Ici, on ne jette rien : on recycle. Et on ne fait que ça, à partir des tas de gravats qui arrivent chaque jour sur le site. L’action se passe sous un pont, quand bien même les équipes sont sur le pont. 120 000 tonnes triées chaque année, bientôt 150 000, ça commence à faire du bruit, ce qui ne veut pas dire que l’entreprise croule sous la charge : elle assure ! Pour aller à l'essentiel, nous avons été conviés à la journée portes ouvertes, organisée par le groupe sur le site de Paprec Chantiers au bout du bout du port autonome de Gennevilliers. Là, des équipes s’activent et se sont mises en quatre pour démontrer la beauté de leur métier…
Sous le pont autoroutier de Gennevilliers, l’installation de tri des déchets de Paprec Chantiers en a fini avec les travaux : mise en service depuis juillet 2010, elle réceptionne de 7 à 21 heures, les déchets de chantiers qui arrivent le plus souvent en mélange, déferlant qui par la route, qui par le fleuve afin d’y être triés puis recyclés. L’atout fluvial est loin d’être négligeable : sous peu, la Mairie de Paris interdira en effet, purement et simplement la réception de déchets hormis celle pratiquée via le fleuve…
Après quelques péripéties faisant naviguer le projet de Gennevilliers à La Courneuve avant d’atterrir sous un pont, et sur lesquelles on ne s’étendra pas, on pose (enfin) les valises : un arrêté du préfet des Hauts de Seine autorise en effet l’exploitation du centre de tri et de transit des déchets non dangereux de chantier et encombrants en date du 5 mars 2010… Depuis lors, la chaîne de tri, largement automatisée est établie sur un terrain étroit et tout en longueur, sous les piliers du pont autoroutier, route de Seine…
17 juin, on met le cap sur le port de Gennevilliers : Paprec Chantiers ouvre ses portes, à l’invitation de Jean-Luc Petithuguenin, président directeur général du groupe…
« Les journées "portes ouvertes" sont l’occasion unique de visiter nos sites et nos filiales. Vous allez découvrir comment fonctionne une usine de recyclage certifiée et rencontrer les femmes et les hommes qui la composent », annonce Claude Solarz, l’un des bras droits de Jean-Luc Petithuguenin, PDG de Paprec Recyclage.
Le moins qu’on puisse dire est qu’on n’est pas déçu du voyage…
Grâce à vous, nous créons de nouvelles matières premières, contribuant ainsi à l’économie substantielle de ressources…
Ici, arrivent des gravats le plus souvent en mélange et d’origine francilienne : trois familles pour l’essentiel. Les déchets de démolition, les déchets de construction neuves et les déchets de réhabilitation de constructions existantes. On retiendra aussi le partenariat avec Raboni, vieux de dix ans déjà, qui permet à Paprec de reprendre les matériaux provenant des déchèteries installées sur les dépôts du fournisseur de matériaux aux artisans et entreprises…
Le recycleur récupère auprès des déchèteries professionnelles qu’il gère.
Pour l’heure, on traite environ 500 tonnes jour, soit 120 000 tonnes par acheminées via la logistique du groupe Paprec. Fin 2011, début 2012, on mise sur les 150 000 tonnes annuelles, étant entendu que la capacité nominale de l’installation est de 180 000 tonnes annuelles.
Le plus souvent non triés ou presque, tout reste à faire…
A l’avenir du fait de la multiplication des constructions HQE, on parviendra sans doute à mettre à disposition des bennes ou conteneurs dédiés afin de procéder à un tri sur site. A ceci près qu’il faudra prendre le temps de le faire et avoir la place pour le faire… rappelle en substance Erwan Le Meur, directeur du site.
Pour l’heure, on n’en est pas là…
Arrivent pêle-mêle, bois, plastiques, emballages cartons, métal, bouts de câbles, ferrailles, laine de roche, polystyrène et des déchets inertes (plâtre, béton, cailloux, moellons…). Pré-Triés au sol, par un grappin, qui sort immédiatement du lot, matelas, palettes, moquettes et tout ce qui empêche un tri ultérieur de qualité, tout ce qui résiste à cette première étape est ensuite convoyé vers un tapis puis un trommel. Le crible extrait les fines, le gros du lot, et la fraction dont la granulométrie est comprise entre 30 à 200 mm.
A ce stade, seules les fines sont exclues du process. Puis, on affine, au fur et à mesure …
L’idée, on l’a bien compris est de séparer les corps légers, des corps lourds, de distinguer les gravats, du bois, pour faire court. A la suite de quoi, il s’agit de prélever du vrac tout ce qui se recycle…
L’installation technique, on la doit à la société Lheureux et à monsieur Ferrary en particulier… C’est ce qu’on nous a raconté : avec deux patronymes pareils, on ne peut, rencontrer que le succès. Et c’est vrai que ça marche ! Pour preuve, on nous annonce 25 à 30% seulement de déchets ultimes. C’est topissime !
Mais revenons au process. Une fois pré triés, les déchets sont déversés dans une trémie de réception, rattachée à un tapis qui achemine le tout vers un trommel.
Là, on sépare les déchets dont la granulométrie est inférieure à 30 mm (les fines) et ceux dont la granulométrie dépasse les 200 mm. Il reste alors les déchets dont la granulométrie est comprise entre 30 et 200mm.
S’en suit un tri aéraulique (soufflerie) qui sépare les corps légers du reste. Puis on pratique un tri magnétique afin de séparer la fraction ferraille du volume.
A la suite de quoi, c’est la « douche froide » pour le bois et les gravats. La zone de flottation passe à l’action : les gravats coulent, les bois et autres déchets flottants restent en surface…
Le bois est récupéré, tandis que les gravats repartent pour un tri négatif : objectif, fournir des gravats parfaitement propres en sortie de chaîne.
Les gros morceaux, tous déchets confondus (supérieurs à 200 mm) parviennent de leur côté dans la cabine de tri manuel classique, équipée d’un tapis qui roule à vitesse lente de sorte que les 14 ou 16 trieurs répartis de part et d’autre de l’installation puissent prélever les films plastiques qui s’enroulent volontiers autour des autres matériaux, les plastique srigides, les bois, les tuyaux PVC, les gros blocs de pierre ou de bois mais aussi le plâtre (ce dernier pèse tout de même 10 à 15 tonnes par jour !).
Et notre guide de nous expliquer « qu’on trie ici en moyenne 45 tonnes par heure ! », proprement qui plus est. Et donc, pas question de rejeter de cochonneries… « Aussi, on travaille en circuit fermé : une sorte de canalisation enterrée disposant d’un volume de 600 m3 environ fait office de bassin de rétention. En aval, un décanteur traite les eaux de lavage (flottation) qui repartent vers les cuves de flottation ».
Pour conclure, « on mise sur la professionnalisation du métier » et donc l’évacuation progressive des têtes de mule qui persistent à vouloir travailler en ternissant l’image d’une profession qui n’a que de belles perspectives pour qui veut les anticiper et conquérir de nouveaux marchés.