Métaux de base : la baisse reprend de plus belle
Sombres perspectives et cours en baisse tel est le constat que l'on peut faire sur l'évolution des marchés des métaux de base. Une récente étude de l'analyste Kevin Norrish, spécialiste des matières premières chez Barclays Capital, montre que la détérioration de la valeur des métaux de base dépasse celle enregistrée pendant la crise des années 30. A l'époque le redressement des cours n'avait commencé qu'en 1933, et en 1936 ils perdaient encore 40% par rapport à 1929...
Le flot des mauvaises nouvelles sur la situation économique internationale entraîne irrémédiablement à la baisse les cours des métaux de base. De plus les conditions d'accès au marché du crédit restent limitées et ne font qu'aggraver les perspectives en matière de reprise. Aucune zone géographique n'échappe à la contraction de l'activité : les Etats-Unis sont en récession depuis un an, l'Europe le sera l'année prochaine et le moteur chinois avance à vitesse réduite.
Dans ce climat, les analystes de Barclays Capital sont négatifs sur l'évolution des cours dans les prochains mois. Ils prévoient pour l'aluminium une diminution d'une moyenne de 1 900 $ sur l'achat à trois mois en décembre à 1 650 $ au mois de mars. Idem pour le cuivre qui passerait de 4 000 $ à 2 900 $ tonne sur la même période. Les autres métaux de base suivraient la tendance, avec sur les mêmes périodes une prévision de 1 200 $ à 1 100 $ pour le plomb, de 10 800 $ à 9 900 $ pour le nickel. L'étain et le zinc seraient plus épargnés évoluant respectivement de 13 500 $ à 13 000 $ et de 1 150 à 1 100 $. Néanmoins, les experts s'attendent à une légère reprise après le mois de mars.
Si l'on examine plus globalement le marché de chaque métal, celui de l'aluminium se caractérise par la chute globale de la demande qui est plus rapide que les ajustements des producteurs. De plus, avec la baisse des coûts de production, la pression sur les cours ne fait qu'augmenter. Cela suggère que des réductions de production plus importantes seront nécessaires, et notamment en Chine. Mais avec une politique gouvernementale chinoise qui pour l'instant semble privilégier les exportations, le risque à court terme est une augmentation des stocks de méatux.
Concernant le cuivre, les prévisions de déclin des prix sont encore plus justifiées à court terme, tant les indicateurs de la chute de la demande globale sont significatifs, et ceci alors que l'activité minière et de raffinerie continue d'augmenter. Du coup, le risque de gonflement des stocks augmente. Il ne reste plus qu'à espérer qu'à moyen terme la demande va repartir. Le zinc affiche sa faiblesse avec une industrie automobile en berne. Mais le niveau de la demande reste raisonnable et la production des mines de zinc décline commente les analystes de Barclays. Résultat, les cours pourraient s'apprécier à moyen terme. Par contre, même avec des réductions de production et un cours en dessous du coût marginal de production, les prix du nickel n'ont pas encore de réel support. L'explication se trouve du côté du secteur de l'acier inoxydable qui reste plombé. De là , il faut s'attendre à de nouvelles réductions de production avant une possible reprise durable. Finalement, le marché de l'étain resterait en déficit en 2009, mais les cours seraient faibles compte tenu de la situation de la demande.
Aluminium |
1 772 |
1 490 |
-15,91% |
Cuivre |
3 620 |
3 077 |
-15,00% |
Plomb |
1 103 |
928 |
-15,87% |
Nickel |
10 200 |
9 175 |
-10,05% |
Etain |
12 300 |
11 475 |
-6,71% |
Zinc |
1 210 |
1 100 |
-9,09% |
Acier (Méditerranéen) |
290 |
310 |
6,90% |
Or (spot) |
819,20 |
749,00 |
-8,57% |
Argent (spot) |
10,34 |
9,46 |
-8,51% |
Platine (spot) |
881,00 |
788,00 |
-10,56% |
Le baril de brut a perdu 20% la semaine dernière ! Il a touché les 39,50 $ pour le Brent et est passé sous les 41 $ pour le WTI coté à New York. Pour mémoire, la Deutsche Bank avait annoncé, il ya deux mois, un prix du baril à 30 $. Merrill Lynch vise à présent les 25 $. Certains ont les 10 $ le baril en ligne de mire, comme en 1997. Les 30 $ sont proches et la probabilité de les toucher est réelle, notamment à la sortie de l'hiver. La demande mondiale décélère rapidement. Dans les pays de l'OCDE, elle recule déjà. On comptait sur les pays émergents pour maintenir la demande, mais ils sont bien plus fortement touchés par le ralentissement que l'on ne le pensait. L'Agence internationale de l'énergie de nouveau révisé ses perspectives de demande mondiale à la baisse, tablant sur une progression de la demande de 200 000 barils par jour pour 2009 contre 1,5 million en juillet dernier. Quant à l'offre, même si la Russie et l'OPEP devaient s'allier, sont-ils capables de réduire leurs quotas de production au même rythme que la demande décélère ?. |