Méthanisation : serait-ce la bonne idée ?

Le 23/02/2010 à 19:31  

Méthanisation : serait-ce la bonne idée ?
Installation de méthanisation Direction l’Oise, territoire industriels et agricole par excellence… Là, il paraît que l'usine de méthanisation de Ferti NRJ, basée à Passel, va générer 1,4 MW d'électricité par an… via les 4 millions de mètres cubes de biogaz produits chaque année grâce aux déchets…

Selon les responsables de cette initiative, le site serait bientôt à même de produire assez d'électricité pour alimenter une ville de 9 000 habitants. C’est d’autant plus intéressant que les déchets industriels et agricoles des environs de Passel, près de Noyon, ne finiront plus à la décharge car depuis juillet 2009, une partie de ces déchets peut être valorisée via une usine de méthanisation, mise sur pied par la société picarde Ferti NRJ.

Annoncée comme une première en France, cette plate-forme traitera cette année quelque 20 000 tonnes de boues issues des entreprises agroalimentaires locales, de graisses provenant de la restauration collective, ainsi que différents déchets agricoles. Pour Eric Delacour, PDG de Fertigaz, maison mère de Ferti NRJ, les choses sont claires : « Alors que des projets émergents concernant la méthanisation des déchets ménagers, la codigestion collective et centralisée de déchets industriels, répandue au Danemark, demeure inexistante dans l'Hexagone. Pour l'heure, la plate-forme de Passel est d'ailleurs unique ».

L’installation a nécessité un investissement de 7 millions d'euros, dont le financement n'a été rendu possible qu'avec l'entrée au capital de Fertigaz de la Caisse des Dépôts, de la coopérative agricole Axion, du groupement d'agriculteurs Innov'Aisne et d'une société d'électricité locale (SER).

Actuellement en phase de démarrage, l'usine dispose, après huit mois d'activité, d'une puissance de 716 kWh. D'ici fin 2011, Ferti NRJ doublerait la capacité de traitement de la plate-forme pour la porter à 38 000 tonnes de déchets par an, soit une production possible de 4 millions de mètres cubes de biogaz et 1,4 MW d'électricité (l'équivalent de la consommation d'une ville de 9.000 habitants).

Iman Piaseczny, responsable agriculture à l'Ademe Picardie précise d’ailleurs que « le site de Passel est un exemple intéressant dans la mesure où il offre une solution de proximité pour les déchets, participe au développement des énergies renouvelables et répond aux enjeux liés à l'effet de serre. Selon nos estimations, 11.000 tonnes équivalent CO2 devraient être économisées par an, ce qui n'est pas neutre ».

Pour entrer plus avant dans le sujet, l’entreprise précise que le procédé mis en œuvre a plus de 100 ans… Connu depuis le XIX e siècle, il consiste à introduire un substrat de matières organiques au sein d'un digesteur, où il est rendu homogène par brassage (technique de l'infiniment mélangé). A la suite de quoi, pendant un mois environ, sous l'action de bactéries, la fermentation provoque un dégagement de différents gaz (essentiellement du méthane). La combustion de ce dernier alimente un alternateur, lequel produit de l'électricité. Ce qui reste à l’issue de cette opération est transformé en compost qui selon Ferti NRJ permettra l’amendement d’environ 300 hectares de terres agricoles par an.

Restent les odeurs, un problème qui n’est pas encore réglé en totalité… De fait, des plaintes ont été enregistrées, déposées aussi bien par des élus que des riverains. Loin d’être nié, ce problème serait aux dires d’Eric Delacour à « une mise au point de l'installation, actuellement en phase de réglage. Le point sensible du traitement réside dans la réception des matières, bien qu'elles soient stockées dans des cuves ou des bâtiments fermés et mis en dépression. Ces problèmes seront réglés dans les prochaines semaines ».

Reste l'impossibilité de valoriser la chaleur issue de la cogénération auprès d'un industriel ou d'une collectivité locale. « La chaleur produite est réinjectée dans le process pour sécher le digestat. Ce n'est pas la solution que l'Ademe souhaite privilégier. Un enjeu énergétique important aurait été la substitution chez un industriel, par exemple, d'énergies fossiles par la chaleur renouvelable issue du méthaniseur. Cette valorisation contribue en effet davantage à la réduction des émissions de gaz à effet de serre », explique Iman Piaseczny… Il n’en demeure pas moins que Fertigaz entend travailler à la résolution de ces problèmes et investir dans d'autres régions, notamment à Landerneau, où l’entreprise envisage la construction d'une deuxième usine…