Méthanisation et compostage : les 2 fers de lance du Syctom dans le 93
Dans le dernier numéro de son magazine, le Syctom parisien indique que son premier centre de tri-méthanisation-compostage commence à prendre forme et racine. Après les travaux de déviation de réseaux engagés sous l’ex-RN3, le creusement du tunnel qui doit relier le site de Romainville au canal de l’Ourcq à Bobigny démarre cet été...
On ne s'en rend pas nécessairement compte, mais la concrétisation de ce projet est historique dans le monde des déchets franciliens : elle marque en effet un tournant dans la façon de traiter les ordures ménagères (OM) résiduelles. Dans les faits, plutôt qu’être incinérées en vrac pour leur seule valeur combustible, "celles-ci seront en priorité traitées au regard de leur nature biodégradable, afin de rendre à la terre la matière organique qu’elles contiennent, selon la logique de cycle propre aux mécanismes de régulation naturels", explique le Syndicat. Un tri mécanique permettra d’isoler leur part fermentescible (environ 60% du gisement) et de récupérer les autres matières recyclables (papier, métaux, plastiques...).
La fraction résiduelle sera transportée par péniche afin de la valoriser en énergie, par le biais de l'incinération, à Ivry-Paris XIII, dans le cadre du projet soumis au débat public à partir de septembre prochain (voir notre article). La qualité des déchets entrants étant donc primordiale, des mesures préventives sont donc à prendre au niveau de la collecte pour que les ménages trient avec plus de soin le verre, les piles et les autres déchets toxiques.
Les OM biodégradables seront soumises à une fermentation accélérée, qui dégage du biogaz, lequel sera capté et transformé en énergie : électricité, chaleur, ou bio-méthane, selon la demande locale. Cela pourra par exemple servir au chauffage de 7 000 logements au voisinage du site ; les communes de Romainville et Bobigny ont d'ailleurs été sollicitées pour faire connaître leurs besoins éventuels. Quant aux digestats, c'est à dire les résidus de la fermentation, ils feront ensuite l’objet d’une maturation accélérée pour fabriquer du compost conforme à la norme NFU 44051.
Ce futur centre (qui comportera également une installation de tri des collectes sélectives et une unité de pré-tri des objets encombrants) a été conçu comme une usine urbaine : l'accent a été mis sur le traitement paysager et architectural, ainsi que sur la maîtrise des bruits, des odeurs et des flux de véhicules. Le centre sera ainsi construit dans une démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) afin de l’insérer de façon optimale dans son environnement :
les équipements seront masqués par la verdure et des claustras de bois ;
la propagation des odeurs sera limitée par la mise en dépression des installations ;
l’étanchéité des bâtiments sera renforcée par la présence de doubles sas pour les entrées et sorties des camions bennes ;
les émissions olfactives seront captées par des systèmes de traitement d’air, et des instruments de mesure (nez électroniques) serviront à s’assurer qu’elles restent en deçà des seuils autorisés ;
les équipements les plus bruyants seront installés dans des locaux insonorisés.
"Concernant l'organisation à proprement parler, les files d’attente des bennes de collecte seront gérées à l’intérieur du site, invisibles de l’extérieur. Les 350 000 à 400 000 tonnes de flux sortants (matières recyclables, composts, fraction combustible résiduelle) seront conditionnées en conteneurs et transportées par voie ferrée intérieure jusqu’à la plate-forme fluviale de Bobigny, via un tunnel sous l’ex-RN3. A l'arrivée, cela évitera près de 20 000 camions à l’année sur les routes", précise le Syctom.
Le Syndicat indique également que les permis de construire ont été déposés en mai dernier, après avoir intégré les demandes de la mairie de Romainville : aménagement du parvis du bâtiment administratif en espace public (relié à la ville par une passerelle piétonne) ainsi que végétalisation et reconfiguration des façades au pourtour des accès des bennes de collecte. Le dossier de demande d’autorisation administrative d’exploiter a également été déposé fin mai par le groupement d’entreprises retenu pour la conception, la réalisation et l’exploitation du centre (Urbaser Environnement - Valorga International).
L’enquête publique devrait se dérouler au dernier trimestre et les travaux de construction démarrer au printemps 2010. Le fonctionnement de la déchèterie du Syctom sera prolongé jusqu’au 31 décembre 2009, dans l’attente de la construction d’un nouvel équipement communal cofinancée par le Syndicat et la Région Ile-de-France. La mise en service des installations est prévue mi-2013.
source et crédits photo : Syctom de l'Agglomération parisienne