L'incinération est-elle une source d'énergie verte ?
Au mois de mai 2006 la branche anglaise de l'association les Amis de la Terre a rendu public une importante étude réalisée par le cabinet Eunomia afin de mieux situer les impacts des techniques de gestion des déchets à l'égard des émissions de gaz à effet de serre. Ce travail est intervenu alors que le gouvernement britannique propose de transformer 25% des déchets en énergie....
Tout d'abord les Amis de la Terre constatent que "la prévention des déchets est l’option la plus bénéfique pour le climat, tout comme la réutilisation et le recyclage ; l’enfouissement et l’incinération des déchets sont les pires options". Mais, comme il existe toujours des déchets résiduels il faut bien les traiter...
C'est ainsi que le rapport d’Eunomia analyse les impacts sur le climat des différentes technologies de traitement des déchets résiduels.
En résumé, il réalise un classement par ordre décroissant des techniques contribuant aux émissions de gaz à effet de serre qui est le suivant :
l’enfouissement des déchets avec une faible capture de méthane (25 ou 50%)
le traitement biomécanique suivi d’une incinération qui génère du NO2, puissant gaz à effet de serre
l’enfouissement des déchets avec 75% de méthane retenu (il indique qu'il subsiste des doutes sur l’efficacité de cette technologie).
les incinérateurs qui produisent seulement de l’électricité, avec extraction d’acier et d’aluminium pour le recyclage.
le traitement biomécanique aérobie avec extraction de métaux et stabilisateur de résidu pour l’enfouissement des déchets
les incinérateurs qui produisent de la chaleur avec extraction de métaux
le traitement biomécanique aérobie avec extraction de métaux et du carburant dérivé de déchets brûlés pour le four de la cimenterie (uniquement si ce carburant remplace le charbon. La substitution du charbon explique pourquoi cette technique obtient un bon classement. Si une autre source d’énergie est utilisée, les résultats seront différents.)
le traitement biomécanique aérobie qui extrait des métaux et du plastique recyclable, avec un enfouissement des déchets résiduels.
En conclusion, la meilleure solution pour lutter contre le changement climatique serait les technologies de traitement biomécanique avec extraction du métal et du plastique et processus de stabilisation des résidus à l’enfouissement.
L'incinération n'est pas une source d'énergie aussi verte
Ensuite les Amis de la Terre affichent leur désaccord sur la présentation de l'incinération comme une source d'énergie verte. Ils font remarquer qu'au sein des documents du gouvernement britannique, des brochures des professionnels, l’incinération est mise en avant comme une réponse au changement climatique. Or, ils considèrent qu' il faut resituer cette question en comparant les technologies de traitement et dire qu'il existe aussi des impacts négatifs de la part des incinérateurs sur le climat.
A cet égard ils rappellent :
que les incinérateurs qui produisent uniquement de l’électricité (principale technologie de production de l’énergie à partir des déchets utilisée en ce moment au Royaume Uni) émettent 33% de plus de CO2 par kilowattheure qu’une centrale électrique au gaz naturel. D’ici 2020, avec l’augmentation et l’amélioration des techniques de recyclage, ces incinérateurs pollueront presque autant en terme de CO2 émis que les centrales électriques au charbon, et 78% de plus que les nouvelles centrales électriques au gaz naturel.
la position du ministre britannique , Ben Bradshaw, qui déclare : « produire de l’énergie à partir des déchets résiduels contribue également à nos objectifs en matière d’énergies renouvelables et de changement climatique ». Et, ils constatent que le gouvernement ne mentionne aucunement les impacts négatifs des incinérateurs sur le climat.
Pour en savoir plus : Etude du cabinet Eunomia