Naples : Prodi règle leur compte aux ordures
De source AFP Rome, le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, a pris hier des mesures pour "régler de façon définitive" la crise des ordures qui touche Naples (sud), réquisitionnant l'armée pour déblayer les zones les plus touchées et annonçant la construction de trois incinérateurs dans la région.
"Il y aura un recours aux forces armées pour les cas urgents", a déclaré Romano Prodi à la presse à l'issue d'une réunion avec les ministres concernés. Les militaires devraient ainsi être employés à dégager les plus de 110.000 tonnes d'ordures qui encombrent depuis fin décembre la région de la Campanie, dont 5.200 tonnes pour la seule ville de Naples, en raison de la saturation du système de traitement des déchets. Il a souligné que le plan gouvernemental devrait "régler de façon définitive le problème" et a promis de "mettre fin à 14 ans d'état d'urgence" dans la région en matière de déchets.
Les mesures vont notamment aider la Campanie à "atteindre l'autosuffisance en termes d'enfouissement" de façon à "éviter le recours à l'exportation" des ordures vers l'étranger, comme c'est le cas actuellement avec l'Allemagne à laquelle l'Italie envoie des convois de déchets à traiter.
Romano Prodi a annoncé la construction "d'au moins trois incinérateurs", dont la région est jusqu'à présent dépourvue, sans pour autant annoncer le calendrier de leur mise en service. Un premier incinérateur est déjà en construction.
Un commissaire extraordinaire, un ancien chef de la police, assisté d'un général de l'armée, ont été nommés pour une période de quatre mois afin de veiller à la résorption de crise.
Le chef du gouvernement n'a, en revanche, fait aucun commentaire sur les affrontements qui opposent depuis plusieurs jours à Pianura (périphérie ouest de Naples) les forces de l'ordre à des centaines de manifestants qui s'opposent à la réouverture d'une décharge pour y acheminer les ordures en souffrance. Dans la nuit de lundi à mardi, deux bus ont en effet été brûlés devant le site de Pianura et les forces de l'ordre ont dû charger les manifestants en usant de lacrymogènes.
Pour la principale association italienne de défense de l'environnement Legambiente, une partie des responsables de cette "situation catastrophique" sont "les entreprises de traitement qui ont remporté les appels d'offres mais n'ont pas rempli leurs engagements, construisant des sites inadaptés et ne respectant pas les normes pour traiter les déchets".
"Au niveau politique, la faute est de ne pas avoir mis en place le tri sélectif. Si déjà on commence immédiatement par ramasser le carton, le plastique et le verre qui se trouvent dans les ordures accumulées dans les rues, on résout une bonne partie du problème", a indiqué Raffaele del Giudice, un responsable de Legambiente en Campanie.
"Peut-être que cette crise permettra de mettre les choses au clair. Un quart des déchets toxiques et industriels produits dans le nord de l'Italie sont acheminés vers le sud du pays, par le biais d'entreprises implantées dans le nord qui ont des liens avec la Camorra", la mafia napolitaine, a affirmé M. Del Giudice.
Outre le dysfonctionnement chronique des centres de traitement, la région souffre d'une grave carence de décharges en raison de l'infiltration de la Camorra dans le marché juteux du recyclage des déchets, plusieurs sites ayant en effet été fermés sur décision de justice.
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