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Les industriels affichent leur ras le bol du dumping chinois
Le 16/02/2016 à 10:22
Les industriels affichent leur ras le bol du dumping chinois
Il est bien loin, le temps où les Européens étaient heureux d'exporter et de commercer vers les contrées chinoises... AEGIS Europe, une alliance représentant une trentaine de secteurs industriels européens, qui, combinés, génèrent plus de 500 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et des millions d'emplois, manifestait aujourd'hui à Bruxelles, tandis que la Confédération européenne du recyclage tire la sonnette et prend clairement position contre le déséquilibre engendré par les exportations massives de produits sidérurgiques chinois vers l'Europe, qui mettent à mal les entreprises de recyclage européennes, alors même qu'au plus haut niveau politique on est sensé défendre l'instauration d'une économie circulaire. Euric met en évidence que ces exportations massives et à pas cher sont à mettre en étroite relation avec la surcapacité de' production chinoise, laquelle met clairement les entreprises européennes en danger...
Aujourd'hui même, plus de 5 000 travailleurs et leaders de l'industrie (dont des sidérurgistes), venant de 17 pays européens (Autriche, Belgique, Bulgarie, République tchèque, Grèce, France, Finlande, Allemagne, Pays-Bas, Hongrie, Italie, Luxembourg, Pologne, Roumanie, Espagne, Slovaquie, Suède et Royaume-Uni) ont manifesté à Bruxelles, devant la Commission Européenne, afin d'exhorter les dirigeants de l'UE à mettre fin au dumping de la Chine et à refuser le statut d'économie de marché (SEM) à la Chine.
« Nous manifestons par milliers à Bruxelles dans le but de transmettre un message clair aux dirigeants politiques de l'UE : Dites OUI à l'emploi et à la concurrence loyale ! Dites NON au SEM pour la Chine ! » (...) « La Chine est déjà visée par 75% des mesures anti-dumping prises par l'UE. Cecilia Malmström, Commissaire européenne au commerce, a été submergée par de nouvelles plaintes concernant des pratiques chinoises déloyales au cours de ces dernières semaines. Tandis que des usines ferment chaque jour dans toute l'Europe, comment la Commission européenne peut-elle ouvertement parler d'accorder le SEM à la Chine ? » (…) « Les objectifs de l'UE pour 2020 incluent une diminution de 20 % des émissions de CO2, l'augmentation de l'emploi et une part du PIB imputable au secteur de la fabrication de l'ordre de 20 %. Si l'UE accordait le SEM à la Chine, ces objectifs deviendraient obsolètes. Cela laisserait l'Europe sans défense contre une inondation d'importations chinoises qui supprimeraient des emplois européens et nuiraient à l'environnement », a indiqué le porte-parole d'AEGIS Europe, Milan Nitzschke, AEGIS Europe étant une une alliance représentant une trentaine de secteurs industriels européens, qui, combinés, génèrent plus de 500 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et des millions d'emplois. Tous sont unis par le Manifeste européen pour un commerce libre et une concurrence loyale.
Lors du lancement de son évaluation de l'impact de l’accès à l’économie de marché par la Chine, le 9 février dernier, la Commission européenne a admis que la Chine ne remplit pas les critères de l'économie de marché et que le SEM présente un risque réel pour les emplois et les investissements au sein de l'UE. Selon l'Economic Policy Institute, en octroyant prématurément et unilatéralement le SEM, l'Europe risquerait jusqu'à 3,5 millions d'emplois et 228 milliards d'euros en perte annuelle de PIB. « Accorder le SEM à la Chine lui donnerait un permis de dumping sans restriction. Les discussions au sein de l'UE se concentrent aujourd'hui sur le dumping dévastateur que pratique la Chine sur l'acier, les panneaux solaires, les produits en céramique et la fibre de verre, entre autres. Si l'UE accordait le SEM à la Chine, nous serions rapidement confrontés à une concurrence déloyale dans de nombreux autres secteurs stratégiques européens », ajoute Milan Nitzschke.
Qu'en est-il du recyclage des déchets en matières recyclées ? La douleur, comme l'inquiètude, sont identiques à celles ressenties par les autres secteurs industriels, pour les entreprises de recyclage. D'où la prise de position de la Confédération européenne du recyclage, présidée par Dominique Maguin. Euric, qui représente aujourd'hui en Europe plus de 5 500 entreprises, des grandes certes mais aussi un grand nombre de PME, impliquées dans le recyclage (elles traitent 150 millions de tonnes de déchets recyclés par an) et le commerce des matières recyclées, confirme en effet que « la forte augmentation des importations de produits sidérurgiques en provenance de Chine liées à la surcapacité d'acier dans ce pays, a considérablement affaibli l'industrie européenne du recyclage de l'acier ».
Ceci est jugé d'autant plus regrettable à l'heure où l'Union européenne cherche à passer peu à peu d'une économie linéaire à une économie circulaire ; le danger n'a rien d'hypothétique : c'est si vrai que d'ores et déjà, « un certain nombre d'entreprises de recyclage de ferrailles basées en Europe, sont paradoxalement obligées de cesser de fonctionner temporairement, voire définitivement, tandis que les niveaux de prix mettent en péril la viabilité économique du recyclage de l'acier » (…) « La transition vers une économie circulaire exige une approche globale et cohérente de l'ensemble des politiques mises en oeuvre », a expliqué Emmanuel Katrakis, secrétaire général de Euric. Le SEM pour la Chine ne pourrait qu'entraver la capacité de l'Union européenne à prendre des mesures correctives efficaces (contre les produits sous-évalués et/ou subventionnés), entraîner d'autres pertes d'emplois au sein de L'Union, mettre à mal les investissements réalisés en Europe et clairement empêcher la transition vers une économie circulaire dès lors que les prix chinois rendraient le recyclage non viable en termes économiques du fait de conditions de marché biaisées, indique aussi, en substance, la Confédération européennes des recycleurs.