Métal Blanc à Bourg Fidèle : Des pollutions et nuisances poursuivies devant la justice pénale
L’Usine Métal Blanc, implantée depuis trente ans à Bourg Fidèle dans les Ardennes, est une entreprise spécialisée dans le traitement des déchets industriels non ferreux et notamment du « recyclage » des batteries. Comme sa grande sœur Metaleurop, elle est gérée depuis de très nombreuses années dans le plus profond mépris pour l’environnement humain et naturel du site, et génère une pollution aux métaux lourds d’une ampleur considérable et catastrophique...
Cette activité industrielle sème la mort à petite dose derrière elle. Le 2 juillet 1999, une juge d’instruction courageuse décide la fermeture temporaire de l’usine jusqu’à sa mise aux normes. Peu de temps après, cette juge est mutée en ….Guyane. Et suite à la pression d’industriels, de certains élus et même de salariés, l’entreprise ouvre à nouveau ses portes en septembre 1999.
Sommée tardivement par le préfet des Ardennes de réaliser des travaux de mise aux normes dans un délai déterminé, la société Métal Blanc s’est avérée incapable de donner suite à ces injonctions administratives, démontrant qu’elle ne disposait pas des capacités techniques, malgré de nombreuses subventions, pour mener son activité dangereuse dans le respect de l’environnement et de la santé publique.
Suite à une plainte de riverains, et à plusieurs années d’expertise, cette société est aujourd’hui enfin renvoyée devant le Tribunal correctionnel de Charleville Mézières les 21 et 22 février 2005 (2 jours d’audience), du chef de multiples infractions sanitaires (relatives à la protection des travailleurs) et environnementales (violations de plusieurs mises en demeure administrative au titre des installations classées, pollutions de rivières, etc). L'usine encourt des peines allant jusqu'à 75.000 euros (multipliée par cinq quand il s’agit d’une personne morale). Le PDG, mis en examen, en 1999, et décédé depuis, risquait une peine de prison.
La situation est particulièrement grave : le personnel de l’usine et les riverains, notamment les enfants du village, sont atteints de pathologies qui seront en partie expliquées par Guy Huel, directeur de recherches à l'INSERM qui viendra témoigner lors de l’audience. Les pathologies des humains et des animaux sont en relation manifeste avec les activités industrielles de l’entreprise locale qui engendrent à la fois une pollution atmosphérique et une pollution des eaux. La rivière locale (la Murée), affluent de la Meuse, dans laquelle l’entreprise déverse ses eaux pluviales, a perdu toute sa faune piscicole en 1997. Depuis 1999, elle est interdite à la pêche, et interdite d’accès au bétail du fait de pollutions chroniques intenses (présence massive de métaux lourds, notamment plomb, cadmium et arsenic). Les eaux souterraines et les sols sont également contaminés.
Outre de nombreux riverains, plusieurs associations agréées de protection de l'environnement (la fédération nationale France Nature Environnement, la Commission nationale de Protection des eaux CPEPESC, les Amis de la Terre, l’association locale de protection et de défense de l’environnement de Bourg Fidèle) se constitueront partie civile.
Ce dossier illustre parfaitement les carences et retards de certaines entreprises françaises en matière de respect des réglementations tant nationales que communautaires...