Monde : croissance économique au prix de la dégradation de l'environnement
L'institut nord-américain Worldwatch vient de publier un rapport intitulé "Vital Signs 2006-2007" qui développe une approche parallèle entre l'évolution des indicateurs de la croissance économique et ceux du suivi de notre environnement. Il en résulte qu'au niveau économique tous les indicateurs sont en forte progression, alors que sur le plan de l'environnement la tendance serait au déclin écologique dans un monde où les énergies fossiles sont primordiales. De quoi à réfléchir...
Le problème de fond est ainsi posé par Erik Assadourian, directeur du projet Vital Signs 2006-2007 : « Si chaque individu sur la terre devient un consommateur à un niveau moyen des pays à haut-revenu, la planète ne pourrait durablement supporter qu'une population de 1.8 milliard de personnes. Or la population mondiale est aujourd'hui de 6,5 milliards d'individus, et on ne prévoit pas qu'elle diminue, mais plutôt qu'elle atteigne 8,9 milliards d'ici 2050."
Les responsables de cet ouvrage constatent une accélération de la progression des indicateurs économiques ces dernières années : records de production d'acier, d'aluminium, mais aussi de fabrication de véhicules automobiles pour atteindre 45,6 millions d'unités en 2005, et bien entendu du PIB mondial pour se situer à 59 600 milliards de dollars en 2005. La même année, le nombre d'utilisateurs d'Internet dans le monde entier était de 1 milliard , et les ventes de téléphone portable étaient de 816 millions unités.
Mais, alors que ces tendances de progression se confirment, il faut les resituer dans un contexte de déclin écologique selon les rédacteurs de Worldwatch.
En 2005, la concentration atmosphérique moyenne en dioxyde de carbone a augmenté de 0.6% par rapport à un plus haut niveau atteint en 2004. Il s'agit de la plus forte progression annuelle enregistrée. La température globale moyenne a atteint 14.6 degrés Celsius, ce qui en fait l'année la plus chaude jamais répertoriée sur la surface de la terre.
Par ailleurs, jusqu'à l'année dernière, on estime que 20% des récifs coraliens ont été détruits, et que 20% des forêts de palétuviers ont disparu au cours des 25 dernières années. Dans les deux cas, ces éléments naturels constituent des protections contre des ouragans. Or, sur le plan économique, le coût du seul ouragan Katrina s'est élevé à $125 milliards.
Les rédacteurs se sont appuyés sur les données des Nations Unies pour étayer leur raisonnement. Ils concluent que la cause de la dégradation de l'environnement et des équilibres naturels est tout simplement l'activité humaine. Par exemple, le déboisement est la cause de 35% des émissions humaines de carbone, et presque 1% de la couverture foretière a été perdue entre 2000 et 2005 (les plus grandes pertes étant signalées en Afrique et en Amérique latine, respectivement à 3.2% et 2.5%.
Le déclin des écosystèmes nuit aux services essentiels qu'ils procurent tels la fourniture d'eau douce, la nourriture, le climat, la qualité de l'air.
Le déclin des écosystèmes augmente également le risque de changements brutaux et potentiellement irréversibles tels que les décalages régionaux des climats, l'apparition de nouvelles maladies, et la formation de « zones mortes » à faible teneur en oxygène dans les eaux côtières.
Au niveau énergétique, 80% provient du pétrole, du charbon, ou du gaz naturel et les combustibles fossiles contribuent aux émissions de gaz à effet de serre. En 2004, l'utilisation du charbon a bondi de 6.3% et la consommation de gaz naturel a augmenté de 3.3%. En 2005, la consommation de pétrole a augmenté de 1.3%.
Mais, en même temps, Il faut prendre en compte les taux de croissance des énergies renouvelables : la capacité globale de puissance de l'éolien a progressé de 24% en 2005, la production d'énergie photovoltaïque solaire a augmenté de 45%, et la production de bio-carburants a été en augmentation de 20%.
Ce qui fait dire au président de Worldwatch, Christopher Flavin que « ces développements sont impressionnants et sont susceptibles de provoquer des changements de grande envergure au sein des marchés mondiaux de l'énergie dans les cinq prochaines années... Mais, la transition devra être encore plus rapide pour empêcher le genre de crises écologiques et économiques qui peuvent être précipitées en continuant sur la voie de la dépendance à l'égard des combustibles fossiles. »
Pour en savoir plus : Vital Signs 2006-2007