Papiers : les journaux gratuits en font des tonnes
81 tonnes par jour de déchets papiers résultant de la lecture rapide de ces journaux gratuits « fournis » généreusement et au quotidien aux entrées de bouches de métro. Tel est le constat. Alors : quoi qu'on en fait? Tout le problème est aussi de savoir qui paie l’addition…
Le journal gratis se lit vite et n’a « aucune valeur » puisqu’on ne l’a pas acheté. Mais il pèse de tout son poids. On le laisse donc bien volontiers derrière soi, le plus souvent, dans le métro. Dans les wagons, dans les poubelles disposées sur les quais sur les bancs ou à même le sol. Bref : sur le réseau RATP. C’est bien le problème et la question du tri des journaux préoccupe de plus en plus la Régie Autonome des Transports Parisiens, car chaque jour, des tonnes de ces journaux traînent dans les couloirs du métro. Pour les non utilisateurs du réseau sachez que la RATPO s'est fendu d'un petit poème :
"Attrapé à la volée,
Feuilleté en vitesse sur le quai,
Lu et relu, même l’édito,
Classique pour le journal du métro!
Mais sur le siège abandonné,
Glissé, tombé, piétiné, déchiqueté,
Eh oui, pour le pauvre journal, la poubelle
Eut été, ô combien, une fin plus belle…"
Avec 4 titres de gratuits (Direct Matin, 20Minutes, Métro, Direct Soir), 5 jours sur 7, Paris est submergé par deux millions d’exemplaires (source OJD, association pour le contrôle de la diffusion de la presse).
Les deux titres du groupe Bolloré (DirectMatin et DirectSoir) représentent à eux seuls la moitié de ce chiffre: 954 200 exemplaires. Métro et 20 minutes y contribuent (avec 858 300 copies) auxquels il faut ajouter le petit apport hebdomadaire d’A Nous Paris (294 600), le magazine de la RATP.
Et cest ainsi que ces petits rencards du matin, aparemment apprécié des voyageurs se transforment en une montagne de déchets déchets papiers : 81 tonnes de papier traineraient le soir sur les quais et les trottoirs. Un volume important qui pourrait être recyclé. Même s'il est vrai que la baisse des cours n'incite peut être pas à la réflexion allant dans ce sens.
La mise en place des poubelles de tri (sacs jaune) constitue un début de réponse : il en existe 1 700 environ à ce jour. Toute la question est de savoir qui va devoir payer l’inévitable « douloureuse »…
Si l’on s’en réfère à ce qui se pratique de l’autre côté de la Manche, ce triste constat s’est traduit par des mesures concrètes. Ainsi, dans la City of Westminster, important arrondissement londonien, la mairie a pourvu les gares et les stations de métro de corbeilles de tri, dédiées aux gratuits. De fait, la mesure a été rendue nécessaire dès 2006, date de l’arrivée des gratuits du soir dans ce quartier.
En effet, la lutte commerciale entre les deux titres principaux, London Lite et Thelondonpaper, avait généré une guerre des tirages, avec une salve d’environ 250 000 exemplaires (soit 12 tonnes de papier environ) par soirée, dans ce quartier BCBG.
Au top de l’exaspération, convaincu que ce tas de papier c’était « too much », le City Council a, en janvier de l’année dernière, obtenu que les deux éditeurs, Newspapers International et Associated Newspapers, acceptent d’installer 56 corbeilles de tri dédiées en renfort des 158 poubelles municipales. Et le tout à leur frais (environ 600 € la corbeille et le coût du traitement et du recyclage), avec interdiction de vendre des espaces publicitaires sur les corbeilles en question.
Résultat : sur les six premiers mois, 120 tonnes de papier ont été recyclées, allant s’ajouter aux 465 tonnes collectées dans la même période par la ville…