Nanotubes de carbone : quelle toxicité pour l'environnement ?
Des chercheurs du CNRS de Toulouse vont étudier la toxicité des nanotubes de carbone dans le cadre d'un projet de l'ANR (Agence Nationale de la Recherche). Trois thématiques seront abordées : leur caractère polluant et notamment la toxicité pour la faune, la toxicité pour l'homme et la façon de rendre la synthèse des nanotubes plus propre...
La production mondiale de nanotubes de carbone a atteint aujourd'hui plusieurs centaines de tonnes par an : ils sont présents dans les écrans plats, les pneumatiques, l'industrie automobile (Renault et Peugeot expérimentent des nanotubes de carbone en renfort des pièces de carrosserie), les articles de sport... Cependant, l'étude des effets sur la santé est encore très embryonnaire et leur impact sur l'environnement demeure à ce jour quasiment inexploré.
Le projet, qui vient de démarrer, durera trois ans. Il sera doté d'un budget de 300 000 euros et bénéficiera de la participation d'une vingtaine de chercheurs et ingénieurs répartis dans les quatre laboratoires impliqués. Il est coordonné par Emmanuel Flahaut, chercheur CNRS dans l'équipe Nanocomposites et nanotubes de carbone, au CIRIMAT (Centre Inter-universitaire de Recherche et d'Ingénierie des Matériaux de Toulouse, CNRS/Université Toulouse).
Parmi les trois volets de l'étude cités précédemment, celui concernant l'impact environnemental est le plus innovant, car la question n'a encore jamais été étudiée. Une fois utilisés, les objets contenant des nanotubes de carbone sont jetés dans des décharges, avec des risques de pollution à la clé. Les recherches porteront principalement sur le milieu aquatique, où se concentre la pollution. Les chercheurs vont mettre des amphibiens en contact avec des suspensions de nanotubes, pour étudier leur toxicité aiguë (mortalité, modifications comportementales) et leur génotoxicité (altération du patrimoine génétique).
Les nanotubes de carbone, découverts en 1991, forment l'un des quatre états organisés connus du carbone sur Terre, avec le graphite, le diamant et les fullerènes (molécules en forme de ballons de football). Ils sont formés d'une ou plusieurs parois concentriques où les atomes de carbone sont organisés en réseaux d'hexagones. Leurs dimensions vont de quelques microns à quelques dizaines de microns de longueur et leur diamètre est inférieur à quelques nanomètres. Ils sont employés dans diverses applications, principalement pour leurs propriétés mécaniques et électriques. |