
Ce matin, la Copacel présentait le bilan annuel du secteur papetier. Avec un coup de flash sur les papiers recyclés... Le redressement de la production, engagé dans la deuxième partie de 2009, s’étant poursuivi et généralisé à l’ensemble des secteurs de l’industrie papetière, ce n'est pas sans conséquence. Le secteur, marqué également par un retour de capacités qui avaient connu des difficultés, est naturellement caractérisé par une une progression significative de la consommation de produits papiers-cartons récupérés (+5,6 %) dans un contexte européen de croissance particulièrement forte en Allemagne (+6 %)...

De ce fait, la récupération a progressé en volume (+1,2 %) mais à un rythme inférieur à celui de la production (+5,3 %) ; la croissance continue de la production entraînant classiquement un décalage dû au temps de retour des produits usagés.
Il en est résulté des tensions dans la chaîne d’approvisionnement, qui ont conduit à la fois à des ralentissements, voire des arrêts de machines en France et en Europe, et des hausses significatives de prix des papiers-cartons récupérés.

Devenue excédentaire en 2003, pour la première fois dans l’histoire de notre industrie, la balance commerciale des produits papiers et cartons récupérés n’avait cessé de voir son excédent progresser, même si du fait de la place de la France dans l’espace européen, les échanges demeuraient à haut niveau.
La nouvelle “disponibilité“ s’accompagnait d’une baisse régulière des importations, les usines françaises ayant enfin la capacité de s’approvisionner à proximité.
2010 marque une rupture, avec un repli du solde net (-15,4 %) mais surtout une augmentation significative des importations (+7,7 %) alors que le volume global d’exportations (-8,8 %) a diminué. Le solde, s’il s’est réduit, reste en net progrès par rapport à 2008 et sur une tendance croissante, l’année 2009 présentant des caractéristiques exceptionnelles.

2010 a été marquée par une baisse sensible des exportations européennes vers l’Asie, et particulièrement la Chine, après, il est vrai, une année 2009 singulière. Ce recul a constitué un élément important mais il a été compensé, pour une large part, par l’accroissement significatif de la demande des usines allemandes (près de 40 %) tandis que l’Espagne (1ère destination des exportations françaises de PCR) retrouvait des niveaux élevés. Cette pression a conduit à un développement des importations françaises en provenance des autres pays européens avec un retour du Royaume-Uni alors que l’Allemagne voyait sa part se réduire de nouveau.
La montée en puissance de la production allemande entraîne des besoins élevés de papiers de récupération et, dans le même temps, les disponibilités des pays de l’Est européen se réduisent du fait du démarrage de nouvelles capacités, contraignant les usines allemandes à modifier leurs courants d’approvisionnement.
Cette situation mouvante en 2010 a contribué à accentuer les tensions déjà signalées malgré la baisse de la demande chinoise.

Bien que disposant d’une collecte excédentaire, l’industrie française des papiers-cartons a connu "une année difficile pour ses approvisionnements placés de façon répétée sous la menace de ruptures, sans oublier naturellement la grande volatilité des prix qui en résultait".
L’évolution des dix dernières années est de ce point de vue à considérer. "Handicapée jusqu’en 2003 par une mobilisation insuffisante des sources et contrainte à des importations lointaines, l’industrie papetière française n’offrait pas des conditions très favorables à l’investissement. A cette époque, elle recyclait cependant 75 % (2004) de produits collectés en France et importait 19 % de sa consommation, soit l’équivalent de 17 % de la collecte française.
En 2009, elle ne recyclait plus que 61 % de la collecte française et devait importer l’équivalent de 11 % de celle-ci, sachant que 28 % de ce qui était collecté était exporté (11 % vers l’Asie)".
Au delà du “phénomène frontière“, il apparaît là, pour la Copacel, une situation paradoxale : "alors que l’économie française devrait pouvoir bénéficier pour sa croissance et son développement de ces ressources “fatales“ que constituent les produits usagés, non seulement elle n’en a pas bénéficié mais notre industrie a connu des difficultés d’approvisionnement"...

