Papier recyclé : le Sénateur de la Charente monte au créneau
On aimerait tant qu’il y ait davantage d’hommes politiques de cette trempe expliquant avec panache, que le prix des denrées alimentaires a explosé au cours de cette dernière décennie, au détriment du bien-être des consommateurs…
Hier ce n’était pas le coût du pain ou des pâtes, mais celui de la pâte à papier recyclée qui faisait débat, au Sénat, afin de défendre les difficultés rencontrées par les papeteries charentaises, dans le cadre de la séance des questions au gouvernement.
Le sénateur de la Charente a en effet soulevé un point crucial selon lui : le prix jugé exorbitant des matières premières des papeteries, à savoir le coût des papiers recyclés.
"Alors qu’il y a encore dix ans le coût fluctuait autour de 44 euros la tonne, il atteint aujourd’hui 110 euros, sans compter les frais liés au transport. Les conséquences, pour la trésorerie des entreprises, sont donc loin d’être négligeables", a notamment déclaré l’homme politique.
Avec en sous-entendu qu’à ce prix là, seules les grosses boîtes peuvent s’offrir le luxe de se fournir sans difficulté. Et de noter que ce sont, le plus souvent, des entreprises étrangères qui achètent cette matière française…
Si le problème n'est pas nouveau, il est bon pour se faire une plus juste opinion des situations, de ne pas se contenter d'un seul son de cloche, à savoir celui des seuls papetiers (voir notamment Recyclage des papiers cartons: n'en jetez plus! ).
"Les syndicats de récupération du papier admettent eux-mêmes revendre la plus grande partie de leur collecte en dehors du département, les règles des marchés publics ne leur permettant pas d’instaurer une préférence locale", a également déclaré Michel Boutant, regrettant évidemment la fermeture des papeteries de Veuze (basées à Magnac-sur-Touvre) "qui a profondément traumatisé un département doté d’une filière papier vieille de plusieurs siècles et reconnue pour sa qualité".
L'élu local estime nécessaire de "tout faire pour sauvegarder et développer l’activité de notre industrie". Et pose une question simple : "l’État peut-il intervenir?"
La réponse ne se fait pas attendre ; elle est signée Axelle Lemaire, secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie, qui a précisé que "le député Serge Bardy est chargé d’une mission sur ce sujet"(voir Le recyclage et Matignon: quasiment la passion) et que donc, "nous serons de plus en plus tenus par l’obligation de proximité de la valorisation, et devrons être attentifs à l’impact économique local". Et d’ajouter qu’en cette période de mutation économique, "la filière sera accompagnée". "Nous attendons les conclusions de la mission parlementaire".
Peut-être serait-il instructif que le chargé de ce rapport effectue un bench marking auprès des pays voisins tels que l'Allemagne et l'Espagne, où l'on paie souvent les matières premières recyclées plus cher qu'en France, mais où les papetiers ont choisi de longue date aussi, d'investir, tout simplement, afin de moderniser leurs unités de productions...