L'incinération des OM échauffe les esprits des associations
Suite à la parution cet été du rapport de la Mission commune d'information sur les déchets du Sénat, intitulé "Traitement des ordures ménagères : quels choix après le Grenelle ?", le Cniid publie, avec Agir pour l'environnement, les Amis de la Terre et le WWF, une lettre ouverte destinée à MM. Braye et Soulage, sénateurs (UMP) et respectivement président de la mission et rapporteur. Morceau choisi : "Ce rapport n’apporte malheureusement pas d’éléments nouveaux significatifs pour améliorer la gestion des déchets par rapport à ce qui est déjà connu. Il ne peut qu’inciter les élus à rester dans le schéma décharge/incinération dans lequel notre pays est enlisé depuis des décennies". Voilà qui a le mérite d'être clair...
"Nos craintes initiales de conclusions écrites à l’avance ont été confirmées : loin d’apporter des éléments concrets pour l’atteinte d’objectifs de prévention, de réemploi ou de recyclage (les 3 modes prioritaires dans la hiérarchie des déchets qui font l'objet d'un consensus depuis plus de 10 ans), le rapport vise à maintenir le statu quo d’une politique française très en retard en matière de déchets face à ses voisins européens", s'indignent les associations.
Selon ces dernières, ce rapport n'a guère d'autres vocations que de donner un blanc-seing à l'incinération et au stockage et combattre les rares avancées du Grenelle qui visaient justement à réduire incinération et stockage. Les auteurs du rapport s'en prennent par ailleurs aux associations de protection de l'environnement, n'hésitant pas à les qualifier de "lobby" qui auraient "fait céder le gouvernement". "Une accusation qui fait presque sourire lorsque l'on sait que les auteurs du rapport ont auditionné seulement 3 représentants associatifs pour 28 représentants d'entreprises privées du secteur des déchets !", indique le Cniid (Centre national d'information indépendante sur les déchets).
"Présenter l'incinération, sans la moindre réserve ni critique, comme 'une opportunité à saisir pour limiter les GES [...] et développer les énergies renouvelables' n’est qu’un exemple des assertions inacceptables qui ponctuent le rapport. Les énormes émissions de CO2 fossiles émises par l’incinération sont sans commune mesure avec les tonnes de CO2 prétendument 'évitées'. Présenter l’incinération comme une source d’énergie renouvelable est un non-sens scientifique et écologique : sans les plastiques présents dans les ordures ménagères, les biodéchets d’origine renouvelable et constitués principalement d’eau ne pourraient brûler", précisent les associations qui entendent dénoncer un plaidoyer clairement pro-incinération. "Demain, quand la France traitera enfin ses biodéchets séparément, les incinérateurs ne brûleront presque exclusivement que des matériaux d’origine fossile. Même le Syctom de l’agglomération parisienne, qui n’est pas connu pour ses positions contre l’incinération, s’est désolidarisé de son ancien exploitant Tiru, que vous avez auditionné, sur cette notion d’énergie renouvelable dans le récent débat public d’Ivry-Paris XIII".
Les associations dénoncent donc ce rapport qu'ils jugent inacceptable : le Cniid a d'ores et déjà demandé au MEEDDM, dans une note datée du 20 septembre dernier, qu'il se positionne clairement sur ce rapport et sur les attaques dont les associations sont victimes. Pour visualiser l'intégralité de cette lettre ouverte, rendez-vous ici.
Mais vous pouvez aussi, consulter Déchets : soyons performants et raisonnables qui a fait suite à la présentation dudit rapport.