Meubles usagés : l’Essonne « envoie du bois »
Il sera bon de rappeler quelques données chiffrées et statistiques pour introduire le propos : chaque personne se débarrasse d’environ 26 kilos de meubles usagés par an, du moins dans notre pays, soit un total de 1,7 millions de tonnes. Environ 23% sont actuellement recyclés ; le reste… reste du déchet à éliminer. D’où l’idée désormais classique en France, de constituer un éco-organisme spécifique, Eco-Mobilier dans le cas qui nous occupe…
De manière habituelle, des professionnels (24 fabricants et distributeurs de meubles), paye une éco-taxe afin que soient collectés les mobiliers en fin de vie, à fin de recyclage ou de réutilisation des meubles domestiques et du mobilier de jardin. L’idée est d’atteindre 45% de recyclage/réutilisation d'ici fin 2015 et 80% de valorisation à l'horizon de 2017.
La mise en œuvre de cette REP (responsabilité élargie du producteur) permet notamment aux collectivités récupérant déjà des meubles en déchèteries ou en porte à porte (encombrants, tout venant, bois…) de lui confier l’enlèvement, le tri et le traitement des déchets d'éléments d'ameublement (DEA) contre la signature d’un contrat opérationnel et financier.
Depuis le 1er janvier 2014, le Siredom (il traite et valorise plus de 430 000 tonnes par an de déchets ménagers au bénéfice de 130 communes de l'Essonne, dont 13 en Seine-et-Marne, représentant environ 750 000 habitants), second syndicat de traitement en France (après le Syctom) a signé avec Éco-mobilier un Contrat Territorial de Collecte du Mobilier. Le gisement des DEA pour le Siredom est estimé à 1 500 tonnes d’avril à décembre 2014 (3 déchèteries) et à la fin de la mise en oeuvre opérationnelle de la filière sur l’ensemble du réseau (prévue en 2018) à 10 000 tonnes/an.
Sur les départements d’Essonne et de Seine-et-Marne, le dispositif contractuel s’est orienté vers la signature d’un contrat unique (C.T.C.M.) garantissant la continuité du service de collecte et traitement en vigueur et offrant de nouvelles perspectives de développement du recyclage associées à la montée en puissance localement de la collecte séparée des DEA.
Pour le démarrage de ce nouveau service, Éco-mobilier installera progressivement des bennes destinées au dépôt gratuit des meubles sur l’ensemble du réseau des déchèteries du syndicat et organisera l'enlèvement, puis le traitement des DEA collectés séparément et qui seront acheminés au centre Semaval, filiale de Semardel, qui a d’ailleurs subi un incendie criminel, il y a quelques semaines de cela (ce qui perturbe évidemment l’organisation quotidienne jusqu’à nouvel ordre).
« Ce contrat prévoit des reversements financiers liés à la valorisation des meubles collectés en porte à porte par le biais des encombrants et pour favoriser la récupération de ces déchets un soutien spécifique aux opérations de communication ».
Cette montée en charge opérationnelle « a démarré en avril dernier avec l’installation d’une benne dédiée aux meubles sur les déchèteries de Corbeil-Essonnes, Etampes et Saint-Michel-sur-Orge. D’ici 5 ans, l’ensemble du réseau des déchèteries sera équipé de ces bennes destinées aux meubles des particuliers et à ceux des professionnels munis à la fois du badge d’accès professionnel Siredom et d’une carte Pro (traduisez Programme Éco-mobilier) ».
Ces déchets d'ameublement déposés seront valorisés spécifiquement selon deux modes de traitement : le recyclage et l’incinération. Exit l’enfouissement, donc…
On aura déduit que si les entreprises adhérentes à Eco-Mobilier acquittent leur éco-taxe à l’éco-organisme, c’est bel et bien le consommateur final sur lequel on répercute le montant de la taxe, qui est mis à contribution et finance le recyclage des déchets d’ameublement à venir. C’est le principe même de la REP qui veut cela…
Dans le cas qui nous occupe, « les meubles collectés en déchèteries sont regroupés au Centre de traitement Semaval à Vert-le-Grand, triés par matière (bois, plastiques, ferraille) et recyclés par filière : bois (fabrication de panneaux de particules ou valorisation énergétique), ferraille (recyclage matière) et plastiques (valorisation énergétique). Certains sont envoyés à part en recyclage spécifique matière, comme les matelas ».
Selon les signataires du contrat, « le dispositif va permettre au syndicat et à la Semardel d’étendre leur mission respective de service public et à Éco-Mobilier de remplir ses obligations de collecte et d’augmenter les performances de valorisation matière et énergétique ».
A la clé, « des économies substantielles en évitant l’enfouissement de ces déchets et le financement de ce dispositif par l’éco-organisme lui-même financé par l’éco-participation, grâce au contrat territorial de collecte signé par le Siredom ». L’idée, c’est aussi de favoriser le réemploi de certains meubles via les recycleries Gâtinais, des Portes de l’Essonne, l’Effet Colibri et La Fabrique à Neuf.