Les aides publiques allouées à l'incinération font débat
Nous vous l'avions annoncé au début du mois : aujourd'hui 30 septembre est une journée mondiale de mobilisation contre l’incinération des déchets (voir notre brève). A cette occasion, les Amis de la Terre, le Cniid et la Fondation France Libertés s’associent à l’appel du réseau mondial GAIA (Global Alliance for Incinerator Alternatives) pour demander la suppression des aides publiques aux "énergies sales tirées de nos déchets". Les professionnels du métier apprécieront...
Plus de 650 associations présentes dans 90 pays dénoncent aujourd’hui l’affectation des fonds publics destinés à lutter contre le changement climatique au profit de l’incinération et de la mise en décharge, 2 modes de traitement des déchets jugés par les 3 associations comme polluants, énergivores et émetteurs de GES.
"On ne peut plus continuer à parler d’énergie propre concernant l’incinération qui émet chaque année en France l’équivalent en CO2 de 2,3 millions de voitures, ou le stockage, fort producteur de méthane, un gaz participant activement au réchauffement climatique", explique Delphine Lévi Alvarès, chargée de mission au Cniid (Centre national d'information indépendante sur les déchets). "A l’heure de la chasse aux niches fiscales, le Gouvernement doit mettre fin aux tarifs de rachat préférentiels de l’électricité issue de l’incinération et aux taux de TVA réduits sur la chaleur issue de l’incinération et du stockage".
En affectant ces aides publiques à l’incinération et la mise en décharge, les autorités assureraient la promotion de 2 sources d’énergie qui freinent la réduction et le recyclage des déchets, mais aussi le développement des énergies renouvelables, un secteur dans lequel la France est très en retard. De plus, les multinationales qui ont développé ces modes de traitements les exportent aujourd’hui dans les pays en développement en profitant de financements liés à la lutte contre le changement climatique. "Via notamment le Mécanisme de Développement Propre (MDP - voir ici), dont l’objectif est d’aider les pays riches à limiter leurs émissions de CO2 en finançant des projets à moindre coût dans les pays du Sud, on encourage les pays pauvres à industrialiser leurs modes de traitement des déchets (incinérateurs, décharges), à un coût social, environnemental et économique insupportable", regrette Annelaure Wittmann, des Amis de la Terre.
"Ces choix sont d’autant plus déplorables que plus de 15 millions de personnes dans le monde vivent des activités de récupération et de recyclage des déchets et devraient pouvoir bénéficier de ces fonds internationaux pour leurs actions qui sont écologiquement et socialement utiles", souligne de son côté Louisa Crispe, de la Fondation France Libertés. Cette dernière, le Cniid et les Amis de la Terre demandent donc dans un communiqué la fin des aides publiques à l’incinération et à la mise en décharge, afin d’engager la France "dans une politique vertueuse de gestion des déchets et de développement des énergies renouvelables, mettant aussi un terme à l’exportation d’un modèle inadapté".