Mise aux normes des usines d’incinération : les collectivités locales et les professionnels de la filière respectent leurs engagements

Le 05/01/2006 à 16:41  

Mise aux normes des usines d’incinération : les collectivités locales et les professionnels de la filière respectent leurs engagements
Equipe de l'association Amorce Les collectivités locales françaises avaient jusqu’au 28 décembre 2005 pour mettre aux normes leurs usines d’incinération. Sur les 128 usines françaises, 107 ont été mises aux normes, 18 ont été fermées, 2 ont été réquisitionnées pour assurer le chauffage de logements, 1 seule pose aujourd’hui problème...

L'association Amorce, qui avait appelé dès 2002 à un respect strict de la réglementation, se félicite du comportement exemplaire et responsable des collectivités et des entreprises de la filière, mais souhaite aussi insister sur la nécessité d’une meilleure acceptation par les populations de toutes installations de traitement de déchets et sur les conséquences désastreuses à moyen terme du phénomène NIMBY. Amorce en appelle donc à la responsabilité de chacun...

"La France possède aujourd’hui un parc de 128 usines d’incinération assurant le traitement d’environ 1/3 des déchets municipaux en France (12,5 millions de tonnes sur 35,5 en 2002). La plupart valorise la chaleur produite sous forme d’électricité ou de chauffage pour les logements et le tertiaire. Cette valorisation énergétique permet d’économiser près d’un million de tonnes de pétrole ainsi que les émissions de CO2 issu de la combustion de ce pétrole.

En 10 ans, la remise à niveau du parc français et la fermeture des incinérateurs hors normes, condition sine qua non à la pérennité de la filière, vont en particulier permettre de diviser par 100 les émissions de dioxines avec désormais un impact qualifié de « négligeable » par les spécialistes, au regard des autres sources d’émissions (industrie, production d’énergie…) et de ces effets mieux connus et limités sur la santé.

Cette filière, qui permet d’économiser de l’énergie, de contribuer à la lutte contre le changement climatique et d’éliminer des déchets en limitant au maximum leur impact sur l’environnement et sur la santé, doit donc retrouver sa juste place dans une gestion moderne des déchets qui sera forcément multifilière et dans laquelle le « Zéro incinération » comme le « Tout incinération » ne serait ni raisonnable ni responsable.

Si les collectivités locales ont assumé leurs responsabilités en réalisant les investissements nécessaires ou en prenant les mesures adéquates, Amorce souhaite également rappeler que l’Etat, les producteurs de déchets et les populations doivent assumer aussi pleinement les leurs :

L’Etat qui deux ans après sa promulgation n’a toujours pas institué la contribution environnementale sur les publicités en boîte aux lettres, qui permet à CYCLAMED de poursuivre ses activités de collecte des emballages médicamenteux hors la loi, et qui n’a pas encore fait respecter l’obligation européenne depuis le 13 Août 2005 de prise en charge par les producteurs des déchets électriques et électroniques, toujours financée et assurée par les collectivités locales.

Les producteurs mais aussi les distributeurs qui continuent de mettre sur le marché des produits sur-emballés, souvent non recyclables, jetables ou à courte durée de vie et en laissant la charge financière des déchets résultant aux ménages par l’intermédiaire de leurs impôts locaux. Amorce demande la généralisation de la contribution environnementale pour tous les biens de grande consommation et pas seulement sur les 15% d’emballages.

Les populations enfin, qui doivent faire davantage évoluer leurs comportements en réduisant leur production de déchets, en améliorant le tri, en développant le compostage individuel, mais aussi en acceptant que les produits de tous les jours qu’ils utilisent soient en matériau recyclé, ou produits à partir de compost de déchets organiques, en se chauffant ou s’éclairant avec de l’énergie issue des déchets. Mais aussi en acceptant une (ou plusieurs) installation (s) de traitement de nos déchets à proximité de nos villes ou de nos villages, à condition que celles-ci respectent la réglementation, l’environnement et la santé des populations.

Les 3/4 des départements seront en limite de capacité de traitement d’ici la fin de la décennie. Où iront les déchets quand les usines actuelles seront saturées ? Il n’est pas raisonnable de compter sur une réduction démesurée de la quantité de déchets, sur les seules installations existantes, sur une nouvelle technologie « miracle » ou sur les futures installations des départements voisins. Si la France doit évidemment faire des efforts en matière de réduction des déchets, elle aura néanmoins besoin de nouvelles plateformes de compostage, de centres de tri et de déchèteries, d’unités de valorisation énergétique des déchets et de centres de stockage de déchets ultimes.

Dire l’inverse, en brandissant les utopies du Zéro déchet (donc du Zéro centre de traitement) ou du 100% recyclable, ou en proposant de les envoyer dans d’autres territoires dans un réflexe fondamentalement NIMBY, ne serait pas responsable et reporterait sur nos voisins ou sur les générations futures le poids de nos déchets."

Les déchets font partie de la vie.

Ils sont l’affaire de tous et tout de suite.

Chacun doit donc assumer sa part de responsabilité, sans tabou, ni phobie.