Matières premières : la chute des prix n’est pas finie…

Le 22/05/2015 à 10:10  
Matières premières : la chute des prix n’est pas finie…
Baisse des prix Pour qui sonne le glas ? Tel est le titre de la dernière parution du CyclOpe, présentée ce mercredi matin à la presse, par Philippe Chalmin, qui comme à l’accoutumée, était entouré de la plupart des 57 auteurs, tous experts dans leur domaine, qui ont permis à cette 29ème édition de voir le jour…
Le rendez-vous est attendu… Comme chaque année, c’est au mois de mai que le rapport CyclOpe fait l’inventaire du comportement des matières premières sur le marché mondial. Cette année encore, la volatilité est de mise… Quelque 57 auteurs ont concocté et décrit, chacun dans sa spécialité, au fil de 804 pages, la situation qui prévaut. 

Et ça baisse et ça n’en finit pas de baisser
Même que la descente n’est pas achevée… Depuis leur pic de 2011, l’essentiel des matières premières ont perdu près de 50% de leur valeur et sont globalement revenus à leurs niveaux de 2006, ce qui a au moins deux impacts : certains pays producteurs sont déjà éprouvés, alors que les spéculations vont bon train quant à l'appétit à venir de la Chine, pour ces fameuses les matières premières.

En conséquence de quoi, l’euphorie sur les prix des matières premières, c’est fini : la flambée des cours avait débuté en 2007 ; elle pris fin l’année dernière, du fait de la chute des cours du pétrole (- 7% sur 2014, avec, même, une division du prix par deux au cours du second semestre : nous sommes en effet passés, en quelques mois, de 110 dollars le baril, à 50 dollars pour remonter autour des 65 aujourd’hui, ce qui affecte les pays producteurs –comme le Venezuela ou l’Algérie-, tout en fragilisant le processus de transition économique qui commence à se mettre en place) et de ceux des matières premières agricoles (les récoltes ont été bonnes grâce à d’excellentes conditions climatiques tout au long de l’année, avec à la clé, une baisse des cours significative : les prix du blé ont reculé de -10 à 15% pour le blé, par rapport à 2013, - 30% pour le maïs, -12% pour le soja)… Et ce n’est pas tout : le cours du lait comme celui de la plupart des métaux, du caoutchouc, comme du coton, du gaz naturel, ou du fret maritime, ont baissé également. Même le minerai de fer et le charbon se sont repliés, de 20%... Pour Philippe Chalmin, de nombreux marchés de matières premières arrivent à la fin d'un cycle d'investissement… Café, cacao, nickel et viandes ont en revanche, enregistré des hausses.

Il n’empêche : selon le directeur de la publication, on assiste à une véritable « rupture, qui met un terme à la phase d'euphorie de 2007-2014, ce qui ne sera pas sans effet pour les économies des pays producteurs » et cette dégringolade des prix, qui n’est selon l’économiste, qu’un « ajustement lié à l’arrivée de tous les investissements consentis dans la deuxième partie des années 2000  » « sonne le glas sur l'illusion qui prévalait à cette même période, que la quête des matières premières tirerait la croissance mondiale ».
On pourra toujours détester la finance, régulièrement accusée de coups bas et de mains mises sur les marchés, comme on pourra tout mettre sur le dos de la crise de 2008 ou encore se souvenir que partout dans le monde, tout est cyclique : l’histoire l’a montré et démontré.
Pour l’heure, un pétrole pas cher ne fait pas l’affaire des promoteurs de la transition vers les énergies renouvelables… «C’était bien d’avoir du pétrole cher pour nous pousser à la vertu», souligne Philippe Chalmin…

  La part de la filière électrique dans la production mondiale d’acier stagne
« Le prix des ferrailles suit habituellement celui du minerai de fer, montant rapidement lorsque celui-ci est à la hausse et s’adaptant mieux Chantier de ferraillesencore à la baisse. Mais en 2014, les ferrailles ont échoué à s’adapter : leur prix est en effet resté élevé pendant les 9 premiers mois de l’année et la correction ne s’est effectuée qu’en octobre et novembre de l’année dernière, les prix se stabilisant en décembre », indique Sylvie Cornot-Gandolphe, présidente de SCG Consulting.

Le marché des ferrailles a augmenté de 570 millions de tonnes en 2012, à 580 millions de tonnes un an plus tard, puis de 4% au cours des 6 premiers mois de 2014. Mais le taux annualisé sur l’ensemble de l’année dernière sera certainement inférieur suite au ralentissement de le production d’acier au second semestre. L’évolution de la production d’acier en 2014 des principaux pays utilisant la ferraille est contrastée : Corée du Sud (+ 7,5%), Moyen-Orient (+ 7,7%), Etats-Unis (+ 1,7%), Mexique (+ 4,2%), Japon (+ 0,1%), Inde (+ 2,3%), Taiwan (+ 4,3%), Allemagne (+ 0,7%), Italie (-1,4%), France (+2,9%), Espagne (-0,6%) et Turquie (-1,8%)…

« Au cours du second semestre 2014, la filière a souffert de sa baisse de compétitivité par rapport à la filière fonte, suite à la chute du prix du minerai de fer, une tendance qui devrait perdurer en 2015 », estime l’analyste
Au niveau mondial, les volumes d’acier produits par la filière électrique n’ont augmenté que de 2% (452 MT en 2013), alors que la production mondiale d’acier progressait de 3%... «Depuis 2009, la part de la filière électrique dans la production mondiale d’acier a stagné, voire régressé »…

La spécialiste note également que le commerce international des ferrailles « a culminé en 2011 et 2012, à 109 Mt. Depuis, il est en déclin face la réduction des importations des trois principaux pays importateurs que sont la Turquie, la Chine, et la Corée du Sud. En 2013, elle a reflué de 9,5%, à 99 MT »… « Sur la base des importations des principaux pays au cours des 6 premiers mois de 2014, le commerce déclinerait de nouveau de près de 10% en 2014 »… Des facteurs expliquent évidemment ce phénomène. Les mesures protectionnistes mises en place dans de nombreux pays et la concurrence des produits chinois : exportations de billettes d’acier notamment qui se sont substituées aux scraps dans les usines vu leur prix très attractif et les exportations de produits longs qui ont limité les productions nationales dans de nombreux pays…
La situation en Chine devrait évoluer au cours des prochaines années : « à terme, vraisemblablement après 2020, un excédent de ferrailles devrait apparaitre sur le marchés chinois »… ce qui ne serait évidemment pas sans impact sur le commerce international de ferraille et de minerai de fer…

Le marché mondial des PCR est promis à un bel avenir
Bernard Lombard (CEPI), responsable de la rubrique pâtes et papiers note que « la production mondiale de papier-carton a faiblement progressé en 2014, une tendance observée depuis 2010. En Europe, la production de papier carton « a montré une relative stabilité l’an dernier (-0,2%) après une baisse cumulée de 4% entre 2010 et 2013. Les fermetures d’usines et de machines sans l’union européenne en 2014 se sont élevées à 900 000 tonnes, tandis que de nouvelles capacités ou le renforcement de celles existantes n’ont atteint que 500 000 tonnes ».

Pour ce qui touche papiers cartonsau recyclage, l’année 2014 a encore été une année difficile. Le ralentissement de l’économie chinoise et le déclin de ses importations pèsent : la Chine poursuit sa longue « marche vers l’indépendance »…
Au niveau mondial, « le taux de recyclage des papiers cartons a augmenté de près de 10 points au cours de la dernière décennie, passant de 46% en 2000, à 54% en 2013, selon la FAO ».
L’expert souligne aussi, que les pays développés « ont un taux largement au dessus de la moyenne mondiale, avec 63,5% aux Etats-Unis et 71,7% dans les pays du CEPI, faisant de l’Europe, le champion mondial du recyclage ».
Malgré la stagnation de la production mondiale de papiers et cartons depuis 3 ans, la consommation de PCR « continue de s’accroitre et représente maintenant 57% des matières utilisées par les usines papetières (45% en 2000), contre 43% pour les fibres vierges ».

Le marché mondial des papiers et cartons recyclés « a progressé de 1,7% en 2013 et dépasse maintenant les 234 millions de tonnes ; il s’est accru de 65 millions de tonnes au cours des dix dernières années ».
Ce marché, tiré par les pays asiatiques, à commencer par la Chine, dont la consommation de PCR a atteint 74,5 millions de tonnes en 2013 (quatre fois plus qu’en 2003), mais en stagnation par rapport à 2012.
La Chine représente à elle seule 32% du marché mondial ; mais le ralentissement économique qui y sévit se fait évidemment sentir sur la production de papiers cartons : 3,7% en 2014, contre 11% par an en moyenne au cours de la décennie précédente…

Il reste que selon RISI, « le marché mondial des PCR est promis à un bel avenir » : + 2,5% par an en moyenne au cours des 15 prochaines années, pour atteindre les 346 millions de tonnes en 2029. « Le marché continuera d’être tiré par les pays émergents et en développement qui devraient assurer 90% de la croissance, requérant des importations accrues en provenance des pays développés ».
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Edité chez Economica, l'ouvrage est proposé à 139 euros. Il est possible d'acheter le rapport complet, comme des chapitres particuliers, en version électronique : www.cercle-cyclope.com