Métaux : retour d'accalmie...
Après une période prolongée de reprise des cours des métaux dans les échanges du LME, cela fait depuis trois semaines que la tendance s'est inversée. Explication : un possible essoufflement de la croissance en Chine dû au resserrement du crédit...
Si la Chine éternue, l'économie mondiale attrape la grippe... C'est en tout cas ce que l'on constate sur l'évolution des prix des matières de base et des métaux. Actuellement, les investisseurs craignent que la Chine mette en place des mesures pour éviter la surchauffe de son économie, notamment en resserrant les conditions de crédit dans le pays, entraînant un risque de limitation de la demande.
"La demande chinoise en métaux devrait rester très forte en 2010 mais il y des incertitudes élevées quant à l'effet possible sur les prix d'une restriction des conditions de crédit", commentaient les analystes de Barclays Capital.
"Le marché a réagi négativement au désir du président américain (Barack Obama) de modifier les règles du système bancaire", ajoutait Robin Bhar, analyste chez Calyon.
Par ailleurs, comme sur les marchés d'actions et de changes, les marchés des métaux souffrent d'inquiétudes sur la situation économique de certains pays européens et sur le risque d'une contagion au sein de la zone euro, ce qui pourrait peser sur la demande dans la région.
Ces inquiétudes entraînent un mouvement de repli des investisseurs vers la valeur sûre qu'est le dollar, pénalisant les matières premières libellées en billet vert.
D'ailleurs, l'appréciation du dollar s'est accentué vendredi dernier suite à de bons indicateurs américains, ramenant les métaux à des niveaux plus vus depuis fin 2009.
Le cours du cuivre a plongé jusqu'à 6785 dollars la tonne, un plus bas depuis le 10 décembre.
Renforçant la pression sur les prix, "les stocks de cuivre du LME sont proches de plus hauts en six ans", notait Eugen Weinberg, analyste de Commerzbank.
Les stocks de cuivre ont grimpé à 540'175 tonnes vendredi, proche d'un plus haut en six ans atteint en février 2009, au plus fort de la crise économique.
L'aluminium a reculé jusqu'à 2069 dollars vendredi, son niveau le plus faible depuis début décembre. La production mondiale d'aluminium est repartie en hausse à 3,315 millions de tonnes en décembre, soit un plus haut depuis août 2008, a annoncé vendredi l'Institut international de l'aluminium (IAI).
Ce chiffre confirme que la production est soutenue, les producteurs ayant récemment rouvert des unités de production pour profiter du rebond continu des prix du métal, qui ont grimpé début janvier jusqu'à 2394 dollars la tonne, niveau plus vu depuis octobre 2008.
Le Zinc a également touché vendredi un plus bas depuis le 20 octobre, à 2110 dollars. Le Plomb a continué sa chute, tombant à 2.0310 dollars jeudi dernier, un niveau plus vu en quatre mois et demi. L'étain est tombé vendredi à 16'750 dollars la tonne, un plus bas depuis le 31 décembre.
Seule exception, les cours du Nickel qui se sont raffermis franchement vendredi.Le groupe brésilien Vale a annoncé vendredi à Nouméa un nouveau report à mars 2010 de la mise en production de son usine de nickel en Nouvelle-Calédonie, après des incidents techniques.
Jugeant "prématuré" de donner le coût de production de l'usine, Peter Poppinga, directeur général de ValeInco Nouvelle-Calédonie, filiale de Vale, a estimé qu'avec des cours "entre 10 et 15'000 dollars la tonne de nickel on peut survivre, entre 15 et 20'000 dollars la rentabilité s'améliore, et à plus de 20'000, on est dans une zone de confort".
La tendance a été la même sur les métaux précieux qui ont subi de lourdes pertes la semaine dernière, victimes d'un renforcement marqué du billet vert mais aussi de la crainte que les liquidités, qui avaient alimenté les achats sur ce marché, ne se tarissent avec l'introduction de nouvelles règles bancaires.
L'or a touché un plus bas depuis trois mois, l'argent son niveau le plus faible en quatre mois, les métaux platinoïdes subissant des pertes plus modérées.
L'appréciation continue du billet vert, qui a atteint vendredi son niveau le plus fort en six mois face à l'euro, à 1,3863 dollar, a directement pénalisé les métaux précieux, très liés au marché des devises.
"Les propositions américaines visant à limiter la prise de risques financiers, notamment dans le secteur bancaire, et l'anticipation grandissante d'un resserrement de la politique monétaire chinoise font craindre une réduction des liquidités. Ces inquiétudes ont fait pression sur le marché des métaux précieux", ajoutait Robin Bhar, analyste chez Calyon.
source AFP