Métha : Perpignan Méditerranée structure sa filière biogaz
Afin de diversifier les sources de production d'énergie renouvelable pour atteindre l'objectif de devenir un territoire à énergie positive, la Communauté d'agglomération Perpignan Méditerranée (66) entend saisir de nouvelles opportunités dans le développement de la valorisation du biogaz. Dans cette optique, une démarche inédite en France est menée avec la société GrDF, par le biais d'une convention de partenariat...
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, le biogaz provient de la fermentation des déchets organiques, principalement issus de l'agriculture, de l'industrie alimentaire et en partie des déchets ménagers. Composé majoritairement de méthane, il peut être valorisé sous forme de chaleur, d'électricité ou d'un mix des 2 ; on parle alors de cogénération. Après une épuration poussée, il peut également être affiné en un biométhane susceptible d'être injecté dans le réseau de gaz naturel.
Le territoire de Perpignan Méditerranée ne compte actuellement qu'une installation, de type "cogénération", raccordée au réseau électrique français, sur le site du Centre Technique d'Enfouissement (CTE) de Calce. Les choses devraient bouger très prochainement : depuis fin 2011, le développement de la valorisation du biogaz est en effet facilité par un contexte réglementaire national plus favorable. Au-delà de la mise en place d'un tarif incitatif de rachat de l'électricité produite (plus 20%), plusieurs décrets d'application d'une loi dérivée de 2 directives européennes ouvre de nouvelles possibilités, à travers un cadre légal précisé, pour l'injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel français.
Les options de valorisation du biogaz sont ainsi désormais multiples : la production de chaleur, lorsqu'un besoin local peut ainsi être couvert (des serres par exemple), d'électricité si le raccordement au réseau EDF est possible, ou encore l'injection de biométhane, après traitement, dans le réseau GrDF. Par ailleurs, le territoire de l'agglomération dispose d'une filière agricole et agroalimentaire génératrice d'une matière première abondante, dont la valorisation constitue un enjeu de développement durable. "Le dégagement de méthane contribue à l'effet de serre et au réchauffement climatique, tandis que la valorisation du biogaz produit une énergie renouvelable dont le résidu, le digestat, peut être réemployé comme engrais bio par les agriculteurs locaux. Le développement d'une filière économique autour du biogaz constitue enfin une opportunité de création d'activité génératrice d'emplois locaux non délocalisables", indique Perpignan Méditerranée.
Tout l'enjeu de la convention signée avec la société GrDF consiste à organiser, à structurer cette nouvelle filière à forte valeur ajouté pour le territoire (création d'emplois, production EnR, diminution de CO2...). L'étude portera sur 5 points :
quantifier les gisements de matière première issus des biodéchets afin d'être en complémentarité avec les activités déjà existantes sur le territoire ;
déterminer la valorisation optimale du gisement (process de cogénération, trigénération ou réinjection réseau) ;
cartographier le territoire en privilégiant l'implantation de sites potentiels sur les zones économiques dotées de réserves foncières ;
définir un plan d'épandage du digestat auprès des agriculteurs et acteurs locaux ;
définir un modèle économique permettant de s'assurer de la viabilité et de la pérennité des futurs projets.
Il s'agit, à travers cette analyse préalable, de disposer d'un plan d'actions précis et d'un véritable schéma directeur capable d'orienter la politique de développement dans ce domaine dans les 10 à 15 prochaines années. Il s'agit également, à plus court terme, d'élaborer une offre claire à destination des porteurs de projets potentiels. D'ailleurs, 5 des principaux opérateurs français dans le domaine des installations de biogaz, approchés par Perpignan Méditerranée lors de salons spécialisés, ont d'ores et déjà fourni des lettres d'intention évoquant un investissement qui pourrait être compris entre 30 et 40 millions d'euros pour la réalisation d'installations biogaz sur le territoire.