Métaux non-ferreux secondaires : à la croisée des chemins...
L'année 2004 et les quatre premiers mois de 2005 auront été historiques en termes de quantités, de cours, de profit pour les professionnels du recyclage des métaux non-ferreux. Principale explication : la demande asiatique et plus précisément celle de la Chine dont les besoins en matières premières semblent intarissables. Ce qui fait dire à de nombreux analystes que l'on est entré dans un nouveau type de cycle avec un niveau plus élevé des cours des matières premières. Pourquoi pas ?... mais il n'empêche que depuis quelques semaines on assiste à un affaiblissement de la demande qui entraîne pour l'acier une baisse des cours en Chine, aux Etats-Unis, des réductions de production en Europe, des augmentations de stocks . Les répercussions sur les ferrailles ont été immédiates avec une chute des prix de vente en avril-mai effaçant les hausses de 2004. Du coup, on s'interroge sur la pertinence de ce scénario pour les métaux non-ferreux secondaires...
Si l'on s'en tient aux cours du LME, pour l'instant ils restent dans une fourchette haute et il n'y pas eu de décrochage. Mais pour certains, cette situation correspond à la formation d'une bulle spéculative. C'est l'opinion de Marc Natan, président de la division non-ferreux du BIR qui rappelle que l'anticipation et la spéculation sont liées à l'activité des marchés cycliques et que les périodes de fin de cycle ou de début de cycle sont toujours inattendues et déconcertantes.
Face à un manque structurel de matières premières pour alimenter la croissance de la Chine, mais aussi à la nécessité de mieux contrôler ce développement pour éviter une crise mondiale, (compte tenu de la place importante qu'elle occupe dans l'économie mondiale) il suffit d'une faible amplitude de variation de la demande chinoise pour que les répercussions sur le marché des matières premières soient considérables. C'est peut-être ce qui est en train de se produire.
Concernant les matières recyclées, elles profitent généralement de primes lorsque le marché est demandeur, tendant à se rapprocher des cours de la matière première . Mais en cas de ralentissement économique, elles sont en générales les premières à subir des décotes par rapport à la matière vierge.
Regardons ce qui se passe pour l'acier... Les restrictions de production ont dans un premier temps pour objectif de maintenir les prix de vente, puis si la demande n'augmente pas, il faudra bien ajuster à la baisse les cours. Dans l'intervalle, les stocks d'acier augmentant, les besoins des sidérurgistes en ferrailles diminuent et les cours aussi.
Maintenant, pour les métaux non-ferreux, il est vrai que le niveau des stocks est relativement bas, mais on constate que les investissements dans de nouvelles capacités ont beaucoup augmenté et le marché en se basant sur l'augmentation de la production a anticipé la croissance de la demande. Dans ces conditions, on ne voit pas pourquoi les cours des métaux non-ferreux secondaires ne suivraient pas la même tendance que celle des ferrailles. Il s'agit juste d'une question de temps. En tout cas, cela signifie pour les professionnels d'adopter une gestion avisée et prudente.