Entre contre vérités et diffamation, la frontière est ténue. Sauf que certaines assos sont têtues et multiplient les bourdes, à moins que ce ne soit une volonté délibérée que de taper sur les entreprises en règle... Si personne ne conteste leur droit d’exister, ni même leur utilité, on ne peut rester muet lorsque celles-ci ont tendance à pousser le bouchon un peu loin, à savoir sur un terrain glissant qui consiste à pratiquer la contre vérité chronique, en toute impunité… et au détriment des entreprises qui font leur boulot comme des pro. Dans la ligne de tir, l’incinération, comme d’habitude, et le stockage des déchets, pour ne pas changer ! Attention à ne pas abuser : à ce jeu là on peut finir par perdre toute crédibilité, ce qui ferait défaut au débat démocratique qui se doit de perdurer…
Avoir la langue qui fourche et avoir la langue fourchue n’ont rien à voir…
A force de communiquer à tout va et de tirer à boulets rouges sur les industriels du stockage et de l’incinération des déchets, sans tout vérifier, on en arrive à perdre toute notion de bon sens… et à sortir des contre vérités dommageables à tout le monde.
Le dernier grand moment dans le genre, concerne un communiqué de presse daté du 30 septembre, dans lequel 3 associations (Les Amis de la Terre, le CNIID et la Fondation Danielle Mitterrand) disent « Stop au détournement des fonds publics dédiés à la lutte contre le changement climatique au profit de l’incinération et du stockage des déchets » (voir notre article).
A cela le Syndicat national du traitement et de la Valorisation des Déchets Urbains et assimilés (SVDU) répond « stop ». Les professionnels décortiquent chaque point de l’attaque récemment subie et apportent des réponses qui ont le mérite d’être claires.
Dire que « l’incinération émet chaque année, en France, l’équivalent en CO2 de 2,3 millions de voitures » est un non-sens. Cette comparaison n’a en effet aucun sens car le service rendu n’est pas le même. L’objectif de la combustion des déchets, c’est d’abord de débarrasser chacun d’entre nous d’une nuisance (les déchets que nous produisons). Et, en plus, de récupérer l’énergie de ces déchets pour économiser les combustibles fossiles (charbon, gaz). Et donc d’éviter des émissions massives de CO2 !
Parler de « tarifs de rachats préférentiels de l’électricité issue de l’incinération » est une erreur. Notre activité n’est plus soutenue financièrement par l’Etat depuis des années car le tarif de rachat d’électricité qui lui est appliqué en France n’a pas été révisé depuis plus de 10 ans. Ce tarif se situe aujourd’hui en dessous du prix du marché libre de l’électricité (cf. grille des tarifs d’achats de l’électricité produite par les énergies renouvelables et la cogénération – DGEMP, DIDEME).
Affirmer que « l’incinération freine non seulement la réduction et le recyclage des déchets mais aussi le développement des énergies renouvelables » est un mensonge. En effet, les pays qui incinèrent le plus sont ceux qui recyclent le plus. Cherchez l’erreur… Ainsi, les pays européens les plus avancés en terme de recyclage (l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, le Luxembourg ou la Suède) sont aussi des pays qui incinèrent plus de déchets par habitant que la France (chiffres 2009, communiqué de presse Eurostat du 8/03/11).
De plus, il est mensonger d’affirmer que l’incinération des déchets ménagers freine le développement des énergies renouvelables car la production d’énergie issue de l’incinération est elle-même considérée comme énergie renouvelable (Directive Européenne 2001-77-CE). Incinérer la partie non recyclable de nos déchets, c’est valoriser une énergie « fatale » qui permet d’économiser les ressources fossiles de la planète.
Enfin, laisser entendre que l’incinération produit beaucoup de CO2 est une contre-vérité.
Au contraire, elle permet de réduire l’impact des déchets ménagers sur l’effet de serre car elle évite la production de méthane due à la fermentation naturelle de ceux-ci. Mieux, elle produit moins de CO2 d’origine fossile qu’un combustible fossile classique tel que le gaz ou le charbon (cf. Guide des facteurs d’émission de l’ADEME : le facteur d’émission CO2 fossile d’une centrale au gaz est compris entre 205 et 230 gCO2/kWh alors que celui d’un incinérateur est de 149 gCO2/kWh).
Le SVDU rappelle que les dernières études de l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) ont prouvé que l’impact sanitaire des usines actuelles d’incinération n’était pas un sujet (cf. études « Incidence des cancers à proximité des usines d’incinération d’ordures en France, 1990-1999 » et « Etude d’imprégnation par les dioxines des populations résidant à proximité d’usines d’incinération d’ordures ménagères »).
L’InVS, dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 17 février 2009 affirme que « se pose la question désormais de faire porter l’effort de recherche sur d’autres sources de pollutions industrielles moins réglementées ». Les efforts de la profession portent maintenant sur des moyens de surveillance complémentaires (installation de préleveurs en continu par exemple).
Il faudrait savoir raison garder! Rappelons que près de 50% de nos déchets ne sont pas recyclables, en dépit des affirmations incantatoires sur le mythe du « zéro déchet ». A partir de ces millions de tonnes produites chaque année, grâce à leur combustion dans les incinérateurs partout en Europe, nos déchets produisent une énergie renouvelable, fiable (sans aucune dépendance aux aléas climatiques ou géopolitiques), économique et abondante (chaque français produit environ 1 kg de déchets ménagers par jour soit 60.000 tonnes par jour en France dont 50% non recyclables).