Les entrepreneurs du déchet : imprégnés par leurs territoires respectifs
Rendez-vous était donné sur l’éco-site de la société Brangeon situé à Cholet, les 13 et 14 juin derniers par le Syndicat National des Entrepreneurs de la Filière Déchet (SNEFiD) qui a tenu son Assemblée Générale Annuelle. Pour l'occasion, le jeune syndicat a organisé une table ronde qui a réuni Jean-Louis Bergey, Directeur du pôle environnement de la Région Pays de la Loire, Michel Champion, 1er adjoint de la ville de Cholet et Vice-Président en charge du développement économique de l’agglomération du Choletais, ainsi que Cédric Van Vooren, Conseiller délégué à la gestion des déchets de l’agglomération du Choletais qui ont accepté le débat avec Jean Louis Chemin et Léo Escourrou, respectivement président et chargé de mission du Snefid, sur le thème « Territoires, planification régionale : la valeur ajoutée des PME »...
Le Syndicat National des Entrepreneurs de la Filière Déchet rassemble les entrepreneurs indépendants de la filière déchet, dont les principaux métiers sont : Bureaux d‘études, collecte, logistique, déchèteries, traitement, regroupement, tri, stockage, valorisation énergétique, recyclage, méthanisation, CSR, propreté urbaine… cette diversité faisant du syndicat une organisation professionnelle qui se veut représentative de la filière déchet et donc un partenaire primordial des pouvoirs publics.
La dernière AG du Snefid, qui avait pour écrin l'éco-site de Brangeon, s'est déroulée à Cholet, dans le Maine et Loire; pour l'occasion, le jeune syndicat, qui compte à ce jour 74 entreprises adhérentes (qui s'appuient sur les compétences de leurs 24 000 collaborateurs) réparties sur l’ensemble du territoire (métropolitain et dans les régions ultramarines), une présence qui se traduit sur le terrain par 500 sites de traitement et agences situés au plus près des problématiques de leurs clients que sont les collectivités et les entreprises, ont organisé une table ronde qui avait pour thème "Territoires, planification régionale : la valeur ajoutée des PME" .... Convaincus d'être garants de l’emploi local, tandis que le maillage de leurs installations est vecteur du développement économique des territoires, les membres du Snefid (qui ont réalisé 2,9 milliards de chiffres d’affaires cumulé en 2016), ont donc convié Jean-Louis Bergey, Directeur du pôle environnement de la Région Pays de la Loire, Michel Champion, 1er adjoint de la ville de Cholet et Vice-Président en charge du développement économique de l’agglomération du Choletais, ainsi que Cédric Van Vooren, Conseiller délégué à la gestion des déchets de l’agglomération du Choletais à participer à un échange qui s'est voulu constructif, avec Jean-Louis Chemin et Léo Escourrou, respectivement président et chargé de mission du Snefid, Sébastien Vernay, directeur de Brangeon Environnement et Maurice Brangeon, dirigeant du groupe éponyme...
Afin de mieux participer aux actions à mener sur le terrain, en collaboration avec les collectivités locales, « le Snefid a nommé des représentants dans chaque région, ce qui fait que nos adhérents sont présents dans toutes les commissions consultatives, d’élaborations et de suivis des plans régionaux de prévention et gestion des déchets (PRPGD). A ce titre, nous aidons les régions dans la réalisation de leurs états des lieux et nos adhérents sont force de propositions grâce à leurs connaissances des flux et des modes de traitement, appliquées aux territoires. Dans ce cadre, avec les régions, nous veillons à défendre le principe d’autosuffisance des territoires, à construire et déployer les plans d’économie circulaire. De plus, nous sommes vigilants à ce que les PRPGD favorisent le développement économique durable des territoires et créent des emplois locaux », indique Léo Escourrou, « l’idée étant de participer aux travaux de réflexion, de collecter et de partager des informations, étant entendu que la tendance est au tri maximisé, via de grosses unités ».
« Que l’on prenne garde à la chaine des coûts (de transport, de transfert, et du tri en lui-même) qui peuvent s’alourdir si l’on met tout bout à bout, alors que l’on peut trier certains déchets à la source… puis mettre en oeuvre une récupération efficace des déchets ainsi triés via un camion assurant une collecte latérale automatisée : il suffit, ce que nous faisons, de penser à la reconversion du personnel dès le lancement du projet, de sorte à ce que cette façon de collecter ne se traduise pas par des suppressions d’emplois », prévient Sébastien Vernay…
« Dans l’agglomération du Choletais, bien que nous ayons maintenu la TEOM, le tri a été bien compris, à telle enseigne que nous enregistrons une baisse des tonnages des OMR d’année en année. Pour ce faire, nous avons beaucoup communiqué afin de sensibiliser, avons instauré des méthodes de contrôles d’accès dans les déchetteries et affichons 160 kg de déchets triés par an et par habitant tous types de déchets confondus », complète Cédric Van Vooren, qui souligne aussi les bénéfices d’un plan déchets à l’échelle régionale : « on se réunit en plus grand nombre, ce qui facilite l’adoption d’une politique mise en œuvre à plus grande échelle, avec à la clé une efficacité sur un territoire plus large », Michel Champion précisant pour sa part que « le bassin du Choletais, second bassin industriel de la Loire Atlantique, connait une situation économique plutôt favorable ».
« S’il est vrai que le plan régional de la gestion des déchets est pour l’heure une contrainte du fait d’un temps trop court pour tout mettre au point alors qu’il faut en même temps intégrer le Straddet, c’est également une opportunité : on passe clairement à une autre dimension, avec obligation de mettre en place une rationalisation sur l’ensemble des territoires, qui faisait parfois défaut », plaide Jean-Louis Bergey : pour ce qui concerne la région Loire Atlantique, six groupes de travail ont d’ores et déjà été mis en place dont un dédié à la collecte, un aux biodéchets et un sur les déchets du BTP. Cela dit, massifier les flux n’impose pas ipso facto qu’il faille le faire en ne tenant compte que des frontières régionales, tant il est vrai qu’un gisement se trouvera parfois à proximité d’une région voisine bien équipée pour traiter telle ou telle famille de déchets. « Il sera impératif de rationaliser, de partager des compétences et de recycler un maximum de matières recyclables, via des sites industriels à partager le cas échéant avec une région voisine quand ce sera opportun, de sorte à assurer un traitement dans de bonnes conditions économiques », poursuit le Directeur du pôle environnement de la Région Pays de la Loire ; « mais il est évident que ce type d’analyse ne devra intervenir qu’après la mise au point du plan, de sorte à favoriser l’émergence de nouvelles compétences », citant le tri de plus en plus systématique des déchets du BTP, plâtre inclus, « dont il pourra découler une activité économique durable » (…) « La Région souhaite aider les collectivités à aller plus loin et n’a pas du tout envie d’imposer les choses de manière brutale, d’autant que nous sommes déjà bien positionnés puisque nous avons quasiment atteint les objectifs fixés à l’horizon 2020 »…
A la question de savoir ce que vont devenir les « petits faiseurs » via le schéma qui se profile, la réponse ne se fait pas attendre : « améliorer la captation des déchets, la collecte de ceux-ci et doper l’activité économique régionale sont les objectifs ; nous ne sommes pas là pour changer ce qui va bien, mais pour améliorer ce qui peut ou doit l’être », milite Jean-Louis Bergey, Michel Champion rappelant quant à lui « que le tissus industriel dans la région est très diversifié, qu’il assure 24% des emplois locaux, TPE et PME incluses (contre 13% au plan national) : nous sommes et resterons les partenaires des entreprises afin de développer l’économie circulaire sur le territoire, le seul changement étant que depuis 2016, la compétence économique est désormais régionale et non plus départementale »…
« C’est sans doute parce que la Région va bien –et c’est tant mieux- que nous rencontrons un sérieux problème de recrutement », lance Maurice Brangeon, représentant la 3ème génération d’une entreprise qui affiche 98 ans cette année… « L’innovation est une nécessité pour que perdurent nos entreprises : nous nous devons d’être des forces de proposition ; si l’on manquait de créativité, les grands groupes nous dameraient des pions»… « Notre force est d’être proche du client, et de favoriser le "sur mesure" : c’est cette philosophie qui a permis la signature des contrats avec Saint Amand et Bressuires, ces collectivités ayant introduit des exigences dans leur cahier des charges que nous avons vécu comme autant d’opportunités permettant de mettre en évidence notre savoir faire », complète Sébastien Vernay. « Ne perdons pas de vue que notre métier, si l’on veut perdurer, est une course de vitesse, la pièce maîtresse étant bel et bien la compétence et par conséquent le personnel, qui doit être intégré et s’épanouir. On ne peut rien, sans personnel de qualité », renchérit le dirigeant du groupe Brangeon : chacun doit être responsabilisé et responsable, la hiérarchie ne devant pas être pesante »…
Jean-Louis Chemin confirmant bien volontiers pour conclure ces échanges « que avons la fibre sociale en nous et que l’on enregistre peu de turnover au sein de nos entreprises. C’est le propre des TPE et PME, que de créer et faire perdurer des emplois non délocalisables (sièges sociaux et services comptables inclus, sic) ; pour maintenir et développer nos activités sur nos territoires respectifs, nous devrons plus que jamais mettre en oeuvre une stratégie à laquelle je suis très attaché, qui se décline en trois points, le savoir-faire (ce qui sous entend le dépôts de brevets comme c’est le cas de Brangeon avec sa benne à ordures ménagères équipée d’un système de collecte latérale automatisée), le faire savoir à nos clients, et le faire reconnaitre par l’ensemble de nos interlocuteurs, privés ou publics »…
- Assemblée générale du SNEFID, édition 2017-
Crédit photo SNEFiD / Alain Martineau