En matière de déchets municipaux, il y a de quoi faire : le Commissariat Général au Développement Durable a commis une étude très poussée sur les tenants et les aboutissants de la production des déchets municipaux dans notre pays, ces derniers provenant des ménages, des activités économiques ou des non domiciliés (résidence secondaires, touristes). Vaste sujet qui suscite de nombreuses questions et interrogations auxquelles ont tenté de répondre les auteurs de l’étude économétrique publiée il y a quelques jours par l’organe dépendant du ministère de l'Ecologie.
Trente-cinq millions de tonnes produites (en 2011), c’est 12% de mieux qu'en 2000 : telle est la production nationale de déchets ménagers et assimilés (DMA) collectés en France par le service public de gestion des déchets. Mais la population grossissant chaque année, si l’on ramène ces données par tête d’habitant, on constate une baisse constante depuis plusieurs années - 538 kg par habitant en 2011 contre 543 kg par habitant en 2007, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus qu’à attendre : la production de ces déchets est sensiblement supérieure au niveau de 2000 (486 kg par habitant).
« Si les déchets municipaux sont caractérisés par un unique collecteur, le service public de gestion des déchets, et des producteurs multiples (ménages résidents, touristes de passage dans la municipalité ou salariés qui y travaillent, petites entreprises…) », indique le CGDD, un constat s’impose : la production moyenne d’OMR, d'emballages, journaux et magazines (EJM) et de verre, cache de sacrés écarts entre les communes. Les activités économiques et touristiques locales pèsent en effet de tout leur poids et font la différence…
Bien comprendre ces différences permettra d’ajuster les décisions à prendre au plus près des réalités du terrain, afin de mieux définir les objectifs de réduction de la production des déchets ménagers et assimilés (DMA), notamment : l’étude démontre une forme de grand écart, confirmant que la quantité d’ordures ménagères résiduelles collectées par le service public de gestion des déchets varie considérablement d’une commune à l’autre, puisqu’elle va de 210 kg/habitant dans un village de moins de 1 000 habitants à 540 kg/habitant dans une station de ski. Entre ces deux extrêmes, une ville de plus d’un million d’habitants produit 377 kg/habitant, une ville moyenne de banlieue, 289 kg et une station touristique côtière, 408 kg/habitant…
Il reste qu’en moyenne, le CGDD établit que chaque habitant produit environ 46 kg d'EJM et 30 kg de verre. On gardera en mémoire que si les résidents particuliers payent l’essentiel de la facture, « l'activité touristique (résidences secondaires, hôtels et/ou campings), et les petits commerces sont à l’origine d’une part non négligeable de ces tonnages ». L’étude relève d’ailleurs que « chaque résidence secondaire contribue à augmenter à hauteur de 150 kg la quantité d’ordures ménagères résiduelles supplémentaire par année et un petit commerce y contribue pour 2,5 tonnes », tandis que sur les zones littorales, on enregistre 60kg de plus en moyenne de déchets ménagers résiduels collectés » qu’ailleurs sur le territoire...
Pour préciser les choses, le Commissariat indique que « la quantité d’ordures ménagères produites par les ménages eux-mêmes est d’une stabilité remarquable dans toutes les configurations étudiées : petite ou grande ville, à la mer, à la montagne ou en zone rurale, elle varie peu puisqu'elle s'établir entre 206 et 207 kg/hab. ».
Mais… Si « le niveau de vie moyen du groupement de communes ne semble pas avoir d'effet significatif sur la quantité de déchets par habitant, que ce soit des OMR, des EJM ou du verre», la densité de population, en revanche, joue un rôle important, puisque « la quantité d'OMR par habitant augmente alors de manière importante». Cette augmentation est de l'ordre de 7 kg/hab/an pour les communes entre 50 et 130 hab/km2 et de 39 kg/hab/an pour celles de plus de 130 hab/km², ce qui nous donne une moyenne de 287 kg/hab. dans les communes les moins denses contre 312 dans les plus peuplées. Et pourquoi donc ? Et bien parce qu’une commune dense « comprend généralement une belle proportion de logements collectifs » (au sein desquels il est reconnu que le tri est une pratique moins courante qu’en habitat individuel).
Il sera bon, pour conclure de confirmer que la collecte en porte à porte, plus couteuse, génère davantage d’emballages, journaux et magazines qu’une collecte en apport volontaire (47 kg/hab. contre 36 kg/hab.), mais que l’on note une différence de qualité du tri : l’apport volontaire semble rester plus efficace en terme de qualité, que le tri en porte à porte.