Les agrocarburants, ce n'est pas que du bon

Le 14/12/2010 à 14:57  

Les agrocarburants, ce n'est pas que du bon

Agrocarburants Le 9 novembre a été publié un sondage par les acteurs de la filière bioéthanol. Il démontre que malgré la forte volonté du grand public de "lutter contre le réchauffement climatique" et d'utiliser des "biocarburants" (à 78%), une grande méconnaissance règne sur ces derniers. Peu de gens savent en effet que ces carburants d'origine végétale ne sont pas biologiques, ni qu'ils peuvent contribuer à la déforestation. La France Nature Environnement fait le point.

FNE rappelle que les carburants n'ont rien de vert, malgré le préfixe "bio" abusivement utilisé à toutes les sauces. Bio ne veut pas dire écolo. La culture industrielle du blé ou de la betterave s'accompagne d'un usage poussé des produits agrochimiques polluants, sans compter qu'elle s'avère désastreuse sur le plan des rendements énergétiques. Le conseiller technique agricole de FNE, Lionel Vilain, explique que "d'un bout à l'autre du cycle de production, la transformation des engrais et pesticides en blé ou en betterave, puis en amidon ou en sucre, puis enfin en éthanol, présente une efficacité énergétique dérisoire : au final, il faut dépenser 1 litre de pétrole pour en récupérer 1,2 sous forme d'éthanol!"

Non seulement les rendements écologiques semblent bien faibles, mais le FNE pointe du doigt des conséquences néfastes pour bien des écosystèmes. Si l'UE s'est fixée l'objectif d'atteindre 10% d'agrocarburants dans les transports d'ici à 2020, il ets tout aussi clair que les surfaces agricoles européennes sont limitées. L'atteinte de cette objectif va donc nécessiter des augmentations d'importations et la mise en culture d'une surface équivalente à deux fois la Belgique selon une récente études de l'IEEP. Tout ceci ne sera pas sans conséquences sur les axes de transports et les émissions de CO2.

Au final, le jeu n'en vaudrait peut être pas la chandelle. Lorsque les agrocarburant sont issus d'anciennes forêts tropicales, les émissions de GES de ces cultures sont très supérieures au gain issu de l'utilisation de ces agrocarburants dans nos moteurs. Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE, ajoute que  "des millions d'hectares de forêts tropicales sont déjà transformées en cultures industrielles de canne à sucre et en gigantesque plantations de palmiers à huile. Continuer à développer les agrocarburants, c'est indirectement soutenir cette déforestation." Il nuance tout de même son propos très tranché en ajoutant que "seuls les agrocarburants auto-produits et auto-consommés sur la ferme présentent un véritable gain énergétique". Il est vrai que produire des agrocarburants à l'autre bout de la planète, en empiétant sur des lieux protégés ou des cultures de consommation, n'est pas une solution efficace. Mais il est important de développer la production d'énergies issues de matières non fossiles. LA solution existe sans doute, mais elle est encore loin.

Voir les articles "Les agrocarburants suscitent encore et toujours la controverse" et "Afrique : les agrocarburant sont trop gourmands".