Meubles usagés : le recyclage ne fera pas tapisserie
Il a été décidé de mettre sur pied deux éco-organismes, l'un pour les meubles des particuliers (Eco-Mobilier) et le second, Valdelia, pour les meubles des entreprises, collectivités (hôpitaux, écoles, etc.), magasins et cafés-hôtels-restaurants. Certifiés conformes et agréés depuis quelques mois, les deux structures ont mis l’accent pour débuter leur activité, sur la mobilisation des vendeurs de meubles, qui se devront de jouer le rôle du collecteur d’impôt auprès des acheteurs, et donc faire payer l'éco-contribution afin de la reverser à l'éco-organisme compétent.Ces derniers ont d’ailleurs tout intérêt à rejoindre au plus vite le réseau, le paiement de la taxe étant rétroactif (1er mai), et ce quelle que soit la date d'adhésion. « 60% du marché (des meubles professionnels) est dans la boucle aujourd'hui, nous visons près de 80% à la fin de l'année », a récemment déclaré Arnaud Humbert-Droz, directeur général de Valdelia.
Très concrètement, la contribution financière demandée aux acheteurs de meubles, pourra être de quelques dizaines de centimes pour une chaise basique par exemple, à un petit paquet d’euros pour les objets les plus imposants et les matelas.
« La collecte, qui se fait directement chez le détenteur à partir de 2,4 tonnes et 20m3 ou dans des points d'apport volontaire que nous mettons en place, a débuté en mars », complète Arnaud Humbert-Droz. L’objectif à atteindre étant d’installer un point d'apport volontaire tous les 40 km en 2017, contre environ 400 km aujourd'hui.
Aujourd’hui, 22 centres de tri ont été sélectionnés. C’est le cas du site de Vert-le-Grand (Essonne), exploité par le groupe Sémardel, qui gère les déchets du sud de l'Ile-de-France : le centre de tri traite environ 70 000 tonnes de déchets secs pour une capacité de 200 000 tonnes annuelles. Autant dire qu’il reste de la marge pour travailler sur les meubles usagés.
Il va de soi que l'économie sociale ne sera pas laissée pour compte : les structures comme Emmaüs auront accès au gisement de meubles en bon état en vue d'une réutilisation, exprime le responsable de Valdelia. Il n'en demeura pas moins que l'essentiel sera recyclé : autant de matières telles que bois, plastiques, métaux et autres ferrailles qui seront transformés en matières premières réexploitables dans des industriels diverses.
L'objectif est ambitieux mais réalisable : d'ici fin 2017 le taux de recyclage devra être de 75% pour les déchets d'ameublement des professionnels (600.000 tonnes, contre 87 000 tonnes escomptés en 2013) ; pour ce faire, le budget de Valdelia qui s'élève cette année à 30 millions d'euros, devrait passer à 100 millions en 2017.
Pour les particuliers, si la filière n'est pas encore opérationnelle, de très nombreux vendeurs - grandes enseignes ou indépendants - adhèrent peu à peu à l'éco-organisme. Il est bon de noter qu'en magasin, l'éco-contribution devra clairement être indiquée sur l'étiquette indiquant le prix de l'objet.
« La montée en charge sera progressive », explique la directrice générale d'Eco-Mobilier, Dominique Mignon, qui précise par ailleurs que « le budget de la structure lorsqu’elle sera parvenue à son rythme de croisière sera de l’ordre de 300 millions d'euros ».
Il va de soi que les discussions sont entamées avec les collectivités gestionnaires des 4 500 déchetteries existantes : désormais, dans chacune d’elle, sera installée une benne "meubles" qui réceptionnera aussi les matelas. Pour ce qui est du tri, le choix « des prestataires aura lieu en juillet, tandis que l'exploitation débutera véritablement en septembre », poursuit Dominique Mignon. L’objectif affiché pour les particuliers est de parvenir à un taux de recyclage/réutilisation de 45% sur un gisement de 1,7 million de tonnes (contre 25% aujourd'hui dont 3% dans l'économie sociale), en 2017. La même année, 35% devront servir à produire de l'énergie (essentiellement le bois), en plus.