Maroc : des milliards de dinars pour traquer les déchets
Honni le plastique ? Pas vraiment. Pour autant, les responsables sortent l’artillerie lourde et préparent un plan de campagne qui a pour objectif de traquer partout l’abandon des déchets qui atterrissent partout et n’importe où… L’annonce en a été faite la semaine dernière par le secrétaire d’Etat chargé de l’eau et de l’environnement, Abdelkébir Zahoud…
Cette campagne d'envergure est menée en partenariat avec l’Agence française de développement. Le plan comprend le recyclage du plastique, le renforcement du cadre juridique de la gestion des déchets, et même une taxe écologique sur l’emballage en matière plastique. Le projet, encore au stade de sa conception, associe les Collectivités locales et prévoit des actions de sensibilisation et de promotion de la « culture de l’environnement » auprès des populations. Ceci dans le but de les inciter à pratiquer le tri à la source et de réduire le recours à l’emballage en plastique. Des associations de défense de l’environnement seront également sollicitées à cette fin. C'est peut être sans compter le manque de « civisme » qui règne parfois au Maroc... Mais bon : qui ne tente rien, n'a rien!
En tout état de cause, ce plan se superpose à celui concernant la gestion des déchets domestiques et assimilés qui sera mis en oeuvre dès 2008. Cela supposera, on l'aura compris, des efforts considérables de la part de l'Etat marocain en matière de collecte, d’évacuation et d’élimination des déchets, qui sont souvent, encore rudimentaires ...
Ce programme ambitionne d’atteindre un taux de collecte de 90% au lieu des 70% initialement prévus, d'instaurer des décharges contrôlées pour réceptionner les déchets ménagers dans toutes les communes et centres urbains du pays (le taux d’urbanisation, plus de 55% actuellement, ne cesse de progresser), et de réhabiliter les quelques 300 dépotoirs existants qui échappent à tout contrôle. Il vise aussi à développer la filière « tri-recyclage-valorisation ». Pour ce faire, des centres de tri seront installés dans les nouvelles décharges.
Projet pharaonique, l'investissement prévu est de l'ordre de 37 milliards de DH sur 15 ans, dont une grande partie sera assumée par les Collectivités locales qui devront par ailleurs majorer leur participation de 5% chaque année. Ce qui suppose, ipso facto, une augmentation dans les mêmes proportions des taxes et impôts locaux.
Déjà, des redevances spéciales « gestion des déchets ménagers » sont envisagées ; elles pourraient être englobées dans la consommation électrique des ménages. D’autres redevances spécifiques aux emballages seront collectées auprès des fabricants et/ou distributeurs.
Selon le Secrétariat d’Etat chargé de l’eau et de l’environnement, le coût occasionnée par la dégradation de l’environnement au Maroc est de près de 13 milliards de DH, soit 3,7% du PIB national, dont une part de 0,5% liée aux déchets ménagers. S’ajoute à cela l’état des décharges publiques. La plupart d’entre elles ne répondent pas aux critères de qualité ou sont tout simplement « sauvages ». Pas de système d’étanchéité ni de collecte des eaux de pluie, ce qui multiplie le risque de pollution des nappes phréatiques, notamment. Et on ne parle pas des odeurs nauséabondes qu’elles dégagent, des espaces qu’elles occupent et des risques sanitaires qu'elles engendrent...