Marché du recyclage : petites prévisions à court terme
La valorisation des déchets a le vent en poupe. Les entreprises, notamment les fabricants de matières plastiques, cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis des groupes pétrochimiques, par le biais du recyclage. Pourtant, selon une récente étude du Groupe Xerfi, les perspectives à court terme pour la filière ne sont pas très favorables. Néanmoins, "le recyclage des déchets renouera avec la croissance sous certaines conditions", indique Philippe Gattet, l'auteur de cette étude...
Xerfi (leader en France des études économiques sectorielles) vient de publier une enquête approfondie, après plusieurs semaines d’enquêtes et d’analyses, sous le titre : "Recyclage et valorisation des déchets - Perspectives à l’horizon 2013 et segments porteurs : quels enjeux pour les professionnels ?". Voici quelques-uns des principaux enseignements de cette analyse de 270 pages...
Après avoir atteint un niveau historique de 13,1 milliards d’euros en 2011, le chiffre d’affaires du secteur du recyclage devrait fléchir de -5% en 2012 avant de renouer avec la croissance pour battre un nouveau record en 2013 (+5% à 13,1 milliards), sous réserve d’une résolution rapide de la crise de la dette dans les pays développés, selon les prévisions des experts de Xerfi. D’ici là, les spécialistes vont devoir composer avec une baisse des volumes à traiter et une chute des prix des matériaux recyclés. Un environnement qui, au final, mettra les performances d’exploitation des entreprises un peu plus sous pression. Il est à noter que le taux de marge opérationnelle (EBE/CA) des petits recycleurs a été divisé par 3 entre 2007 et 2009.
Avec la détérioration de la conjoncture, le mouvement de consolidation sera mis entre parenthèses en 2012 et 2013. La priorité sera donnée à la trésorerie et à la défense des marges. Les opérations de croissance externe seront ainsi reportées à des jours meilleurs. "Les 2 majors français de la gestion des déchets, Suez Environnement et Veolia Environnement, ont mené tambour battant la structuration du secteur du recyclage depuis le milieu des années 2000. Avec une rentabilité d’environ 20%, supérieure à celle de la collecte, le recyclage est en effet particulièrement attractif. Les acteurs historiques comme Derichebourg, Ecore (Guy Dauphin Environnement), Galloo Recycling ou Paprec font également de la croissance externe leur principal mode de développement", dixit l’analyse financière de Xerfi.
Fait important : l’apparition de nouveaux modes de traitement comme la méthanisation ou le compostage est un facteur de différenciation pour les entreprises. Les grands acteurs de la gestion des déchets, (Saur-Coved, Séché Environnement, Tiru, Veolia Environnement ou Urbaser) se développent presque tous sur ces filières émergentes. La méthanisation offre de surcroît d’importantes opportunités : production de compost et surtout d’électricité à partir des émissions de biogaz. L’injection de de ce dernier dans le réseau de gaz naturel, racheté à un prix fixé par l’Etat, vient d'ailleurs juste d’être autorisée (voir notre article). Cette décision pourrait ouvrir de nouveaux horizons aux acteurs et inciter les groupes de l’énergie à pénétrer le secteur.
Toutefois, les spécialistes de la valorisation des déchets devront relever plusieurs défis. D’abord, il leur faut sécuriser les accès à la ressource pour rentabiliser leurs investissements. Certains acteurs ont ainsi choisi de se diversifier vers l’amont (collecte, centres de tri). Ensuite, il leur faut trouver de nouveaux débouchés, comme l’illustre la production de combustible à partir de plastique. Enfin, il leur faut se diversifier sur les "nouvelles" filières. Le papier-carton et les métaux ayant atteint leur phase de maturité, les déchets plastiques et ceux du BTP semblent plus prometteurs.
- Panorama des leaders dans le recyclage et la valorisation des déchets -