Navires en fin de vie : les Recycleurs Bretons en direct !

Le 19/05/2010 à 20:37  
Navires en fin de vie : les Recycleurs Bretons en direct !
Le chalutier Anthémis Connaissez-vous, les Recycleurs Bretons... Cette PME qui exploite plusieurs sites en Bretagne est spécialisée dans le recyclage métallique et génère actuellement un chiffre d'affaires de l'ordre de 10 millions d'euros. Elle emploie 55 personnes et ambitionne de devenir dans les prochaines années une référence locale dans le traitement des déchets industriels. Son objectif est d'atteindre un chiffre d'affaires de 25 millions d'euros et de créer 40 à 50 emplois d'ici 2015. Pour y parvenir, l'un des axes de sa croissance devrait provenir du démantèlement des navires en fin de vie où son savoir-faire n'est plus à démontrer. Dernière réussite en termes de déconstruction de navires, celle de l’Anthémis, un chalutier de 400 tonnes...

 Aujourd'hui l'entreprise les Recycleurs Bretons qui existe sous cette dénomination depuis 2004, est installée à Brest, Morlaix et depuis le mois de janvier dernier à Guingamp. Elle collecte aux environs de 20 000 tonnes de ferrailles/an dont 20% proviennent de la déconstruction des navires. Ce département représente 10% du chiffre d'affaires. Or, c'est notamment sur cette activité que son dirigeant, Pierre Rolland, envisage un développement dans les Côtes d'Armor. Et, il a des arguments pour cela...

 L'expérience du démantèlement d'équipements maritimes ne manque pas. Les Recycleurs Bretons  ont déjà réalisé le démantèlement d’importants équipements, comme par exemple :
- un ponton grue de 3 600 tonnes ;
- des équipements flottants de la Marine Nationale : ports de bassin, ras débordoirs, etc ;
- des grues de levage ;
- des navires de pêche ;
- des bateaux de plaisance ;
Les clients des Recycleurs Bretons sont les propriétaires de navires de pêche et de transport de passagers, la marine nationale et la marine marchande. A court terme, ils prévoient de démanteler 3 bateaux de pêche dans les infrastructures du port du Légué qui peuvent recevoir des navires jusqu'à 500 tonnes. A cet égard, ils regrettent que les capacités portuaires soient encore limitées 

 Un exemple de Déconstruction
 "Anthémis" est un chalutier de 400 tonnes, semi-industriel, du quartier de Saint-Brieuc. Immatriculé SB 683098, il a été construit sur coquePelle munie d'un grappin d’acier en 1985. Il appartenait à l’armement Jean Porcher. Sa déconstruction s'est éffectuée sur le port du Légué géré par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Saint-Brieuc. Pour cela, les Recycleurs Bretons disposent d’engins de levage spécifiques : pelle, grue et pince hydraulique.Ils utilisent d’autres méthodes pour le démantèlement des navires comme les oxycoupeurs (chalumeau réglé pour le découpage de métal) et la découpe plasma (au gaz plasma).

 Première étape : la dépollution. Il s’agit de dégazer les soutes du navire et de pomper l’ensemble des polluants : huiles, carburants et autres fluides. Ces opérations sont réalisées par une filiale , Alzeo environnement, basée à Brest et à Rennes.

 Seconde étape : la dépose des matériels de ré-emploi. Il s’agit d’extraire du navire les moteurs, les pompes, les groupes électrogènes, les compresseurs, etc. L’ensemble de ces opérations est toujours effectué à terre. Puis, on procède au dégagement des zones de vie : cuisine, cabines, etc.

 Troisième étape : la déconstruction. Il reste alors la coque du bateau et ses équipements de chalutage en acier. La déconstruction s’opère avec des cisailles, des pinces de découpe et au chalumeau. Le bateau est à quai Une pelle équipée d’un grappin procède au démantèlement de la passerelle et des postes d’équipage. Puis, c'est au tour, du démontage du portique du chalut et sa découpe au chalumeau Il reste la coque du bateau et le pont principal. Sortie du bassin, la déconstruction est poursuivie à terre.. La manoeuvre est effectuée par un portique roulant télécommandé qui appartient à la Chambre de Commerce de Saint-Brieuc. Il reste 295,5 tonnes de matériaux à déconstruire. 

Démontage du portique du chalutierL’expérience et la complémentarité des métiers des Recycleurs Bretons leur permettent d’optimiser la « seconde vie » des matériaux. En effet, plus de 95% des matériaux composant le navire sont recyclés.
 
 Réemploi : les moteurs, les centrales hydrauliques, les compresseurs, les centrifugeuses, les lignes d’arbres, les hélices, les treuils… Toutes ces pièces sont destinées à une seconde vie sur d’autres navires en France, à Saint-Pierre et Miquelon, ou en Afrique.

 Recyclage : l’ensemble des matériaux composants le navire, tels que le bois, les plastiques, parfois le béton, sont recyclés dans des filières de valorisation . Le bois, broyé et criblé, est employé pour la fabrication de panneaux compressés. Les plastiques, PVC et PEHD (Polypéthylène haute densité), sont broyés, extrudés et réutilisés en PVC pour la fabrication de tuyaux d’évacuation, de revêtements de sol ou de toitures, de fibres textiles) ou en PEHD pour la production de tuyaux électriques, de poteaux de clôture et de bacs à ordures ménagères…. Les bétons sont broyés en granulat et réutilisés en sous-couche routière et remblais. Quant aux ferrailles, une fois dimensionnées, elles sont expédiées à destination des aciéries de Bayonne ou du Nord de l'Espagne. 

A ce jour, seuls 5%, des déchets sont non valorisés. C'est le cas des isolants, comme la laine de verre et les panneaux isolants, et certains déchets (les bouts, les déchets souillés…) qui ne sont pas recyclés. Ces déchets sont orientés vers des centres de stockage de classe 2 (déchets non-dangereux) ou des incinérateurs pour une valorisation énergétique.