagers a été adopté en 1994 et s’est avéré une mesure très efficace. Le résultat a été une réduction de 1,5 million de tonnes de la quantité de déchet solides municipaux produits en l’espace de 5 ans. Ce chiffre n’est plus actuellement que de 1,4 million de tonnes ce qui s’explique essentiellement par la faible performance autant qualitative que quantitative des dispositifs de collecte séparée des biodéchets ménagers dans les zones à très forte densité de population.
Environ 50% de la quantité totale de biodéchets ménagers a pu être collectée séparément, ce qui correspond à une moyenne de 93kg/an/hab. ou d’environ 23% du volume total des déchets ménagers. Les chiffres se sont plus ou moins stabilisés depuis 1996, à 90 kg/an/hab. Il se peut que la collecte séparée des biodéchets ménagers revêtisse un caractère conjoncturel mais elle s’est également avérée une solution efficace conforme à la directive européenne sur les déchets, car le contenu organique des déchets solides municipaux peut être diminuée de manière significative. Les Pays-Bas ont donc pu se mettre en conformité avec la directive avant même son entrée en vigueur.
Les taxes sur les décharges ont eu un impact positif en matière de promotion de la récupération et ont entraîné l’adoption de nouveaux projets de mise en oeuvre de méthodes durables de traitement des déchets. A un coût net de 100€ la tonne, les procédés de récupération sont en général très compétitifs par rapport à la mise en décharge et à l’incinération.
La taxe sur les déchets de 1995, de 13 €/tonne, s’est avérée une mesure efficace de diminution des quantités de déchets de bois mis en décharge. Une augmentation des exportations des déchets de bois vers les pays producteurs de panneaux de particules (Belgique notamment) et pour leur utilisation da s des centrales électriques (Allemagne) a en revanche été observée.
La taxe obligatoire sur les décharges adoptée en 1998, à 22 € la tonne s’est avérée une mesure efficace de limitation des quantités de biodéchets mis en décharge. Depuis cette date, les biodéchets collectés sont incinérés lorsqu’ils ne sont pas adaptés pour le compostage. La taxe sur les décharges est actuellement à 87€ la tonne pour les déchets de moins de 1 100kg/mp3 et de 15 €/tonne pour les autres déchets.
Le retrait des biodéchets des décharges a constitué une importante contribution à la limitation des émissions de méthane. La part globale des émissions de CO2 (eq) due à la gestion des déchets a connu une évolution remarquable entre 1990 et 2004. Le niveau annuel d’émissions de CO2 (eq) provenant des déchets est passé de 12,7 millions de tonnes en 1990 (6% des émissions totales de CO2 (eq) à 0 ,8 million de tonnes en 2004 (0,5% des émissions totales de CO2 (eq).
Depuis 2000, de nombreuses catégories de biodéchets relevant des objectifs de mise en place des politiques d’énergies renouvelables ont été « découvertes » sur le plan intérieur, le niveau total de production de biodéchets atteint 11 millions de tonnes par an.
Les biodéchets regroupent actuellement un grand nombre de catégories de déchets organiques différentes. Le potentiel de récupération de ces déchets ne peut être évalué que séparément au regard de leurs caractéristiques et en fonction de la solution de traitement la plus durable.
Bien que la plupart des nouvelles mesures d’énergisation des biodéchets soient axées sur des brûleurs de bois ou des installations de fermentation à petite échelle, l’incinération des DSM et les installations combinat production de chaleur et d’énergie, en termes de co-incinération à faible consommation d’énergie fossile, continueront à constituer la contribution la plus importante au cours des prochaines années.