Loir et Cher : recycler a traversé l'esprit de la CLMTP
Aller plus loin, diversifier l'activité, tout en restant dans le métier, afin de maîtriser l'ensemble de la chaîne, c'était l'idée de départ : tout naturellement, on a pensé « recyclage de déchets ferroviaires»... L'idée consisterait à installer une plate-forme pour mener des activités de réparation et d'entretien de matériel roulant, de stocker les constituants de la voie ferrée (ballast, rails et autres traverses en bois, ces dernières devant être broyées), et de valoriser des déchets et matériels ferroviaires... sur un ancien camp américain, construit lors de la Première Guerre mondiale, à Gièvres, dans le Loir et Cher. Il s'agirait aussi, d'embaucher, pour débuter, une trentaine de personnes voire davantage, à terme. L'entreprise rachète donc pour ce faire, 25 ha du site Agrimer (lieu dit 'Les Alcools'), fin 2011, qui a pour avantage d'être « embranché » au réseau SNCF et se lance dans les démarches administratives nécessaires à la concrétisation du projet...
La commune a souhaité accompagner ce projet par une modification du PLU dès 2011 et permettre ce type d'activité sur la zone dite « Les Alcools », tandis qu'un bureau d'études lyonnais, spécialisé pour monter les dossiers ICPE, a été mandaté : le dossier d'agrément ICPE, a d'ailleurs été validé par les services de la Dreal.
Mais le parcours du combattant n'est pas terminé (rien à voir avec l'ancien camp américain, pour autant). Cela fait quatre ans que le projet de la PME a été lancé : on attend toujours le feu vert (depuis 2012, la norme législative environnementale pèse encore plus lourd). Si le projet avait pu se concrétiser plus vite, cela aurait permis à l'entreprise d'être la première en France à pouvoir proposer une solution intégrée dans ce secteur d'activité. Oui, mais voilà : la lenteur administrative oblige pour l'heure la PME à expédier « les traverses usagées en Belgique ou en Allemagne », au lieu de les traiter en France « et de créer des emplois ».
Robert Mougne, maire de Gièvres, qui n'émet aucune inquiétude, a proposé à son conseil municipal d'émettre un « avis positif à l'exploitation d'une plate-forme de valorisation des déchets et matériels ferroviaires », en octobre : il ne manque par d'argument et rappelle qu'avant, ce site classé Seveso II, réceptionnait et stockait du fioul (activité plus dandereuse que celle qui est proposée par la société sarthoise) ; c'est sans compter que si les règles n'étaient pas respectées, l'Etat n'aurait pas donné son aval. Logique...
Et avis majoritairement favorables ont été donnés.
Il n'empêche : les derniers rebondissements font état d'un coup de frein : la créosote qui sert à traiter ces bois, suscite quelques inquiétudes.
La SNE, association romorantinaise Sologne Nature Environnement, qui accompagne depuis de nombreuses années les politiques publiques liées aux déchets en Sologne, a apporté évidemment sa contribution à l'enquête publique et en a informé le public, via son site internet. Sur son document (7 pages), on peut notamment lire que « le recyclage des traverses par broyage (déchets classés dangereux car contenant de la créosote, substance toxique et cancérigène) représente une activité génératrice de nombreuses inquiétudes. (…) Ces inquiétudes se confirment à la lecture du projet ».
De plus, il faut prendre conscience du « volume annuel très important de déchets dangereux à broyer (gros tonnage annuel de 30.000 tonnes maximum), l'inexpérience de l'entreprise dans un domaine d'activité aussi sensible que la manipulation et le traitement des traverses créosotées. Cette inexpérience se traduit par un manque de lisibilité et de visibilité dans les solutions à apporter aux différentes problématiques soulevées dans le dossier et dans l'avis de l'Autorité environnementale. »
« Cette plateforme aurait un énorme potentiel d'accueil de traitement et de stockage de matériaux dangereux pour l'homme et l'environnement. Elle concentrerait sur un même lieu des activités aux risques excessivement importants de pollution des sols, des eaux de surface et souterraines, des risques d'incendie et des risques pour la santé des personnes exposées de manière directe ou indirecte aux poussières toxiques contenant de la créosote (HAP), qu'elles soient présentes sur le site ou dans l'environnement de celui-ci. »
In fine, on aura compris que SNE « se prononce contre la création et la mise en œuvre sur le site des Alcools à Gièvres, par la société CLMTP, d'une plateforme de stockage de traverses de chemin de fer contenant de la créosote, de broyage de celles-ci et du stockage des broyats obtenus. »